Istiqlal : Pourquoi le parti passe dans l’opposition
Le parti de Nizar Baraka a mis un terme au «soutien critique» de la majorité et veut se libérer de ce fardeau durant le reste de ce mandat pour mieux se faire entendre. Plusieurs motifs listés dans le rapport politique d’évaluation de la conjoncture politique actuel?
Entre le «soutien critique» du gouvernement et «l’opposition nationaliste», il n’y avait qu’un pas et l’Istiqlal l’a franchi. Lors de la session ordinaire du petit parlement du parti de la balance, les militants ont voté à l’unanimité le nouveau positionnement du parti sur l’échiquier politique, qui a pu mettre un terme à la longue hésitation qui marqué l’attitude du parti à propos de la majorité. «Le parti a choisi une opposition nationaliste mobilisée pour la défense de l’intégrité territoriale et de défendre les grandes causes des citoyens», a indiqué Nizar Baraka à l’issue de la réunion du conseil national le 21 avril à Rabat, et qui a aussi tourné définitivement la page de Hamid Chabat qui avait incarné le choix de la neutralité positive. La référence à la question du Sahara est plus que révélatrice des motifs qui ont conduit le parti à se ranger aux côtés du PAM dans l’opposition. Sans évoquer des raisons liées à la gestion gouvernementale, le leader du parti de la balance a voulu tirer l’attention sur les enjeux majeurs de ce qui reste de ce mandat, en l’occurrence la défense de la cause nationale. En plus de cette visée, le parti veut attirer l’attention sur «la perte incompréhensible du temps nécessaire à la réforme, et un laxisme dans la parachèvement des réformes structurelles et institutionnelles prévues dans la constitution de 2011», a noté Baraka durant l’étalement du rapport politique soumis aux membres du conseil national. Au niveau parlementaire, ce nouveau positionnement risque de chambouler la carte politique au sein des deux chambres, notamment à la chambre des conseillers ou l’opposition sera dotée d’une majorité absolue durant le reste du mandat. Par contre, les choses ne risquent pas trop de se compliquer pour la majorité au niveau de la chambre des représentants, ou l’assise parlementaire du gouvernement semble être plus confortable.
Les urgences du parti
Plusieurs priorités ont été mises en avant par le SG du parti de l’Istiqlal. Pour le volet législatif le rapport politique cite le retard accusé en matière de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe et la loi organique de la grève, ainsi que la charte des services publics. , a insisté Baraka sur ce sujet, en citant entre autres la loi cadre sur la réforme de l’enseignement, la réforme globale des régimes des retraites et de la compensation. Le même attentisme reste remarquable pour d’autres sujets, selon l’évaluation qui a été faite par le parti à propos du rendement de la majorité. Il s’agit en effet du retard accusé pour l’application concomitante des mesures portant sur la déconcentration et celles de la régionalisation avancée, ainsi que du blocage rencontré en matière d’élaboration de la charte de l’investissement. Pour sortir ce cette léthargie, le parti de la balance s’attend à ce que la prochaine loi des finances 2019 soit orientée vers plus «d’homogénéité des plans sectoriels et de leurs donner une dimension territoriale» et de tirer profit de la nouvelle dynamique enregistrée au sein de pays partenaires, comme la France et l’Espagne.
Motivations
Le rapport politique élaboré par les composantes du parti de l’Istiqlal liste plusieurs initiatives qui ont été avortées depuis que le parti a décidé d’accorder son soutien critique au gouvernement en décembre 2016 lors d’une session extraordinaire du conseil national. «Nous souhaitons que l’équipe gouvernementale, vu sa majorité numérique confortable, soit plus homogène. Nous insistons sur le fait que l’Istiqlal est loin de tout bipolarité artificielle qui ne traduit pas la diversité de la société marocaine». Le parti déplore surtout que la majorité actuelle «se contente de gérer les contraintes et reste cantonnée dans les déclarations d’intention». Ce sont 4 axes d’intervention qui ont été définis pour les représentants du parti durant le reste de ce mandat, avec en tête de liste des priorités «un modèle de développement avec un soubassement territorial», comme cela a été évoqué dans rapport politique.