Éco-Business

La stratégie payante de Cosumar

Mohammed Fikrat, PDG de Cosumar

Les rendements par hectare sont passés de 5 tonnes en 2006 à 12 tonnes en 2017. Comment se porte les autres indicateurs pour la filière de sucre dont Cosumar est l’agrégateur ?
Dans le cadre du contrat-programme, mis en place par le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts et la Fédération interprofessionnelle marocaine du sucre (Fimasucre) sur les périodes 2008-2013 et 2013-2020, nous avons pour objectifs la mise à niveau et le développement de la filière sucrière marocaine. Dans ce contexte, plusieurs actions ont été mises en place pour atteindre ces objectifs, à savoir, l’accroissement des performances agricoles et industrielles, la promotion des projets d’agrégation, le renforcement de la R&D, en plus de la concertation et la coordination entre les parties prenantes dans le cadre de l’agrégation. L’évolution des principaux indicateurs de la filière a permis, pour la semence monogerme, de passer de 4% en 2008 à 100% en 2017, en termes de taux d’utilisation de la semence monogerme dans les zones irriguées. S’agissant du semis mécanique de la betterave à sucre, il a atteint 100% en 2017 contre 55% en 2008, alors que la mécanisation des opérations du traitement mécanique a enregistré une importante progression allant de 32% en 2008 à 73% en 2017. En ce qui concerne la mécanisation du binage, elle est passée de 32% en 2008 à 71% en 2017, tandis que la récolte mécanique de la betterave à sucre a évolué de 4% en 2008 à 50% en 2017. Quant à la canne à sucre, la récolte mécanique a atteint 47% en 2017. L’ensemble de ces actions a permis d’enregistrer des performances importantes. Le rendement sucre de la betterave à sucre a connu une nette amélioration, passant de 7,5 t/ha en 2008 à 12 t/ha en 2016, avec plus de 14 t/ha à Doukkala en 2016. Quant au taux de couverture des besoins nationaux en sucre, il a atteint 50% en 2016 avec l’objectif d’atteindre 56% à l’horizon 2020.

Comment la modernisation de l’amont agricole et des outils industriels a-t-elle contribué à l’amélioration de vos résultats ?
L’évolution de ces indicateurs a directement impacté nos principaux résultats. Des performances globales ont été enregistrées durant cette période soutenues par un large plan d’investissement dépassant 7,5 MMDH. Aujourd’hui, la filière sucrière dispose d’une capacité globale de traitement des plantes sucrières de 5 millions de tonnes par an et la capacité annuelle de production de sucre blanc s’élève aujourd’hui à 1,65 million de tonnes. En 2017, Cosumar affiche des indicateurs financiers satisfaisants. Le chiffre d’affaires a atteint 8.332 MDH et enregistre une croissance de 5,9%, grâce aux bonnes performances industrielles et commerciales. Ces résultats sont le fruit des efforts fournis par le groupe en matière d’optimisation des processus de l’ensemble de la chaîne de valeurs qui a permis une amélioration globale des rendements d’extraction et de raffinage. Les ventes de sucre blanc sur le marché national ont atteint 1.215 KT en croissance de 1.7% par rapport à 2016. Les coûts énergétiques ont également été optimisés, et ce, grâce à une meilleure gestion de l’utilisation de la consommation d’énergie et l’adoption de nouvelles technologies. Ces investissements ont également permis d’introduire les dernières technologies permettant de produire du sucre de qualité dans le respect de l’environnement. Les actions d’économie d’énergie et d’eau industrielle ont ainsi permis de réduire l’empreinte carbone de la filière de 44% en 10 ans.

25% de votre production sont exportés vers 35 pays. Quels sont les principaux marchés porteurs pour Cosumar ?
L’exportation du sucre par Cosumar a été initiée en 2016 et se fait dans le cadre du régime d’admission temporaire en dehors du cadre de la subvention accordée au marché national. La qualité offerte est appréciée et ce sont près de 40 pays de divers continents qui ont été la cible de ces opérations d’export. Les marchés porteurs pour Cosumar sont les marchés consommateurs de sucre aux standards européens, se situant principalement sur le bassin méditerranéen, du Moyen-Orient, de l’Afrique de l’Ouest et Afrique de l’Est. Le volume exporté a atteint fin 2017, 421 KT, soit près de 30% de hausse en comparaison à l’exercice précédent. Cela traduit la qualité de notre offre sur le marché international.

