Maroc

Intégration des TIC. Seules 36% des entreprises font figure de bons élèves

L’usage des nouvelles technologies de l’information n’est pas encore généralisé dans les entreprises marocaines. Seules 36% d’entre elles font figure de bons élèves qui dépassent la moyenne et en usent dans la gestion de toutes leurs activités. Cette information du HCP ressort d’une note sur l’état des lieux en la matière, établie à partir des résultats de deux enquêtes. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle sonne le tocsin pour la Stratégie nationale de digitalisation. 

Il y a de l’inquiétude à se faire en matière de digitalisation ! L’entreprise, l’un des principaux leviers de mise en œuvre de la stratégie nationale, ne répond pas comme il se doit, et n’intègre pas encore suffisamment les Technologies de l’information et de la communication (TIC) dans la gestion de ses activités.

Seules 36% des entreprises sont de bons élèves qui dépassent la moyenne en usant des TIC dans la gestion de toutes leurs activités.

C’est ce qui ressort d’une note du Haut-commissariat au plan (HCP), présentant la situation de l’intégration des TIC dans les entreprises à partir des résultats de deux enquêtes menées en 2019.

Ces «championnes», le HCP les a trouvées dans trois secteurs, à savoir les industries électriques et électroniques, les industries chimiques et l’agroalimentaire.

Après avoir classé les entreprises en fonction de huit variables notées sur 100, l’industrie électrique et électronique est ressortie comme premier de la classe avec un indice en amélioration de 27 points par rapport à la moyenne nationale.

À noter que les critères utilisés sont les suivants : utilisation de logiciels de gestion financière, de comptabilité, de gestion des relations avec la clientèle (GRC), ou de bureautique, hébergement de la base de données de l’entreprise, stockage des fichiers à travers des services informatiques externes, création d’une page web, utilisation de la page web dans le marketing et la publicité, et enfin recrutements en matière de TIC.

Les industries électriques et électroniques, championnes toutes catégories
L’industrie électrique et électronique est suivie de loin, dans ce classement, par les industries chimiques et l’agroalimentaire qui ont également dépassé la moyenne nationale, de 2,7 et 1,5 points, respectivement.

À la traîne, on trouve les autres branches, dominées par des entreprises de taille petite ou moyenne, qui ont accusé un retard important dans l’utilisation des TIC.

Il s’agit, notamment, des entreprises du textile et cuir, des industries mécaniques et métalliques, des entreprises de commerce et services non financiers et de celles de la construction, lesquelles ferment la marche, avec plus de 7 points en dessous de la moyenne nationale. Par activité, la note du HCP révèle aussi que plus de la moitié des entreprises ont jugé faible l’intégration des TIC dans la gestion de leurs ressources humaines ainsi que dans leurs échanges avec les administrations publiques, les fournisseurs et les clients. Ces entreprises étaient principalement «jeunes», leur date de création ne dépassant pas 10 ans.

Toutefois, les entreprises de plus de 20 ans ont déclaré une intégration des TIC plus élevée dans la gestion de leurs échanges avec les fournisseurs, les clients et les administrations publiques, comparativement aux opérations de gestion de ressources humaines ou de développement commercial.

Concernant le recrutement ou le recours à des services externes pour développer l’usage des TIC, qui figurent parmi les variables servant à mesurer le degré d’intégration des TIC dans l’entreprise, le HCP souligne que 6 entreprises sur 7 n’ont pas effectué de recrutements en matière de TIC à la veille de la crise Covid-19.

Peu d’entreprises dotées de spécialistes en TIC
«Les entreprises se sont faiblement dotées de spécialistes en TIC à la veille de la crise de Covid-19. Durant la période 2016-2018, 86% d’entre elles n’ont pas recruté de spécialistes en TIC», selon la note du HCP.

Pour les 14% des entreprises qui ont déclaré des difficultés de recrutement, les exigences de salaires élevés, l’instabilité de ces profils dans le poste et le manque de certaines qualifications ont été les principales contraintes à l’embauche en matière de TIC.

Elles étaient ainsi peu nombreuses à compter sur leurs propres employés pour développer, adapter ou prendre en charge des solutions informatiques face aux répercussions de la crise.

Ceci étant, l’année 2020, première année de la crise sanitaire, a créé un tournant en matière d’intégration des TIC dans les entreprises. Une orientation plus favorable vers la numérisation pour les services a été, notamment, remarquée.

«Les entreprises qui opèrent dans les services hors transport et entreposage, plus affectées par les répercussions de la crise de Covid-19, ont prévu d’augmenter les parts d’investissement destinées à l’innovation (développement de nouveaux produits) et à la transformation numérique (digitalisation des services internes et externes), pour atteindre 40%, en moyenne, en 2021», indique la note du HCP.

