Patrons patriotes !
Peut-on dresser le profil type de l’homme d’affaires marocain? Impossible car le marché est hétérogène, mais une caractéristique revient. Une frilosité à la limite de la lâcheté puisque, dans leur majorité, ces personnes veulent gagner sans risque. L’exercice auquel s’est prêté Salaheddine Mezouar a confirmé des convictions parmi lesquelles celle que le patriotisme économique n’est qu’une utopie. Ces six derniers mois nous ont permis de voir et/ou d’entendre des gens multiplier les coups bas pour des gains minimes.
Pendant ce temps, l’économie marocaine traversait l’une des pires années de la décennie. Qu’ont-ils fait pour faire tourner le business? Rien. Ils n’ont eu de cesse de geindre, de répéter une phrase qui pourtant ne veut rien dire: «besoin de visibilité et de regain de confiance»! Comme si c’était une offrande divine que l’on attendait de voir jaillir de nulle part. Pourtant «ces gens-là», comme disait Jacques Brel, ne font rien pour contribuer à cette visibilité et à cette confiance. D’aucuns ont tiré des bénéfices d’avance, et l’État les a même choyés il n’y a pas si longtemps.
Aujourd’hui, le pays attend d’eux un renvoi d’ascenseur. Le patriotisme économique ne consiste pas à se chamailler pour un poste en Conseil d’administration ou dans les instances de gouvernance. C’est plutôt de proposer des issues à cette situation où tout le monde a une part de responsabilité, y compris eux-mêmes. Le Marocain «moyen» se fiche de savoir si, au Conseil d’administration de la CGEM, on privilégie les tirs croisés pour engranger des gains rentiers; il voudrait y voir des patrons entreprenants, engagés et surtout à la fibre patriotique. Enfin, ces patrons, qui n’en ont jamais assez, qui courent derrière les bénéfices sans rien lâcher, n’ont-ils pas entendu parler d’un certains Steve Jobs? Cet homme, dont la fortune équivalait au PIB du Maroc, s’était consacré à rendre à l’humanité une partie de ce qu’elle lui avait donné. Lui a compris qu’il y a un au-delà !