Le choc
Ce qui s’est passé dans la région d’Essaouira a été un choc aux multiples dimensions, car bon nombre de Marocains -ceux qui ne le savaient pas encore du reste- ont découvert avec stupéfaction que certains peuvent encore mourir pour un sac de farine à 50 DH.
Ce gravissime incident est en réalité une condamnation des politiques générales menées à plusieurs vitesses, ce qui nous rappelle l’approche des colonialistes à l’égard de ce qu’ils qualifiaient de «Maroc inutile». L’on sait le nombre de pauvres au Maroc, et c’est l’occasion de se pencher sur les causes de ce niveau de pauvreté qui font que des gens risquent leur vie pour des miettes. Une cause, une principale cause. Une répartition inégale des richesses du pays qui nourrit les inégalités entre les agglomérations urbaines et le monde rural, qui creuse les écarts entre pauvres et riches et réduit de plus en plus la classe moyenne. Ce qui s’est passé à Essaouira n’est pas un simple fait divers. C’est un électrochoc qui nous fait prendre conscience de nos torts, nous rappelle que nos succès restent relatifs quand l’un d’entre nous expose ce qu’il a de plus cher dans ce monde, à savoir sa vie, pour un morceau de pain. C’est pourquoi il faudrait même revoir l’approche de l’aide aux démunis.
L’adage qui dit «Ne me donne pas une sardine, apprends-moi comment pêcher» trouve tout son sens dans ce cas de figure. Enfin, le rapport du CESE et de Bank Al-Maghrib sur le patrimoine du pays a esquivé l’essentiel en n’apportant aucune réponse à la fameuse question «Où est la richesse?»