Éco-Business

Interview: AÏTECK GROUP s’implantera prochainement au Maroc

Redda Ben Geloune
CEO Aitek Group

D’origine marocaine, Redda Ben Geloune présente les ambitions de croissance de son groupe, Aitek, l’une des principales sociétés opérant dans l’industrie informatique en Afrique. Par la même occasion, il détaille les impératifs au développement de l’industrie numérique au Maroc.

En tant qu’expert de l’industrie numérique, comment évaluez-vous le développement de ce secteur au Maroc ?
L’évolution de l’économie numérique au Maroc est à l’image de celle du continent africain, où elle est en plein essor. Le Royaume doit, toutefois, prendre conscience de l’importance critique de ce secteur s’il souhaite conforter son leadership régional. La contribution de l’économie numérique au PIB marocain était de 7,42 milliard de dollars en 2020 (6,82%) et les prévisions tablent sur 12,09 milliards de dollars (7.84%) en 2025, et sur 48,06 milliards (12.88%) en 2050. Cela reste bien en deçà des meilleurs acteurs et surtout loin du forecast de 180.000 milliards de dollars en 2025 sur l’ensemble de l’Afrique, mais la dynamique est bonne et pourrait s’accélérer si les réformes nécessaires suivent.

Selon vous quels sont les impératifs à sa croissance dans le pays ?
Le Maroc doit capitaliser sur la maturité de son économie et son rapprochement avec les autres pays d’Afrique dans le cadre des différentes initiatives de collaboration Sud-Sud que le Roi a lui-même porté. Mais il doit également revoir profondément sa fiscalité afin que les entreprises numériques marocaines puissent avoir la latitude de compétir non pas seulement sur leur territoire mais dans le monde entier car la compétition est globale. N’oublions pas que l’essence même de l’économie numérique est qu’elle n’a pas de frontières. Donc si les entreprises africaines veulent non seulement survivre mais aussi faire mieux que les entreprises françaises, chinoises ou américaines, il faudra nécessairement que leurs gouvernements facilitent leur développement en créant un cadre favorable qui devra également permettre une mise à l’échelle rapide sur la marché africain.

L’écosystème des fintechs se développe au Maroc, mais pas au même rythme que dans d’autres pays d’Afrique. À votre avis pourquoi, et comment faut-il booster leur croissance?
Les fintechs adressent principalement les défis liés aux manques d’infrastructures bancaires au niveau local et régional. Par exemple, il n’y a que cinq banques pour 100.000 adultes en Afrique subsaharienne contre treize pour 100.000 adultes dans le reste du monde. Cela crée un écart important à résorber et c’est exactement ce que font les fintechs en permettant aux pays africains de sauter directement du réseau bancaire historique qui est «physique» aux services digitaux de paiements, de remises, d’assurances, de prêts, etc. A noter que non seulement le contexte démographique est favorable à l’adoption des nouvelles technologies avec un âge médian de la population de 19,7 ans, mais l’Afrique jouit également d’une pénétration importante de la connexion internet avec 623 millions d’utilisateurs de mobiles, dont 87% de haut débit projetés en 2025. Au Maroc, le développement est effectivement un peu plus lent pour de multiples raisons, mais il est à noter que le réseau bancaire, «historiquement offline», y est également plus développé et que le Royaume peut de facto avoir plus de difficultés à adopter la tendance. En règle générale, il est plus difficile d’innover et de faire adopter les innovations lorsqu’un secteur et ses acteurs sont vieillissants. Pourtant, et il est important de le rappeler ici, comme Charles Darwin le disait et que Feu le Roi Hassan II aimait le répéter: «Ce ne sont pas les espèces les plus fortes ou les plus intelligentes qui survivent, mais celles qui savent s’adapter».

Aitek est présent dans plusieurs pays africains. Quand comptez-vous poser vos valises au Maroc ?
Aitek est un distributeur informatique à valeur ajoutée qui a pour vision d’impacter positivement l’Afrique en adressant ses grands défis grâce à la convergence des nouvelles technologies. Avec un business model 100% indirect, notre mission est d’être le trait d’union entre nos revendeurs et les constructeurs que nous représentons en apportant toujours de la valeur dans chacun des actes que nous posons. Nous sommes convaincus que l’Afrique doit être construite par les Africains, pour les Africains, et que le seul moyen de changer le paradigme actuel et de faire de notre continent un moteur de l’économie mondiale est de construire des entreprises locales qui gagnent. C’est pourquoi nous privilégions toujours une approche locale dans tous nos investissements pour être en adéquation avec notre mission. Notre continent a d’incroyables talents, des ressources convoitées par tous ainsi que d’immenses opportunités et c’est à nous, Africains, de les saisir. Aitek est présent en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali, au Togo, à Dubaï et en France. Nous prévoyons de nous implanter au Maroc, très prochainement, afin de continuer à partager avec nos partenaires le savoir-faire que nous avons acquis et d’apporter humblement notre pierre à l’évolution de l’économie numérique du Royaume.

Bio express

Redda Ben Geloune est un rêveur enthousiaste et positif qui a consacré sa vie à faire de l’Afrique un endroit meilleur. Né et élevé en Côte d’Ivoire, il a obtenu son diplôme d’ingénieur en France à l’ENSICAEN après des classes préparatoires scientifiques à Paris. Il est alumni de Hec Paris (eMBA) et d’Harvard Business School (OPM50). Fondateur du groupe Aitek (www.aitek.fr), l’une des principales sociétés opérant dans l’industrie informatique en Afrique avec la vision d’avoir un impact positif sur le continent en tirant partie de la convergence exponentielle des technologies, il assume également la fonction de co-directeur académique de Challenge + Afrique, un programme d’HEC Paris qui aide les entrepreneurs à construire des entreprises qui gagnent. Par ailleurs, en tant que doctorant (Phd) à Case Western Reserve University (USA), il est chargé de recherche au Fowler Center for Business et son objectif est de comprendre comment l’intelligence artificielle peut aider les organisations à constituer des équipes hautement performantes en capitalisant sur les facteurs psychologiques et cognitifs de ses individualités. Passionné de courses d’obstacles, Redda Ben Geloune est père de deux filles, Wafa et Kahina. Sa famille vient de Fès et y est encore présente ainsi que dans d’autres villes du Maroc.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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