Edito. Deux vitesses

À cinq ans du Mondial 2030 que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal, et, avant cela, à quelques mois de la tenue de la CAN sous nos latitudes, le football national offre un paradoxe troublant.
D’un côté, des prouesses qui forcent le respect, comme la demi-finale historique au Qatar en 2022, la médaille olympique des U23, la domination continentale en futsal, et des Lionnes de l’Atlas au sommet du football féminin africain.
De l’autre, une scène domestique empêtrée dans une flopée de contraintes structurelles : clubs en déficit chronique, gouvernance chaotique et modèle économique à bout de souffle. Autant dire que le football marocain avance à deux vitesses, comme le souligne avec lucidité le rapport du think tank OMEGA.
La sélection nationale capitalise sur la diaspora et des politiques de formation ciblées. Les clubs, eux, évoluent dans un environnement semi-professionnel où les litiges se multiplient, les dirigeants valsent et la rigueur financière est pour le moins approximative. La professionnalisation, chantier ouvert depuis 2011, reste inaccomplie.
Pourtant, nombre d’indicateurs sont là pour convaincre qu’un autre modèle est possible. Parce que l’organisation d’une Coupe du monde ne saurait être une fin en soi, mais un levier pour refonder. Et pourquoi ne pas généraliser l’effort consenti dans le sport roi à l’ensemble du paysage sportif national ? D’autres disciplines regorgent de pépites en attente d’un cadre structurant, d’une politique ambitieuse et d’un minimum d’attention médiatique. L’émulation générée par le football pourrait alors devenir un moteur transversal.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO