Culture

Melehi, retour vers le futur

Le Musée d’art contemporain africain Al Maaden (MACAAL) de Marrakech accueille depuis le 21 septembre 2019 jusqu’au 5 janvier 2020 l’exposition New Waves : Mohamed Melehi et les archives de «l’École de Casa». Retour sur un plasticien en avance sur son temps.

Dernier grand pionnier de l’art moderne au Maroc, Mohamed Melehi attire la curiosité du MACAAL qui lui consacre une rétrospective d’une carrière mêlant génie, engagement politique et amour pour les femmes. «New Waves» aurait pu être un biopic. Au lieu de cela, c’est une déambulation chronologique qui permet de retracer à travers des œuvres et archives inédites la carrière de Mohamed Melehi entre les années 1950 et les années 1980. L’exposition parcourt les trois périodes majeures de cet artiste majeur, pionniers de l’art moderne arabe ainsi que ses trois «escales» principales : Rome, New York et Casablanca. Entre 1954 et 1967, l’introduction de l’exposition (1957-1964) emmène à Rome dans les années 1950 où Melehi est l’un des premiers artistes du continent africain à exposer dans les galeries d’avant-garde comme la Galleria Trastevere. Les premiers échanges et séjours à New York où il prend part à l’exposition Hard Edge and Geometric Painting du MoMA en 1963 le font passer encore dans une autre dimension. Entre 1964 et 1978, c’est le retour à Casablanca et le début de son aventure mémorable dans les ateliers de l’École des Beaux-arts de Casablanca où avec Farid Belkahia, Mohamed Chabâa, Bert Flint et Toni Maraini, Melehi va écrire l’une des plus belles pages de l’histoire des arts postcoloniaux. Cette partie offre notamment un focus sur sa pratique de graphiste-activiste mais aussi sur l’exposition manifeste de la place Jamaa el Fna en 1969 ainsi que sur les ateliers et les activités de l’école. Dans les Années 1980, Melehi procède à une synthèse dynamique de toutes ses pratiques: il repuise dans les sources africaines et berbères comme l’École des Beaux-arts de Casa l’y a toujours encouragé (notamment les plafonds peints des mosquées populaires) mais aussi dans ses expériences architecturales des années 1970 (avec le cabinet Faraoui et De Mazières) et dans sa pratique de muraliste, culminant au festival des arts d’Asilah qu’il co-fonde en 1978.

L’expo de l’avant-garde d’antan
Conçue par deux commissaires internationaux de renom, Morad Montazami, historien de l’art franco-iranien, commissaire-chercheur à la Tate Modern de Londres et Madeleine de Colnet, directrice de projets artistiques et culturels, cette exposition a été précédemment présentée au sein de l’espace d’art londonien The Mosaic Rooms, dédié à la promotion de la culture contemporaine du monde arabe dans la capitale anglaise. Repensé pour les espaces et en lien avec la vocation du MACAAL, le parcours de l’exposition New Waves présentera une majorité d’œuvres rarement ou jamais vues auparavant qui remettent en perspective l’influence de Melehi et de l’École des Beaux arts de Casa dans et hors du Maroc. Un appareil documentaire inédit permettra à tous de se replonger dans cet âge d’or des avant-gardes marocaines, arabes et africaines. Spécialement conçue pour cette escale marocaine, une salle sera dédiée au «Musée afro-berbère»: s’y côtoieront des objets puisés dans les collections du Musée Tiskiwin-Bert Flint de Marrakech et des œuvres exceptionnelles de Malika Agueznay, Farid Belkahia, Mohamed Chabâa ou encore Hossein Miloudi.

Pour approfondir le travail de documentation historique, l’exposition se terminera par un diaporama de photographies du Moussem d’Asilah ainsi qu’un film documentaire sur Melehi produit par le Musée du Bronx de New York en 1984 et que l’on redécouvre pour la première fois. Autre documentaire sur l’artiste à découvrir dans l’exposition, celui de Faten Safieddine, «La Vague à l’âme» (1995), co-réalisé avec Mohamed Boualem pour la télévision marocaine (2M). Via une scénographie inspirée des couleurs, lignes et «vagues» de Melehi, New Waves propose un voyage à travers les multiples facettes de cet artiste cosmopolite : de ses expérimentations géométriques à la révolution culturelle opérée avec l’École des Beaux arts de Casablanca, son rôle clé dans le développement de la pédagogie de l’art au Maroc ainsi que son important travail de photographe, d’éditeur, de designer, d’affichiste et de muraliste ayant largement contribué à façonner l’esthétique des réseaux artistiques postcoloniaux et panarabes. 



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