Maroc

«Le fret aérien représente à peine 5% de nos exportations»

Hassan Sentissi, Président de l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX)

Malgré un partenariat avantageux avec la RAM, l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX) estime que le fret aérien tarde à s’imposer comme un véritable levier des exportations à destination du continent. Et pour cause ? Explications avec Hassan Sentissi, président de l’ASMEX.

Les Inspirations ÉCO : Depuis 2014, un partenariat entre la RAM et l’ASMEX offre à vos membres une réduction de 40% sur les vols cargo. Comment évolue cet accord ?
Hassan Sentissi : L’accord que nous avons signé avec la compagnie nationale en 2014 évolue favorablement. Le seul souci est que nous avons mis beaucoup de temps à le faire connaître auprès des entreprises exportatrices. Royal Air Maroc fait de son mieux et essaie de multiplier ses capacités de fret, tout en renforçant ses partenariats avec d’autres compagnies afin de desservir le maximum de villes où nos exportations sont dirigées.

Quels secteurs bénéficient le plus de cet accord ?
Il s’agit principalement des exportateurs des produits de la mer, ainsi que du secteur électrique. Globalement, ce n’est pas encore le grand rush. Les exportateurs tardent encore à profiter pleinement de ce partenariat, en raison principalement de l’ignorance de son existence. Par conséquent, les produits acheminés par fret aérien représentent à peine 5% du volume de nos exportations. Cela s’explique aussi par la nature de la production qui peut être acheminée par voie aérienne. Ce sont en majorité des produits légers et périssables comme les câbles électriques et les produits de la mer.

Que faut-il alors pour vulgariser cet accord avec la RAM ?
Cela se fait progressivement, même si, comme je l’ai souligné, ce sont les exportateurs des produits de la mer qui le connaissent le mieux. D’ailleurs, je tiens à souligner que nous n’avons pas de partenariat uniquement avec la RAM. C’est le cas aussi avec d’autres sociétés actives dans le fret comme DHL par exemple, mais le fond du problème est que le producteur marocain tarde encore à être un vrai exportateur. Il faut tout un travail de sensibilisation à ce niveau. Il faut que le Marocain cesse d’être commerçant en produisant plus.

Comment jugez-vous les prix du fret aérien ?
Les tarifs du fret aérien se négocient et dépendent des cas. Avec la RAM, nous avons obtenu une réduction de 40% pour les membres de l’ASMEX. Nous négocions actuellement avec les autorités afin de supprimer certaines taxes liées au transport aérien qui contribuent au renchérissement des prix du fret.

Parvenez-vous à toucher les marchés d’Afrique de l’est et australe ?
Nous bougeons beaucoup vers ces régions. Je pense que les perspectives y sont prometteuses. Il nous faut continuer à maintenir l’intérêt et surtout à concrétiser progressivement les opportunités d’affaires qui s’y présentent en nouant des partenariats durables et sûrs.

Comparé au maritime, comment évolue le fret aérien ?
Les deux progressent, mais pas à la vitesse que nous souhaitons. Nous somme encore très en deçà de nos ambitions.

Globalement, comment évolue la logistique à destination de l’Afrique ?
L’aspect logistique n’évolue pas énormément. La situation reste toujours en deçà de nos attentes, mais les gens commencent à être conscients de son importance. Ils se sentent de plus en plus concernés. Tant que le Maroc n’arrive pas à avoir sa propre flotte, rien ne s’arrangera de façon définitive. Je le dis et je le répète, tant que nous ne sommes pas indépendants sur ce plan, le Maroc ne deviendra pas réellement un pays exportateur. On parle de la relance du pavillon national depuis des années, en vain…J’ai toujours milité pour que le Maroc ait sa propre flotte, et pour l’avoir, il faut investir des montants importants. Hélas, je ne vois pas aujourd’hui un investisseur marocain qui soit vraiment prêt à se lancer dans un projet aussi capitalistique. 


Le fret en hausse de 15% à partir du Maroc

Selon l’Office national des aéroports, le trafic fret a enregistré «une forte augmentation» durant le premier semestre 2017, avec une hausse de 15,15% par rapport à la même période de l’année 2016. Le volume global des produits transportés depuis les aéroports marocains a ainsi atteint plus de 39.943 tonnes, contre 34.689 tonnes durant les six premiers mois de l’année précédente. Dans ces statistiques, l’ONDA ne classe toutefois pas les destinations phares des produits affrétés à partir du royaume. Cette hausse notée au niveau national contribue à la dynamique continentale enregistrée par l’Association internationale du transport aérien (IATA), qui indique une progression de 6,5% du trafic de fret en juillet dernier par rapport à la même période en 2016.



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