Maroc

Enseignement supérieur : Al Akhawayn, trente ans à former l’élite (VIDEO)

Trois décennies après sa création, l’Université Al Akhawayn à Ifrane entend affirmer son rôle de laboratoire d’idées et d’innovations pédagogiques. Gouvernée selon le modèle américain, l’institution veut anticiper les mutations technologiques tout en maintenant un ancrage national en misant sur les sciences cognitives.

Cela fait trente ans qu’Al Akhawayn, depuis les hauteurs boisées d’Ifrane, s’attache à cultiver son image de laboratoire d’excellence académique. Inspirée du système américain et dotée d’une gouvernance plurielle, l’institution d’Ifrane mise désormais sur l’intelligence artificielle, l’apprentissage en alternance et l’accompagnement à la carrière pour répondre aux nouvelles exigences de l’enseignement supérieur. Ce positionnement s’est confirmé à l’occasion du trentième anniversaire de l’établissement.

Abdellatif Jouahri, qui, en plus de son éternelle casquette, est chancelier de l’UAI, a rappelé lors de la conférence de presse organisée à l’occasion que l’université, pensée dès l’origine comme un pôle pilote, «ne poursuit pas de but lucratif et ne dépend pas du budget de l’État».

Surtout, elle se veut un laboratoire d’innovation pédagogique, doté d’un conseil d’administration où siègent plusieurs ministres, hauts fonctionnaires, chefs d’entreprises et représentants du secteur privé. Depuis son accréditation par l’agence américaine NECHE, renouvelée jusqu’en 2027, l’université revendique un niveau d’exigence aligné sur les meilleurs standards internationaux.

«Nous avons fait de l’employabilité un critère cardinal», insiste Jouahri.

Selon les données internes, 84% des diplômés intègrent le marché du travail ou poursuivent leurs études dans des délais courts. Pour garantir cette orientation, des consultants extérieurs sont mobilisés, et la performance est évaluée en continu. Mais Al Akhawayn veut aller plus loin. Pour son président Amine Bensaid, l’enjeu dépasse la simple insertion professionnelle. Il s’agit d’adapter la formation aux bouleversements structurels du monde contemporain. «Notre mission n’est pas de former uniquement des experts techniques, mais de nourrir la capacité à décider, dans un monde où les machines deviennent de meilleures machines», fait valoir Bensaid.

Redéfinir les priorités
Inspirée du concept de “student success” promu dans les universités américaines, AUI a étendu sa réflexion vers la «réussite de carrière». Cela passe par une alternance plus marquée entre cours et immersion en entreprise, un système d’emplois étudiants rémunérés sur le campus, et l’introduction de modules expérientiels dans les cursus.

L’université a même ouvert une antenne à Casablanca, permettant aux étudiants de suivre des cours tout en travaillant chez des partenaires du secteur privé. La révolution numérique et l’essor de l’intelligence artificielle occupent une place centrale dans ce nouveau cycle. Bien avant l’irruption médiatique de LLM (Learning Language Model), l’établissement avait lancé un master en IA dès 1994, suivi d’un bachelor en 2020. Désormais, l’IA irrigue l’ensemble des disciplines, des humanités aux sciences de gestion.

«L’idée n’est pas seulement de former des experts techniques, mais de penser l’IA comme une culture transversale», souligne Amine Bensaid. La volonté d’assurer la jonction entre technologie et sciences humaines se traduit par seize nouveaux programmes, dont plusieurs en lien avec la FinTech, les analytics ou encore l’impact territorial.

«La formation ne doit pas être un simple transfert de savoirs, mais un accompagnement de la capacité à décider en situation d’incertitude», ajoute-t-il.

Un impératif d’autant plus pressant que le pays lui-même, selon Jouahri, est appelé à revoir ses paradigmes, et à former des profils capables de tenir tête à une concurrence devenue «invraisemblable» dans le marché du travail. La concurrence se veut aussi rude entre établissements privés au Maroc, ce qui oblige désormais Al Akhawayn à redéfinir ses priorités. Si son statut reste atypique, l’université joue désormais sa place dans un environnement où la différenciation se fait par sa capacité à s’adapter aux besoins d’un marché en constante évolution.

Aux origines de l’UAI

Fondée en 1995 à l’initiative du Roi Hassan II et du Roi Fahd BenAbdelaziz d’Arabie Saoudite, l’Université Al Akhawayn («les deux frères») repose sur un modèle de gouvernance inédit. Son conseil d’administration réunit des ministres en exercice — Enseignement supérieur, Finances, Intérieur, Affaires étrangères — ainsi que des figures du monde économique et académique.

L’université ne bénéficie d’aucune subvention de l’État et fonctionne en autonomie budgétaire, tout en s’inscrivant dans une logique d’intérêt général. Elle est aujourd’hui la seule université marocaine accréditée par NECHE, l’agence américaine qui évalue des établissements prestigieux comme Harvard ou le MIT.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO



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