Opinions

Edito. Un horizon à saisir

Le Maroc retrouve enfin ses paquebots. Les quais, longtemps désertés, voient revenir les silhouettes massives des géants des mers, comme si rien ne s’était passé. Pourtant, il s’est passé quelque chose : un âge d’or au début des années 2010 – quand le pays accueillait jusqu’à un demi-million de croisiéristes par an -, suivi d’un lent déclin, aggravé par une pandémie qui a mis le tourisme mondial à genoux.

Pendant que d’autres ports méditerranéens profitaient de la reprise, le Maroc s’est laissé distancer, victime d’infrastructures vieillissantes et d’une vision à court terme (lire article pages 8-9). Aujourd’hui, l’optimisme revient. Les chiffres mondiaux donnent le vertige : 34 millions de passagers en 2024, bientôt 38 millions, un marché dominé par une poignée de groupes aux ambitions colossales.

Les Caraïbes saturent, la Méditerranée attire, et dans ce grand jeu de chaises musicales maritimes, le Maroc regagne sa place… de justesse. Tanger Ville affiche 104.000 passagers en 2024, Agadir voit ses escales se remplir, Casablanca joue la carte du prestige. Pour 2025, plus de 71.000 passagers sont déjà annoncés. Les compagnies reviennent.

Dans cette renaissance, une surprise : les Marocains eux-mêmes embarquent de plus en plus. Il a suffi que les promotions ciblées se multiplient pour que la croisière perde son aura de luxe inaccessible. Les agences locales en profitent, encouragées par des partenaires internationaux ravis de conquérir un marché vierge. Mais là encore, l’élan reste fragile. Car la croisière, ce n’est pas seulement un beau navire amarré au port. C’est un écosystème qui exige de l’anticipation, des infrastructures fluides, une offre culturelle et commerciale à la hauteur.

Sur ce terrain, le Maroc n’a pas encore comblé ses retards. La dépense moyenne à terre reste modeste, et les retombées pourraient s’évaporer aussi vite que les passagers remontent à bord. Le Maroc a donc un défi : s’ancrer durablement dans les itinéraires, capitaliser sur sa géographie et offrir plus qu’une simple escale de quelques heures.

Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO



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