Maroc

FMI : un recul de la croissance à 3% en 2022

Le FMI confirme, à son tour, la contraction de la croissance de l’économie marocaine. Après une progression du PIB de 6,3% en 2021, la croissance prévisionnelle ne s’établirait qu’à 3,1% en 2022.

L’activité économique au Maroc a récupéré l’essentiel des pertes enregistrées lors de la récession économique mondiale de 2020. C’est ce qui se dégage du rapport du FMI, selon lequel le PIB a progressé de 6,3% en 2021, contre -6,3% en 2020. Un rebond effectif qui rejoint les dernières estimations du HCP (7,2%), de Bank Al Maghrib (6,7%) et de la Banque Mondiale (5,3%).  L’année écoulée a ainsi pu résorber le choc de 2020. Cette belle performance est due à la poursuite des mesures de relance budgétaire et monétaire, au rebond des exportations, au dynamisme des transferts de fonds MRE et à la récolte exceptionnelle enregistrée après deux années de sécheresse. La progression du PIB en 2021 est, ainsi, l’une des plus remarquables de la région MENA. Toutefois, cela peine à se traduire sur l’emploi.

En effet, le taux de chômage, qui se situe à 11,8%, reste supérieur au niveau affiché avant la crise sanitaire. Ce taux est encore plus élevé, selon le HCP qui le situe à 12,3%. Concernant les banques marocaines, le Fonds souligne leur résilience face à la crise, «grâce au soutien rapide et exceptionnel de Bank al-Maghrib». À noter, par ailleurs, que l’emploi redémarre de manière perceptible. En 2022, la croissance du PIB devrait se situer à 3,1%, la production agricole revenant à des niveaux moyens et l’activité non agricole continuant à se redresser. Pour ce qui est de l’inflation, le Fonds estime qu’elle est restée gérable et que les récentes pressions s’estomperont à moyen terme, à mesure que les pressions sur les coûts, résultant des perturbations de l’approvisionnement mondial se résorberont. Le niveau du déficit du compte courant devrait revenir en 2021 à des niveaux plus proches d’avant la pandémie et se stabiliser autour de 3,5% du PIB à moyen terme.

Toutefois, toutes les estimations et projections restent sujettes à incertitude. Une grande partie des risques dépendent de l’évolution de la pandémie, sachant qu’une mise en œuvre rapide et efficace des réformes structurelles devrait accroître la croissance à moyen terme, souligne le FMI. Après une forte compression en 2020, le Maroc est sorti de la crise avec une position de réserve internationale beaucoup plus solide. Les services du FMI prévoient une croissance du PIB d’environ 3% au cours des prochaines années, les effets de la pandémie sur l’activité potentielle se résorbant progressivement et s’accélérant par la suite sous l’effet positif des réformes structurelles. La réduction plus rapide que prévu de l’écart de production et l’augmentation du ratio de la dette publique exigeraient une politique budgétaire plus stricte que celle actuellement envisagée. L’institution internationale s’attend à ce que le déficit budgétaire diminue très lentement à moyen terme et que le ratio dette publique/PIB se stabilise à près de 80%.

Si la dette publique reste viable, un processus d’assainissement budgétaire plus rapide, qui ramènerait le ratio dette/PIB plus près des niveaux d’avant la pandémie à moyen terme, rendrait le Maroc moins vulnérable à de nouveaux chocs négatifs. Il libérerait aussi davantage de ressources pour les investissements du secteur privé. «La politique budgétaire devrait être ancrée dans un cadre macro-budgétaire à moyen terme crédible et étayée par une réforme globale du système fiscal ainsi qu’un examen systématique des dépenses publiques», souligne le FMI. Des déficits budgétaires plus faibles permettraient à la politique monétaire de rester accommodante plus longtemps, en supposant que les pressions inflationnistes restent gérables.

La récente hausse de l’inflation est limitée et devrait s’atténuer au fur et à mesure que les pressions sur les coûts importés, dues aux goulots d’étranglement du côté de l’offre et à la hausse des prix des matières premières, deviennent moins pertinentes au fil du temps. Tant que ces pressions ne contaminent pas les anticipations d’inflation intérieure, BAM dispose d’une marge de manœuvre pour une normalisation progressive des conditions de la politique monétaire, mais devrait se tenir prête à durcir sa position si les pressions inflationnistes s’accélèrent. La récente appréciation du dirham vers le bas de la fourchette du taux de change offre une opportunité d’accélérer la transition prévue vers un cadre de ciblage de l’inflation.

Les services du FMI se félicitent de l’engagement des autorités en faveur d’une nouvelle vague de réformes structurelles. La généralisation du système de protection sociale devrait combler les lacunes existantes dans la couverture et la qualité des services de soins de santé et renforcer le filet de sécurité sociale du Maroc. Conjuguées à la mise en œuvre complète du registre social unifié, ces réformes devraient améliorer l’inclusivité et l’efficacité. La réforme des entreprises publiques devrait réduire leur charge financière sur le budget et éliminer les distorsions qui empêchent la neutralité du marché et entravent le développement du secteur privé. Enfin, le Nouveau modèle de développement (NMD) contient plusieurs recommandations utiles pour renforcer la compétitivité des entreprises marocaines, améliorer la gouvernance, dynamiser le capital humain et construire une société plus inclusive.

Tilila El Ghouari / Les Inspirations ÉCO



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