La part prévue pour le changement de l’organisation du travail a été importante, atteignant un maximum de 28% pour les entreprises qui fournissent des services immobiliers, fait également savoir ladite note, ajoutant que par rapport aux anticipations d’investissement relatives à l’année 2021, les réalisations ont été contrastées suivant les fluctuations ayant marqué les activités sectorielles.

Les entreprises de services freinées dans leur élan de digitalisation
Les services, notamment les activités d’hébergement et restauration, les services financiers et les télécommunication, qui avaient priorisé un développement de leur numérisation en 2021, auraient été confrontés à une poursuite de la baisse de leurs valeurs ajoutées, amorcée en 2020.

En revanche, les entreprises industrielles auraient retrouvé, en 2021, leur niveau d’avant crise et leur situation financière se serait améliorée.

C’est le cas, notamment, de certaines filières exportatrices qui ont connu une croissance soutenue de leurs prix de vente à l’étranger. Parallèlement, le HCP indique que l’usage des TIC s’est intensifié depuis le déclenchement de la crise sanitaire en 2020, notamment au niveau des administrations publiques qui utilisent de plus en plus des plateformes numériques imposant aux usagers de leurs prestations de s’adapter à la digitalisation de leur process. Pour les entreprises privées, les motivations d’investissement en TIC, en période post-crise, et les stratégies de transformation numériques, sont encore très différenciées suivant les branches d’activité.

Concernant les branches industrielles, les entreprises ont prévu de conserver leurs politiques d’investissement axées sur l’équipement en machines, en 2021.

Leur principal motif d’investissement était le maintien ou l’amélioration de leurs capacités productives, à travers l’acquisition de matériel, et d’autres biens d’équipement, prévue pour absorber 47% de leur budget d’investissement en 2021.

Seulement 5% de l’investissement pour s’adapter aux nouveaux modes de travail
Les anticipations des entreprises industrielles, pour les investissements destinés à la modernisation du matériel informatique et à la digitalisation des services internes ou externes, ne dépassaient pas 3% et 4% respectivement, en moyenne, du total de l’investissement prévu en 2021.

Seules les industries électriques et électroniques, plus engagées dans le processus d’intégration des TIC avant la crise de Covid-19, prévoyaient de renforcer leur développement numérique, anticipant d’y consacrer 21% en moyenne en 2021.

Les industriels ne prévoyaient pas, non plus, un changement majeur de l’organisation du travail au sein de leurs entreprises. La part prévue de la transition vers les nouveaux modes de travail (à distance ou par alternance) dans l’investissement total, prévu en 2021, s’est limitée à 5%.

Signalons que ces informations proviennent d’une note du HCP qui présente la situation de l’intégration des TIC au niveau des entreprises à partir des résultats de deux enquêtes.

La première enquête, menée en 2019, auprès de 2.101 entreprises exerçant dans l’industrie, la construction, le commerce et les services marchands non financiers, visait principalement à appréhender les activités des entreprises, dans leur diversité, et le contexte économique et social dans lequel elles opèrent, et à recueillir leurs perceptions sur l’utilisation des nouvelles technologies.

La deuxième enquête a été réalisée en décembre 2020 auprès de 3.600 entreprises, afin d’évaluer les effets de la crise sanitaire sur leurs activités et de prendre note de leurs appréciations quant aux perspectives d’évolution de l’activité, de l’emploi et de l’investissement, en 2021.

Un accès quasi-général à Internet

Les entreprises marocaines disposent d’une bonne connectivité à Internet, avec des taux d’accès très élevés, révèle le HCP. Ces taux ont atteint 81%, en moyenne, pour les très petites entreprises (TPE), 97,9% pour les petites et moyennes entreprises (PME) et 99,5% pour les grandes entreprises (GE) en 2019, précise la même source. L’usage principal de connexion à Internet reste les échanges d’e-mails, opérés par 92% des entreprises.

En revanche, les autres usages sont moins généralisés, notamment l’accès et la modification des documents, qui ne sont pas exploités par 38% des entreprises, et l’utilisation des logiciels professionnels spécialisés qui se limite à 59% d’entre elles. Le recours des entreprises aux services externes d’informatique a été, également, moins fréquent.

Seules 20% des entreprises ont utilisé ce genre de services pour le stockage de leurs informations en 2019, alors que l’hébergement de leurs bases de données n’a été opéré qu’au niveau de 18% d’entre elles. La part des entreprises, ayant effectué des achats de services informatiques à partir d’un logiciel de gestion financière ou comptable, s’est limitée à 26% et n’a pas dépassé 16% pour les logiciels de gestion de la relation-clientèle.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO


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