Cercle vicieux
Ce qui se passe à Jerada interpelle à plus d’un titre. Voilà une localité qui a toujours vécu dans le besoin de tout, et pourtant personne n’a bronché. Ni les élus, ni les autorités locales. Et quand ce problème social a éclaté, le président du conseil régional a daigné faire le déplacement, à 30 km de ses bureaux à Oujda, pour dire à la population qu’il n’est qu’un simple président de région! C’est révélateur de l’état d’esprit de certains grands élus et cela est réducteur pour cette régionalisation avancée sur laquelle le pays porte d’énormes espoirs.
Maintenant, au delà du périmètre de responsabilité du président de conseil régional, il y a du vrai dans sa déclaration. Car, à valeur d’aujourd’hui, ce sont toujours les walis qui gouvernent les régions, nonobstant ce que prévoient les textes. Il y a un énorme gap entre la théorie qui évoque des attributions larges au profit des régions et la pratique qui concentre la majorité du pouvoir entre les mains du représentant du ministère de l’Intérieur. C’est pourquoi il y a lieu de débloquer la machine des attributions afin de fluidifier le système et surtout de démocratiser et de responsabiliser davantage la vie politique. Car, si on veut actionner le principe de reddition des comptes, il faut d’abord que les électeurs puissent sanctionner les élus sur les éventuels manquements à leurs responsabilités. Lesquels électeurs n’ont, en revanche, aucune emprise sur ces superstars représentants de l’État que sont les walis. Éviter d’avoir des cas comme à Al Hoceima, Jerada et autres, commence par la mise en place de mécanismes de délimitation de responsabilités et de reddition des comptes. Sans quoi, ce sera toujours un cercle vicieux !