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Côte d’Ivoire : Entre croissance et menaces

La Côte d’Ivoire se redresse lentement, mais risque de faire une rechute. En cause, les tensions politiques nées au sujet de la succession du président Ouattara.

En Côte d’Ivoire, la croissance est demeurée solide en 2016. La progression du PIB s’est maintenue à un taux élevé de 7,5% malgré une baisse par rapport au 9% enregistrés en 2015. Cette dynamique est portée par la poursuite des grands travaux publics de réhabilitation des infrastructures dans le cadre du 2e Plan national de développement (2016-2020), l’amélioration du climat des affaires et le renforcement de la stabilité politique. L’activité devrait rester vigoureuse en 2017, avec une croissance projetée à 7,9%, soutenue par un effort continu dans les infrastructures, des investissements plus nourris dans le secteur agroalimentaire et le logement ainsi qu’une consommation privée toujours dynamique.

Le cacao en perte de valeur
S’agissant de la production phare du pays, le cacao, la récolte commencée en octobre 2016 s’annonce bonne, après une mauvaise récolte intermédiaire au printemps, due au passage d’El Niňo. Cependant, les cours du cacao ont chuté depuis l’été 2016, passant notamment sous la barre des 2.000 dollars la tonne en février 2017 pour la première fois depuis 2011. Par conséquent, la production pour la saison 2016/2017 devrait connaître une croissance moins rapide qu’initialement prévue. Dans ce contexte, le Conseil café-cacao de Côte d’Ivoire tente de faire repartir les cours en interrompant les ventes par anticipation de la récolte 2017-2018. Par ailleurs, la production d’hydrocarbures pourrait se redresser dans les années à venir, grâce à la découverte de nouveaux champs et aux investissements projetés.

Capital humain
La croissance demeure exposée aux fluctuations des prix des matières premières et, par ailleurs, encore bridée par la vétusté des infrastructures. Cependant, la reprise de l’activité depuis la fin de la crise post-électorale a permis d’accroître le niveau de vie de la population et de dynamiser la demande intérieure. Pour maintenir une croissance forte, il apparaît nécessaire de continuer à développer le secteur exportateur manufacturier (en accroissant l’investissement dans le capital humain et en réduisant les obstacles au commerce transfrontalier), de réduire les inégalités de revenus et d’éviter la mise en œuvre d’une politique budgétaire procyclique.

Hausse des déficits
Le déficit budgétaire s’est creusé en 2016, en raison d’une augmentation des dépenses, y compris pour la sécurité, la santé et l’éducation. Néanmoins, avec la baisse des cours du cacao depuis l’été 2016, les prévisions de revenus ne devraient pas être atteintes en 2017. Les primes cédées aux mutins de janvier et mai 2017, auxquelles s’ajoutent les concessions du gouvernement aux différents syndicats de fonctionnaires pour apaiser la grogne sociale et mettre fin à trois semaines de grève (en janvier également) pèseraient également sur le déficit. En conséquence, le solde public devrait se détériorer.


Fiche pays
Côte d’Ivoire

Taille
23,7 millions de consommateurs

Monnaie
Franc CFA

PIB/Hbt
1.325 dollars

Croissance
7,9% (2017p.)

Région économique
CEDEAO/UEMOA

Note Coface
B

Doing business 2016
142e/189


 L’après Ouattara cristallise les tensions

Le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, a fait adopter une nouvelle constitution par référendum fin octobre 2016. Celle-ci prévoit la création d’un poste de vice-président et d’un Sénat et évacue le concept d’«ivoirité» en clarifiant les conditions d’éligibilité du président. La réconciliation entre les Ivoiriens n’est néanmoins pas achevée. De plus, la coalition au pouvoir (RDR-PDCI) pourrait se fracturer au sujet de la succession d’Alassane Ouattara, dont le second et dernier mandat prendra fin en 2020. L’actuel président de l’Assemblée nationale et ex-chef des rebelles des «Forces nouvelles», Guillaume Soro, risque également d’officialiser ses ambitions présidentielles. À ces tensions politiques s’ajoute un climat social menaçant. Les jeunes et les couches pauvres de la population urbaine tirent peu de bénéfice de la croissance. Dans l’armée, les mutineries qui ont éclaté en janvier et mai 2017 afin de «réclamer des primes» altèrent l’image du redressement ivoirien et témoignent que la guérison du tissu social n’est pas encore acquise.



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