Éco-Business

Chaînes de valeur : la BERD tend la main au Maroc

En collaboration avec la CGEM et la Bourse de Casablanca, la BERD a lancé le premier volet d’une série de 9 workshops destinés à repositionner le Maroc dans les chaînes de valeur industrielles post Covid-19. Quelles sont les chances du royaume ? Réponses.

C’est parti, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a commencé à accélérer la mise en œuvre de son appui post-Covid19 au Maroc. Après avoir alloué, en avril dernier, 145 millions d’euros (environ 1,6 milliard DH) à Bank of Africa sur son fonds de solidarité de 22 milliards d’euros mis en place en mars dernier, l’institution vole, à présent, au secours de l’industrie marocaine. À travers son programme d’appui aux entreprises financé par l’Union européenne, elle a, en effet, organisé mardi, en collaboration avec la CGEM et la Bourse de Casablanca, le premier d’une série de 9 workshops destinés à repositionner le Maroc dans les chaînes de valeur industrielles post Covid-19, en présence de plus d’une centaine de participants dont des experts nationaux et internationaux, des représentants des institutions gouvernementales, des fédérations et associations sectorielles et des entreprises. L’occasion pour Marie Alexandre, directrice de la BERD au Maroc, de révéler que «les appuis provenant du fonds de solidarité vont continuer à l’endroit des entreprises publiques et des banques, principalement. Mais l’ordre du jour de la rencontre d’aujourd’hui, c’est plutôt le lancement officiel de l’initiative «Back To Business» de la BERD dont l’objectif est de fournir aux entreprises marocaines impactées par la crise sanitaire des solutions concrètes, opérationnelles et directement applicables sur le terrain».

Back To Business, une initiative sous 9 workshops
Construite sous forme de 9 workshops qui seront déroulés d’ici fin décembre prochain, l’initiative ‘Back To Business’ de la BERD vise, plus précisément, à aller à la rencontre des industriels marocains pour d’une part, leur montrer les opportunités de business qui se profilent sur le marché des 26 pays de l’UE suite aux mouvements de relocalisation envisagés; et d’autre part, leur donner les moyens financiers et autres de fourbir leurs armes pour saisir ces opportunités. Par exemple, rien qu’en France, principal partenaire commercial du Maroc dans l’UE, les mouvements de relocalisation ont été récemment estimés par une étude à 115 milliards d’euros, soit plus de 30% des exportations de l’Hexagone (382 milliards d’euros). Selon la même étude, ces mouvements vont toucher plusieurs secteurs comme la chimie-parachimie, l’automobile, l’aéronautique, l’agro-industrie, etc… Des secteurs où le Maroc a une sérieuse carte de compétitivité à jouer pour dépasser la Turquie et tenir tête aux pays d’Europe de l’Est (République Tchèque, Slovénie, Pologne, Slovaquie, Hongrie et Roumanie) qui seront ses concurrents dans ce futur/proche marché de la relocalisation (Voir graphique).

Le Maroc bien placé, mais …
Certes, le royaume présente un meilleur niveau de compétitivité que celui de ses voisins du Maghreb (Tunisie et Algérie), fait jeu égal avec la Turquie et l’Inde, et se place non loin des pays d’Europe de l’Est, mais quelles sont réellement ses chances sur ce marché très prometteur qui sera âprement disputé? La réponse des experts qui se sont succédés «à la tribune» est mitigée. D’un côté, tous reconnaissent que le Maroc a tous les atouts pour se tailler une bonne position sur les chaînes de valeur industrielles mondiales. Car, en plus de sa position géostratégique privilégiée, sa structure industrielle basée sur des écosystèmes (59% d’unités de transformation, 50% des exportations sont faits par des secteurs qui peuvent se positionner sur les chaînes de valeur, un bon classement IPC), ses connexions logistiques et son chaînage africain qui autorise un maillage continental facile, relevé par Abdou Diop, le patron de Mazars, le royaume a fait preuve d’une capacité de réaction rapide à la crise sanitaire, à travers la production de 12 millions de masques Made in Morocco. Une réaction très remarquée qui a requinqué le capital confiance envers le pays. Mais apparemment cela ne suffit pas, puisque de l’autre côté, les experts sont unanimes que le pays doit encore redoubler d’effort sur certains aspects qui plombent sa compétitivité. Par exemple, le coût de l’emballage est jugé rédhibitoire dans l’industrie de transformation des produits de la mer. Un autre frein relevé : seul 0,8% du PIB est investi dans la R&D dans le royaume et seuls 25% du privé participe à cet effort. Un niveau ridicule comparé aux pays de l’OCDE qui ont un ratio de 2,8% du PIB. Selon certains experts, le Maroc doit corriger ces anomalies et orienter tous ses efforts vers le climate compatibility. C’est sur ce positionnement là de maitrise de l’empreinte carbone que son industrie pourra bien tirer les marrons du feu. 

Un livre blanc pour impliquer l’État

L’initiative ‘Back To Business’ donnera lieu à la confection d’un livre blanc qui sera remis au gouvernement. Comme l’a dit Mohamed Bachiri, vice-président de la CGEM, «l’objectif sera d’étudier ensemble les voies et moyens qui permettront de mettre en œuvre les recommandations issues de ces workshops. Recommandations qui, je le rappelle, porteront sur des solutions concrètes, opérationnelles et directement applicables sur le terrain, ce qui mettra définitivement le tissu industriel marocain en phase avec les marchés de l’UE».

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO


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