Tourisme : Les hôteliers parient sur les nationaux

Avec le repli des principaux marchés émetteurs, les professionnels du tourisme misent gros sur les touristes nationaux pour sauver la saison. Baisse des prix, ajustement de l’offre… Une batterie de mesures pour séduire la clientèle locale.
Le contexte géopolitique régional tendu sur fond d’attentats et incidents sécuritaires est en passe de changer la configuration du marché touristique du royaume. Face à l’amalgame résultant de la confusion entre les pays de la région dont souffre la destination Maroc, les professionnels du tourisme misent gros sur les nationaux pour sauver les meubles. «Depuis le début de l’année, le tourisme national a augmenté de 22% à Marrakech et contribue largement à la dynamique de la ville ocre», assure Abdellatif Abouricha, responsable au Centre régional du tourisme de Marrakech.
Mahfoud Chafik, président délégué du Centre régional du tourisme d’Agadir abonde dans le même sens : «depuis la fête d’Aïd El fitr, nous avons enregistré une reprise de l’activité. Et ce sont plutôt les touristes nationaux qui affluent sur la ville; les arrivées des principaux marchés émetteurs et clients traditionnels sont en revanche en baisse». En effet, durant les 5 mois de l’année, les nationaux ont été en tête des arrivées dans les établissements hôteliers classés d’Agadir, avec un total de 114.497 touristes, contre 111.950 durant la même période de 2015.
Ceci alors que les principaux marchés émetteurs battent de l’aile : le marché français a, en effet, accusé un recul de 15,71%, soit 51.726 touristes, pendant les cinq premiers mois de 2016 contre 61.336 au cours de la même période de 2015. De son côté, le marché allemand a enregistré une baisse de 3,93% avec 35.425 touristes.
Le marché scandinave, quant à lui, a enregistré, quant à lui, une hausse de 3,68% pour les arrivées des touristes suédois, 20,6% pour les arrivées des touristes danois et de 15,79% pour les arrivées des touristes norvégiens.
Les hôteliers essayent donc de s’adapter avec la nouvelle donne ne réajustant leur offre. Ainsi, en termes des prix, les professionnels ont dû revoir leurs tarifs à la baisse pour se conformer au pouvoir d’achat des touristes locaux. «L’on constate des baisses allant de 30 à 40% dans certaines unités hôtelières à Marrakech. Et dans tous les cas, il y a des offres pour tous les budgets», indique Abdellatif Abouricha.
À El Jadida aussi, destination estivale préférée des marocains, les hôteliers sont en ordre de bataille (voir page 16). «Nous avons mis en place un plan d’action pour la saison estivale a destination notamment de la clientèle marocaine. D’ailleurs, cette dernière constitue plus de 90% des clients de notre hôtel», Jalil Chebihi, directeur de Pullman El Jadida.
Sondage. Quelle crise ?
Si les professionnels du tourisme se plaignent d’une conjoncture difficile qui s’inscrit visiblement dans la durée et met en danger leur business, les consommateurs, eux, ne sont pas toujours du même avis. Selon un sondage online réalisé par FLM pour le compte des Inspirations Eco, seuls 10%, sur un échantillon de 1.099 internautes, partagent l’avis des professionnels du tourisme et considèrent que le secteur est en crise. La majorité donc estime qu’en dépit de la menace sécuritaire qui plane sur la région, le Maroc s’en sort plutôt bien. Le ministère de tutelle, de son côté, semble être optimiste et espère terminer l’année avec une progression de 2 %, tant au niveau des arrivées qu’en matière de recettes touristiques. Un objectif difficile à atteindre eu égard des chiffres enregistrés ces dernières années. En effet, le Maroc avait perdu 5,3% des touristes étrangers en 2015 et plus de 6,3% des nuitées (-12,7% pour les étrangers dont -21% pour les français). En 2016, sur les quatre premiers mois, le Maroc a enregistré un recul de 4% au niveau des étrangers ainsi qu’une baisse de 5,7% pour les touristes non-résidents.