Alimentation mondiale : des perspectives de croissance malgré des tensions persistantes

Alors que les prix alimentaires mondiaux montrent quelques signes d’accalmie, la production et les échanges des principales denrées affichent des perspectives globalement positives en 2025, d’après les récentes données de la FAO. Mais les tensions géopolitiques et les chocs climatiques continuent de peser sur un système agroalimentaire international en quête d’équilibre.
Si la production et le commerce mondiaux des denrées alimentaires montrent des signes de redressement, il n’en demeure pas moins que les prix restent volatils et sous influence de multiples incertitudes. C’est ce que révèle l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans ses récentes données publiées jeudi, qui dressent un panorama contrasté de la sécurité alimentaire mondiale en 2025.
Des productions en hausse… sauf pour le sucre
Selon les projections publiées jeudi par la FAO, les perspectives 2025 sont «relativement optimistes» pour la majorité des denrées : céréales, viandes, produits laitiers ou encore poissons. Le maïs, après une année tendue, devrait atteindre un record de production, tiré par le Brésil, l’Union européenne et les États-Unis. Même tendance haussière pour le riz et le sorgho.
Le blé, première céréale de consommation humaine, connaît une situation plus nuancée. La demande mondiale est en légère avance sur l’offre, notamment en raison d’un rebond asiatique, ce qui pourrait entraîner un retrait sur les stocks mondiaux et soutenir les prix dans les mois à venir. Côté protéines, la production de viande poursuit sa progression, stimulée par une forte demande de volaille. Le lait suit une dynamique similaire, avec une offre en croissance, surtout en Asie et en Amérique du Sud. Les produits aquatiques, eux, bénéficient d’une contribution croissante de la filière.
En revanche, le sucre fait figure d’exception : la campagne 2024/25 s’annonce en recul, affectée par les conditions climatiques défavorables au Brésil et en Inde, deux géants de l’exportation. La baisse attendue de la production et des échanges risque de peser sur l’équilibre du marché.
Prix mondiaux : une accalmie fragile
Si la FAO anticipe une dynamique de croissance sur les volumes, elle constate également une modération récente des prix alimentaires mondiaux. En mai 2025, son indice global a reculé de 0,8% par rapport à avril, bien qu’il reste 6% au-dessus de son niveau de l’année précédente.
Les baisses les plus marquées concernent le maïs (-1,8%) et l’huile de palme (-3,7%), deux produits qui ont bénéficié de bonnes récoltes et d’une meilleure disponibilité.
En revanche, les prix de la viande bovine, du beurre et du lait entier en poudre restent élevés, soutenus par une demande robuste, notamment en Asie. Les oléagineux et les céréales, postes cruciaux pour les pays les plus vulnérables, ont vu leurs coûts reculer pour la deuxième année consécutive, contribuant à modérer l’augmentation de la facture alimentaire mondiale, qui a néanmoins atteint 2.100 milliards de dollars en 2024, en hausse de 3,6%.
Un environnement toujours incertain
Derrière ces chiffres, la FAO invite à la prudence. Les projections favorables demeurent conditionnées par une conjoncture internationale instable. Tensions géopolitiques, décisions politiques imprévisibles, potentiels conflits commerciaux, dérèglements climatiques… autant de facteurs qui pourraient rapidement inverser les tendances.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO