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Étude : Il y a 5% de chance de limiter le réchauffement climatique à 2°C !

C’est la conclusion d’une étude parue dans le magazine Nature Climate Change, où les chercheurs ont utilisé des projections de croissance de la population mondiale pour estimer la production future et les émissions de carbone dues à l’utilisation d’énergies fossiles qu’elle entraîne. Les détails.

Il y a 5% de chance de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici la fin du siècle ! Cet objectif, fixé par l’Accord de Paris et scellé par la communauté internationale en 2015, semble, en effet, impossible à réaliser, affirment des chercheurs qui ont publié une étude en fin juillet dernier dans la revue Nature Climate Change. Selon cette équipe de scientifiques basée aux États-Unis, qui a utilisé des projections de croissance de la population mondiale pour estimer la production future et les émissions de carbone dues à l’utilisation d’énergies fossiles qu’elle entraîne, les chances d’atteindre l’objectif de 1,5°C, également contenu dans l’Accord de Paris, ne sont que d’1%.

Pour ces experts, «l’augmentation de la température au niveau de la planète sera probablement comprise entre 2°C et 4,9°C, avec une valeur médiane de 3,2°C». Pourtant, leurs calculs ne sont pas basés sur le pire scénario, avec une consommation d’énergie toujours aussi intense, mais intègrent des efforts pour limiter l’utilisation des énergies fossiles, précisent-ils. Ils ne prévoient pas en revanche la possibilité d’un basculement massif et soudain vers les énergies renouvelables. «Atteindre l’objectif d’un réchauffement inférieur à 1,5°C suppose que l’intensité en carbone baisse bien plus vite que dans le passé récent», relèvent les chercheurs dans l’étude. Rappelons que dans l’Accord de Paris, la communauté internationale s’est engagée à limiter la hausse de la température mondiale «bien en deçà de 2°C» et à «poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5°C», par rapport au niveau d’avant la révolution industrielle, afin d’éviter les conséquences dévastatrices du changement climatique (sécheresses, hausse du niveau des océans, tempêtes…). Les experts ont averti depuis longtemps que même l’objectif des 2°C serait difficile à atteindre. Le GIEC, le groupe d’experts internationaux dont les travaux font référence au climat, recommande de réduire de 40 à 70% les émissions de gaz à effet de serre provenant des énergies fossiles, d’ici 2050 par rapport à leur niveau de 2010. L’Accord de Paris est moins précis, ses signataires se fixant pour objectif que les émissions atteignent leur pic «dès que possible». Selon les Nations Unies, la population mondiale va grimper d’environ 7,5 milliards de personnes, actuellement à 11,2 milliards d’ici 2100, augmentant encore la pression sur les ressources énergétiques.

Par conséquent, si rien ne change, les émissions mondiales atteindraient au minimum 55 milliards de tonnes équivalent carbone par an en 2020, contre 50 milliards de tonnes par an actuellement. Pourtant, même avec ce taux d’émissions, il serait possible d’atteindre l’objectif des 2°C. D’abord, il faudrait une bonne dose d’optimisme. Ensuite, il faudrait que le nucléaire perdure comme option d’atténuation, que certaines nations adoptent rapidement des stratégies de développement de technologies de pointe et des technologies à haut rendement énergétique pour les appareils électriques, les bâtiments et le transport, y compris la multiplication des véhicules électriques. En outre, il faudrait rapidement fermer les centrales électriques au charbon et les remplacer par d’autres sources d’énergie. Bref, plus les émissions seront réduites rapidement, plus nombreuses seront les options envisageables sur le long terme et moins cher cela coûtera. Pour garder le plus de portes ouvertes, il faudrait arriver à un niveau d’émissions mondiales entre 41 et 47 milliards de tonnes équivalent carbone par an d’ici 2020. Une étude précédemment publiée dans le magazine Nature Climate Change, notamment en 2009 confirme : le seul moyen pour atteindre l’objectif d’une augmentation de seulement 2°C d’ici 2100, est de maintenir le taux d’émissions entre 41 et 55 milliards de tonnes par an d’ici 2020. Et même dans ce cas de figure, la limite supérieure de 55 milliards de tonnes équivalent carbone par an est très hypothétique.


Pourquoi limiter le réchauffement climatique à 2°C et pas plus ?

La limitation du réchauffement à +2°C en 2050 par rapport à 1990 est due au fait que l’on sait que cette température moyenne a déjà été atteinte dans le passé, il y a plus de 100.000 ans, sans qu’il ne se produise de catastrophe climatique. Il est donc probable qu’il en soit de même de nos jours. En revanche, comme l’évolution du climat n’est pas linéaire et qu’il existe des effets de seuil, il n’y a aucune certitude qu’au-delà de 2°C d’augmentation de la température moyenne il n’y ait pas un emballement climatique. En effet, à partir de certains niveaux de température et d’humidité, le fonctionnement climatique actuel, avec ses puits de carbones, son albédo, etc… peut bifurquer et provoquer des changements radicaux très dommageables pour les écosystèmes et les sociétés. La prudence incite donc à respecter cette limite des 2°C, qui n’est toutefois pas absolue. Cependant, plus on s’en éloigne, plus les risques d’une bifurcation aux conséquences dramatiques augmentent.



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