Maroc

Flexibilité du dirham : Un début de réforme sous haute surveillance

Flexibilité du régime de change : Ce que pensent les organismes internationaux

Au lendemain du passage d’un régime de change fixe vers un autre plus flexible, différents organismes internationaux ont formulé leurs appréhensions concernant cette nouvelle réforme.

Le Maroc vient de sauter le pas, après plusieurs mois d’hésitation de la nouvelle réforme de change. Celle-ci devrait conférer de manière graduelle et progressive plus de flexibilité à la monnaie nationale. L’objectif est de renforcer la résilience de l’économie face aux chocs exogènes, de soutenir sa compétitivité et d’améliorer son niveau de croissance… ce qui n’est pas de l’avis de certains organismes internationaux. Pour JP Morgan, l’élargissement actuel de la bande de fluctuation du dirham n’est qu’un petit pas dans la direction d’une plus grande flexibilité de change. «Nous pensons que la Banque centrale va maintenir le panier actuel pendant au moins deux trimestres avant de prendre de nouvelles mesures pour accroître la flexibilité de la monnaie. Ces prochaines étapes pourraient inclure l’élargissement de la bande de fluctuation, menant éventuellement à un flottement géré», expliquent les experts de la banque d’affaires. Ainsi, pour le moment, l’impact sur l’économie serait assez limité. En anticipant de nouveaux ajustements au cours de l’année, les analystes de JP Morgan s’attendent à ce que le dirham se déprécie de 7% durant les 12 prochains mois. La banque d’affaires enfonce davantage le clou en assurant que cette dépréciation serait incompatible avec les plans de la Banque centrale.

Dans la même veine, Euler Hermes affirme que la fluctuation du dirham dans une bande de 2,5% exposera de manière plus importante les entreprises marocaines aux risques de change. Pour la société, le dirham pourra se déprécier même si l’euro et le dollar s’apprécient, conférant ainsi une indépendance plus forte à la politique monétaire et de change du Maroc. Dans son communiqué, le spécialiste du risque souligne que le dirham fixe et pondéré à un panier de devises (60% euro et 40% dollar) donnait une impression erronée de l’absence de risque de change, d’où une sous-utilisation des solutions de couverture contre celui-ci. Il a ainsi rappelé que la dépréciation de devises tierces contre le dollar et l’euro avait confirmé l’existence de ce risque de change. Pour l’assureur-crédit, maintenant que le dirham peut évoluer plus fortement, cette perception des risques devrait évoluer, ce qui engendrerait une incitation plus forte à utiliser des instruments de couverture contre le risque de change. Certains professionnels de la place sont montés au front pour défendre ce projet d’envergure: «JP Morgan veut semer le doute sur le marché alors que tout est prêt pour la mise en place de cette nouvelle réforme», ou encore «le Maroc dispose de fondamentaux solides pour soutenir cette réforme». Ce qui rejoint les arguments avancés par les deux défenseurs du projet, qui ne sont autres que les deux grandes pointures de la finance marocaine, Mohamed Boussaid, ministre de l’Économie et des finances, et Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, qui ont défendu récemment la réforme du régime de change lors d’une conférence de presse. «Selon nous, le dirham ne sera pas déprécié», assure le wali de Bank Al-Maghrib, affirmant que la réforme aura un impact positif sur les perspectives de croissance (+0,2%), tout en indiquant qu’elle devrait impacter négativement l’inflation (+0,4 point). De son côté, Boussaid souligne qu’en 2017, «la valeur du dirham a augmenté sur le marché international de 7,6% par rapport au dollar et de 5,1% par rapport à l’euro». L’agence de notation Fitch Ratings s’inscrit davantage dans la retenue. Selon elle, l’élargissement de la bande flottante du dirham est un pas vers un régime de change plus flexible qui finira par renforcer la capacité d’absorption des chocs de l’économie et contribuer à maintenir sa compétitivité. L’annonce pose peu de risque pour la stabilité macroéconomique, mais les avantages économiques seront modestes à court terme, la fourchette de négociation étant encore étroite. Celle-ci s’attendait justement à ce que les autorités procèdent à la réforme, conformément aux recommandations formulées il y a quelques années par le FMI, à mesure que les réserves se rétablissaient et que l’amélioration de la communication des politiques ancrait davantage les anticipations d’inflation. Fitch avance également que les fondamentaux économiques favorables du Maroc devraient limiter la pression sur le taux de change. L’exposition aux devises étrangères dans l’économie est modérée, et la ligne de liquidité préventive de 3,4 milliards de dollars du FMI (la date d’échéance est fixée à juillet 2018) offrirait un filet de sécurité s’il y avait une pression sur le financement extérieur. Le déficit du compte courant se rétrécit progressivement, bien qu’il reste plus large que la médiane de la catégorie «BBB». «Nous prévoyons une amélioration à 3,8% du PIB en 2019 contre 4,4% en 2016, reflétant un rétrécissement du déficit commercial structurel. Les IDE couvriront la moitié du déficit au cours des deux prochaines années, selon nos prévisions». Au terme de ce discours optimiste, l’agence de notation espère que les autorités augmenteront lentement la flexibilité du régime de change au cours des prochaines années en élargissant progressivement la marge de fluctuation, ce qui permettra également à Bank Al-Maghrib d’introduire un nouveau cadre de politique monétaire axé sur le ciblage de l’inflation. Sachant que l’inflation s’est établie à un niveau jugé, par l’agence, assez faible (à 1,3% en novembre 2017), elle devrait rester proche de 2% au cours des deux prochaines années.


La Tunisie et le FMI

Dans une récente note comportant des réponses aux questions clés évoquées par les Tunisiens au sujet des interventions du FMI et leur impact sur la situation sociale du pays, le fonds international souligne que le niveau sans précédent des déficits de la balance des biens et des services implique une certaine dépréciation dans le temps. Le FMI propose ainsi à la Tunisie d’évoluer vers un régime de change plus flexible, qui permettra au dinar de réagir au jeu de l’offre et de la demande de devises…



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