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Lithium : un potentiel prometteur et de belles perspectives pour le Maroc

Une récente étude publiée dans la prestigieuse revue scientifique Economic Geology révèle l’existence de gisements de lithium au potentiel prometteur, notamment au sud du Maroc. La confirmation de ce potentiel lithinifère permettra au Royaume de passer à l’étape d’exploitation, et surtout de sécuriser ses futurs approvisionnements, dans un contexte marqué par une ruée vers ce minerai essentiel dans la fabrication des batteries pour véhicules électriques. Explications.

En marge de son entretien exclusif avec Les Inspirations ÉCO à l’occasion de la troisième édition du Forum international de la chimie à Rabat, Rachid Yazami, co-inventeur de l’anode et pionnier des batteries lithium-ion, nous partageait son souhait d’assister à la découverte et à l’exploitation de lithium au Maroc au cours des prochaines années.

Ce qui permettra au Royaume d’ajouter ce composant dans son portefeuille de minerais essentiels dans la fabrication de batteries pour véhicules électriques, notamment le cobalt et les phosphates. La récente étude parue dans la prestigieuse revue scientifique Economic Geology, publiée par la Society of Economic Geologists (SEG), une organisation internationale regroupant des professionnels spécialisés dans l’étude et l’exploration des ressources minérales, devrait ravir le physicien et électrochimiste marocain.

Intitulé «Lithium Pegmatites in Africa : A Review», ce travail scientifique passe au crible les pegmatites contenant du lithium en Afrique. Il s’agit de roches dont les minéraux sont développés en très gros cristaux, généralement de composition granitique. Elles sont souvent composées de quartz, de feldspath et de micas, ainsi que d’autres minéraux accessoires comme la tourmaline, le béryl et le grenat.

Un potentiel géologique prometteur pour le lithium
La bonne nouvelle, d’après les auteurs, c’est que le Maroc recèle un potentiel géologique prometteur pour le lithium. L’un des gîtes identifiés et peu connu se trouve dans la région de Zenaga, situé à environ 120 km au sud-ouest de Ouarzazate, au centre de l’Anti-Atlas, qui abrite des pegmatites paléoprotérozoïques associées à un granite âgé de plus de 2 milliards d’années. Elles contiennent notamment des minéraux accessoires riches en lithium comme la triphylite, en phase magmatique. Le deuxième site prometteur, c’est celui de Sidi Bou Outhmane, niché aux environs de Marrakech.

Dans ce gisement riche en phosphates, fer et manganèse, les scientifiques y ont déniché des pegmatites fertiles contenant des minéraux riches en lithium. Des traces de ce minerai si prisé dans l’écosystème des batteries pour véhicules électriques ont également été repérées dans les argiles du gisement volcano-sédimentaire de Jbel Ghassoul, situé au nord-est du Royaume, vers Midelt.

Ces révélations interviennent dans un contexte marqué par la montée en puissance des batteries lithium-fer-phosphates (LFP), jugées moins chères et plus rentables, dans l’écosystème mondial des batteries. Longtemps reléguées au second plan par les batteries nickel-manganèse-cobalt (NMC), elles sont en train de rattraper leur retard sur leurs «concurrentes».

Forte demande des batteries LFP sur le marché mondial
Et les chiffres le confirment. Leur part dans les ventes de véhicules électriques en Chine avait atteint 74,6% en 2024, loin des 62,4% deux ans plutôt, selon le rapport «Lithium Iron Phosphate (LIP) Battery Market Opportunity, Growth Drivers, Industry Trend Analysis, and Forecast 2025-2034» de la plateforme Research and Markets.

Et à l’échelle mondiale, ce marché devrait croître en moyenne de 16,9% pour atteindre 90,3 MM$ en 2034. Autant dire que la demande mondiale en lithium, qui devrait aller crescendo, mettra à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement. D’où l’importance de disposer de mines afin de se prémunir d’une éventuelle pénurie de ce minerai rare sur le marché mondial.

Le Maroc semble l’avoir compris. Le 14 novembre dernier, l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) a signé un protocole d’accord avec la société LARC Morocco SAS, filiale de l’entreprise Lithium Africa Resources Corp, pour l’exploration des potentialités en lithium et or au niveau de la zone de Bir El Mami, dans la région de Dakhla-Oued Ed-Dahab.

Vers l’exploitation du lithium au Maroc ?
«La signature de cette convention de recherche s’inscrit dans le cadre de la stratégie de promotion des potentialités en métaux stratégiques nécessaires à la transition énergétique et à la souveraineté industrielle du Maroc», avait expliqué l’ONHYM. Bir El Mami est situé dans la zone dénommée «Reguibat Shield», l’un des sites identifiés un mois plus tôt par LAR Morocco, présentant un potentiel prometteur en lithium.

Spécialisé dans l’exploration du lithium, Lithium Africa Resources gère plusieurs licences couvrant une superficie de 2.500 km² au Mali, en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Zimbabwe (seul pays africain à extraire du lithium à grande échelle).

Le groupe a d’ailleurs créé une coentreprise avec le géant chinois Ganfeng Lithium, spécialisée dans la production et la commercialisation de batteries au lithium, pour développer l’exploration de ce minerai en Afrique.

La confirmation de ce potentiel lithinifère permettra au Maroc de passer à l’étape d’exploitation, à travers des mines dédiées, qui pourront alimenter des gigafactories en cours de développement dans le Royaume, mais aussi des sites du groupe OCP qui prévoient de produire 30.000 tonnes de produits intermédiaires pour les batteries LFP d’ici 2027.

Sa filiale Mera Batteries, qui ambitionne de produire 1 gigawattheure (GWh) de batteries LFP «Made in Morocco» d’ici 2026, pour servir le secteur automobile et les projets de stockage d’énergie, pourrait aussi en bénéficier.

Elimane Sembène / Les Inspirations ÉCO



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