Vous aviez acheminé vos produits vers la Corée du Sud, et même vers la Colombie. Est-ce que la logistique arrive à accompagner l’évolution de votre production vers les marchés émergents et lointains ? Que représente le coût logistique sur le coût global à l’export ?
La chaîne logistique joue un rôle stratégique dans le développement d’une entreprise, notamment dans la commercialisation et les exportations de ses produits. Le Maroc dispose d’une très bonne connectivité portuaire mondiale qui a été développée par son attractivité, l’implantation de tous les grands donneurs d’ordres maritimes mondiaux notamment dans le secteur des containers. Le pays dispose aussi d’infrastructure stratégie portuaire à la hauteur de ses ambitions comme celle du port Tanger Med et les terminaux à containers du port de Casablanca. Tous ces facteurs permettent un acheminement de nos marchandises dans les meilleurs standards internationaux et une réduction des durées et des coûts d’acheminements aux pays de destinations. L’implantation de la raffinerie du groupe à proximité du port de Casablanca, le développement de nos propres techniques pour l’empotage des containers et le suivi dynamique de toutes nos opérations nous ont permis de réduire considérablement nos coûts logistiques locaux. La conjoncture internationale nous a permis de profiter également de taux d’affrètement très bas sur le marché mondial pendant ces dernières années.

Où en est l’élargissement de la superficie réservée à la culture de la canne à sucre ?
Un plan de relance de la culture de la canne à sucre de 150 MDH, financé paritairement, a été mis en place conjointement par le ministère de tutelle et la Fimasucre en juillet 2015. Ce plan de relance, qui porte sur la période 2015/2019, a permis d’améliorer les performances de la culture de la canne à sucre dans les deux périmètres du Gharb et Loukkos. En effet, la superficie sous canne, réalisée en 2017, a atteint 11.126 ha, soit un taux de réalisation de 84% par rapport aux objectifs fixés. Également, les plantations précoces ont connu une nette amélioration, passant d’un taux de réalisation de 46% en 2016 à 80% en 2017. Ces performances enregistrées sont le fruit d’un partenariat fructueux entre les services centraux des ministères concernés, les ORMVA du Gharb et Loukkos, les Associations des producteurs de cultures sucrières des deux périmètres et la SURAC dans le cadre du Comité technique régional du sucre (CTRS). Ainsi, pour atteindre ces objectifs, plusieurs actions ont été mises en place par le CTRS, notamment le renouvellement du statut d’agrégation le 29 août 2017, la poursuite du renforcement du rôle de la recherche et développement sur la canne à sucre en plus de l’accompagnement des producteurs pour l’octroi de la subvention accordée aux nouvelles plantations de la canne à sucre. À cela s’ajoute le maintien des efforts de développement de la mécanisation (Plantation, entretien et récolte) en plus du développement des systèmes d’irrigation économes en eau : projets de reconversion en goutte-à-goutte et l’introduction du récent goutte-à-goutte enterré. Le plan de relance de la canne à sucre a permis d’atteindre les objectifs assignés en 2017, notamment, en termes du rendement qui a atteint 66 t/ha. Les superficies sous canne se sont établies à 12.500 ha, contre 7.500 ha en 2015. L’objectif étant d’atteindre 19.300 ha en 2019, grâce à la plantation d’une moyenne de 4.000 ha par an.

Quel impact sur l’agriculteur ?
L’engagement de Cosumar dans l’amont agricole repose sur l’ambition d’améliorer durablement l’attractivité économique et la performance des cultures sucrières. Le groupe ambitionne également d’accroître de façon durable le revenu des agriculteurs qui a enregistré, ces dernières années, une évolution moyenne de 10% par an. La stratégie adoptée par Cosumar est celle portée par le projet d’entreprise Leader@25. Elle s’articule principalement sur l’amélioration des performances de l’amont agricole par le biais du renforcement de la R&D, la généralisation de la mécanisation notamment de la récolte, la sélection variétale et la mise en place d’un nouveau système d’information en mesure de porter les processus du métier. La digitalisation de la relation avec les agriculteurs ainsi que l’utilisation des dernières technologies numériques de suivi des cultures, depuis les semis jusqu’à la récolte, sont également en cours de développement, sur des sites pilotes en vue de leur généralisation à l’ensemble des cinq périmètres concernés par les cultures sucrières. L’ensemble de ces actions devrait permettre d’atteindre de façon pérenne, plus de 12 tonnes de sucre à l’hectare et un taux de couverture de plus de 56% à l’horizon 2020. Par ailleurs et forts de notre position d’agrégateur de référence et reconnus par la FAO, nous capitalisons sur notre expérience pour un développement vertical visant l’ancrage de notre ambition de progrès permanent et responsable vers l’excellence, dans le cadre de partenariats gagnant-gagnant pour l’ensemble de l’écosystème de la chaîne de valeur de la filière sucrière. De même, nous œuvrons pour le développement horizontal des synergies entre grands agrégateurs des différentes filières conduisant à un schéma de multi-agrégation permettant d’assurer une prise en charge totale et intégrée des agriculteurs pour différentes cultures. Nous agissons également, pour une meilleure intégration entre l’amont de la filière sucrière et son aval représenté par l’industrie de première transformation et industries de deuxième transformation pour un développement accéléré de l’écosystème et une meilleure compétitivité à l’échelle nationale et internationale de l’industrie agro-alimentaire marocaine.

 


whatsapp Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp

Évolution des prix des fruits et légumes à Casablanca



Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters



Bouton retour en haut de la page