Maroc

Agro-industrie : Rabat et Berlin sèment les graines d’un partenariat fructueux

La première réunion du Groupe de travail maroco-allemand sur l’agriculture s’est tenue cette semaine à Rabat. Cette rencontre inaugure une coopération structurée entre les deux pays, avec des priorités identifiées et une gouvernance clarifiée. Au-delà de l’annonce, les chiffres et les filières à fort potentiel montrent qu’il existe une marge considérable pour développer les échanges.

Le coup d’envoi a été donné à Rabat. Le Groupe de travail conjoint sur l’agriculture et l’alimentation a tenu sa première réunion en présence de responsables marocains et allemands. Du côté allemand, la délégation était conduite par Martina Englhardt-Kopf, secrétaire d’État parlementaire au ministère fédéral de l’Alimentation, de l’Agriculture et de l’Identité régionale.

Ensemble, les deux parties ont dressé une feuille de route à court et moyen terme, en définissant les priorités, les mécanismes de suivi et les modalités de gouvernance. La rencontre a également permis de préciser le rôle attendu des acteurs non étatiques, qu’il s’agisse de la recherche, du secteur privé ou de la société civile.

L’initiative découle de la déclaration conjointe signée à Berlin en janvier 2025 lors du Forum mondial de l’agriculture et s’inscrit dans le cadre du Dialogue stratégique bilatéral. Elle marque la volonté partagée de bâtir une coopération agricole plus résiliente et plus productive, avec en toile de fond les Objectifs de développement durable.

Un potentiel encore largement sous-exploité
Si le partenariat institutionnel franchit une nouvelle étape, les chiffres montrent que les échanges agricoles restent modestes par rapport au commerce global. En 2022, les flux bilatéraux entre le Maroc et l’Allemagne s’élevaient à près de 4,9 milliards d’euros, mais la part de l’agroalimentaire représentait moins de 5%.

Les exportations marocaines vers l’Allemagne ont atteint environ 2,1 milliards d’euros, principalement tirées par les fruits et légumes, tandis que les importations en provenance d’Allemagne s’établissaient à 2,8 milliards d’euros. Le potentiel d’élargissement est donc évident, surtout lorsque l’on sait que la demande allemande pour des produits frais, de saison ou certifiés biologiques ne cesse de croître. Les flux récents confirment cette tendance.

Entre janvier et mars 2024, le Maroc a exporté près de 35.000 tonnes de fruits et légumes vers l’Allemagne, soit une progression de 40%. Les tomates et les poivrons, produits phares des cultures sous serre, figurent en tête de ce dynamisme, tout comme les fruits rouges qui connaissent un véritable essor sur les marchés européens. Ce mouvement est d’autant plus stratégique que le Maroc bénéficie d’un avantage climatique et géographique lui permettant de fournir des denrées pendant les périodes de creux de production en Europe.

Filières stratégiques et coopération technique
Au-delà des flux commerciaux, les deux pays s’appuient sur une coopération technique déjà ancienne. Le Centre de conseil agricole maroco-allemand (CECAMA), inauguré en 2014, a servi de vitrine au transfert de technologie et à la formation continue des agriculteurs. Le Dialogue technique sur l’agriculture et la foresterie (DIAF) a également ouvert la voie à des échanges sur la réglementation, la certification et l’agriculture biologique.

Enfin, la collaboration entre l’Office national de sécurité sanitaire (ONSSA) et l’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques (BfR) a permis de renforcer les compétences en matière de sécurité alimentaire. Ces acquis constituent une base solide pour le nouveau groupe de travail, appelé à harmoniser les priorités et à donner une cohérence d’ensemble à ces initiatives.

Côté filières, plusieurs segments apparaissent comme stratégiques. Les fruits et légumes frais, en particulier les tomates et poivrons sous serre, restent les produits les plus compétitifs. Les baies et fruits rouges offrent un potentiel de montée en gamme, tout comme les agrumes, déjà bien implantés mais perfectibles en termes de valorisation.

À moyen terme, l’agroalimentaire transformé et les produits biologiques représentent des relais de croissance prometteurs, notamment sur le marché allemand, très sensible aux labels de durabilité et à l’empreinte environnementale. Le développement des huiles végétales, des fruits secs ou encore des plantes aromatiques et médicinales pourrait également ouvrir de nouveaux créneaux.

Vers un ancrage européen renforcé
En parallèle du rapprochement engagé avec l’Allemagne, le Maroc a franchi une nouvelle étape dans ses relations agricoles avec l’Union européenne. Rabat et Bruxelles ont en effet signé un échange de lettres amendant leur accord agricole, afin d’étendre les préférences tarifaires aux produits issus des provinces du Sud.

Cette décision garantit aux agriculteurs de Laâyoune-Sakia El Hamra et de Dakhla-Oued Eddahab les mêmes conditions d’accès au marché européen que leurs homologues du reste du pays, tout en introduisant un étiquetage d’origine transparent. Cette révision sécurise juridiquement les flux commerciaux tout en intégrant pleinement les provinces du Sud dans les dynamiques exportatrices nationales.

Pour le Maroc, elle représente une reconnaissance claire de la place de ces régions dans les échanges avec l’Europe et un appui supplémentaire pour consolider ses filières agricoles. Pour l’Union européenne, elle assure la continuité d’un approvisionnement stratégique en produits frais et compétitifs, dans un contexte où la sécurité alimentaire et la durabilité des chaînes de valeur sont devenues des priorités.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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