Territoires intelligents : Smart city, catalyseur de justice spatiale (VIDEO)

Les 21 et 22 mai, la 9e édition de Casablanca Smart City a réuni experts, décideurs et élus locaux pour repenser le futur urbain. Des discours officiels aux démonstrations d’IA souveraine, la métropole table sur ses acquis pour mieux asseoir une équité sociale et territoriale.
Longtemps nourris d’utopies progressistes, les grands récits urbains s’écrivent désormais dans la contrainte. C’est le cas de Casablanca, résolue à porter ses infrastructures au niveau qu’exige la perspective du Mondial 2030.
La métropole, porte-étendard de la vision Smart City au Maroc, s’appuie sur une mosaïque de poches d’innovation (Eco-cité Zénata, CFC, Casa Tech Valley…) et d’initiatives urbaines pour ancrer son ambition dans un quotidien plus connecté et inclusif. Telle est en tout cas l’ambition portée par les décideurs et élus de la ville lors de la 9e édition de Casablanca Smart City qui se tient les 21 et 22 mai. Cet évènement est placé sous le thème «Smart NexGenCities : Innover pour une métropole durable et inclusive».
L’intelligence urbaine se jauge d’abord à l’aune du retour d’expérience des habitants, comme l’a rappelé d’emblée Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration.
«Améliorer la qualité concrète de la vie, créer un écosystème urbain durable, voilà l’ambition qui nous réunit», affirme-t-elle devant un parterre composé d’élus locaux, experts et journalistes, mais aussi de nombreux protagonistes de cette 9e édition.
La ministre salue à cette occasion la trajectoire engagée voici plusieurs années à Casablanca, appelant à convertir cette avance en laboratoire national d’expérimentations citoyennes et numériques.
«Faire système»
À la strate dense de réseaux d’infrastructures et de flux quotidiens de décibels et de déchets —que Casa n9ya s’efforce d’assainir— la métropole superpose désormais la dimension numérique. Les relations tissées par Casablanca avec Shanghai, Jakarta ou encore Paris rappellent que l’intelligence urbaine se forge aussi dans la coopération, notamment technologique.
En ce sens, la diplomatie urbaine reste l’un des ressorts les plus sûrs pour accélérer la transition de la capitale économique. La récente adhésion au réseau C40 confirme cette volonté de «se hisser parmi les villes qui font de la lutte contre le changement climatique une priorité locale et mondiale», souligne Nabila Rmili, rappelant que l’intelligence d’une métropole se bâtit autant dans ses alliances que dans ses infrastructures.
Équité territoriale
La présidente insiste ensuite sur l’équité territoriale. Casatec Valley, un campus numérique de six hectares promis à générer 20.000 emplois qualifiés, doit transformer Sidi Bernoussi en pôle d’innovation. «À Casablanca, la périphérie est en train de devenir un moteur d’innovation, au même titre que le centre historique».
Ce souci d’équité territoriale s’appuie sur la réhabilitation du patrimoine et des espaces de divertissement à l’instar du parc de la Ligue arabe, de la remise à niveau du marché central, ou encore de Villa Carl Ficke, joyau architectural du début du XXe siècle, reconvertie en musée.
«La connexion au passé permet de valoriser notre patrimoine et de restaurer nos héritages», rappelle Rmili.
En cohérence avec cette vision d’ensemble, la mobilité est repensée pour optimiser le maillage territorial. Deux nouvelles lignes de tramway, un train métropolitain et un projet de RER prévus sont destiné à soulager les axes les plus fréquentés avec pour objectif affiché de fluidifier les déplacements quotidiens des habitants et d’assurer une desserte continue aux visiteurs lors de la Coupe du monde 2030.
Les élus de la ville plaide par ailleurs pour un saut technologique en investissant dans des outils à même d’optimiser la mobilité urbaine et d’anticiper les risques, pour une prise de décision en temps réel. L’ambition reste néanmoins pragmatique : tisser un territoire où chaque avancée trouve sa place sans pour autant perdre de vue la limite des ressources disponibles.
Amal El Fallah Seghrouchni
Ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration
«La Smart City n’est pas un simple slogan technophile, c’est l’ambition d’améliorer la qualité globale de la vie en bâtissant un écosystème durable qui conjugue les atouts du numérique, de l’intelligence artificielle, de la connectivité et, surtout, de l’intelligence citoyenne. Casablanca, pionnière dès le premier projet lancé il y a bien longtemps, incarne aujourd’hui cette vision d’une métropole d’innovation. En mobilisant les bénéfices économiques et environnementaux offerts par les nouvelles énergies et par des usages repensés des quartiers, nous devons aborder les défis de la ville intelligente dans une démarche résolument interdisciplinaire afin d’en explorer toutes les facettes du développement durable.»
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO