Casablanca : fermée pour travaux, la gare d’Ouled Ziane a dix mois pour renaître

Après des années de saturation et de critiques, la gare routière d’Ouled Ziane à Casablanca entre enfin dans une phase de réhabilitation complète. Une opération ambitieuse, étalée sur dix mois, qui promet de transformer le visage de ce point névralgique du réseau interurbain. Mais, en attendant, les usagers devront composer avec des installations provisoires.
Enfin, le feu vert. La gare routière d’Ouled Ziane ferme ses portes pour rénovation. Une fermeture d’autant plus symbolique qu’elle marque la fin d’un long cycle d’attente, nourri par des bras de fer entre acteurs institutionnels et des délais successifs. Le projet, porté par la Commune de Casablanca et confié à la Société de Développement Local Casablanca Transport, promet une véritable refonte de ce hub majeur du transport interurbain.
Lancé comme un maillon central dans la modernisation des infrastructures de mobilité à Casablanca, le chantier ne concerne pas seulement le bâtiment principal. Il inclut la rénovation complète des trottoirs, des allées piétonnes, des réseaux d’assainissement, et l’amélioration globale de la circulation autour du site. Le tout vise à faire de cette gare non plus un point de passage chaotique, mais un espace fluide, fonctionnel et sécurisé, à la hauteur d’une métropole régionale.
Un chantier structuré
L’opération bénéficie d’une enveloppe budgétaire confirmée de 80,7 millions de dirhams. Elle est répartie entre les travaux de réhabilitation du bâtiment principal (43,95 millions de dirhams) et les aménagements extérieurs (près de 17 millions).
Ce budget englobe également les frais liés à l’équipement numérique, aux structures métalliques, à la mise en conformité des réseaux techniques (électricité, télécoms, eau) et à la gestion globale de la gare. Le financement est assuré par une coalition institutionnelle, incluant la Commune de Casablanca, la SDL Casablanca Transport, le Conseil préfectoral de la ville et la Direction générale des collectivités territoriales.
Ce partenariat multi-niveau est un gage de stabilité pour un projet qui se veut exemplaire. L’ouverture des plis de l’appel d’offres, prévue pour le 15 août, déterminera les entreprises qui seront retenues pour exécuter les différentes phases du chantier.
La durée des travaux, fixée à dix mois à partir de l’ordre de service, reste à ce jour inchangée. Néanmoins, les responsables ne cachent pas que des aléas techniques ont déjà été enregistrés au démarrage. Malgré cela, les équipes sont mobilisées pour tenir le calendrier et éviter tout nouveau retard.
Une gare repensée pour une autre expérience
Mais, au-delà des murs, c’est tout le concept de la gare qui est repensé. Fini les couloirs encombrés, les files sans fin aux guichets et les départs mal encadrés. La future Ouled Ziane intègrera un guichet unique pour les usagers, des bornes automatiques pour acheter les billets et un système d’information numérique de nouvelle génération permettant de suivre en temps réel les mouvements des autocars.
À l’intérieur, les zones d’attente seront agrandies et mieux aménagées, tandis que les flux piétons seront fluidifiés grâce à une nouvelle organisation des espaces. L’éclairage public, les accès extérieurs, la sécurité et la signalétique seront également renforcés. Le projet prévoit en outre la création d’espaces verts et l’installation de structures métalliques pour couvrir les zones de stationnement des autocars et des passagers.
Cette nouvelle approche vise à répondre à une double exigence : améliorer l’expérience voyageur et offrir une gestion plus rationnelle aux opérateurs. « Le nouveau visage d’Ouled Ziane va profondément changer l’expérience des voyageurs. C’est une refonte complète, aussi bien fonctionnelle qu’esthétique», affirme Karim Glaibi, conseiller communal.
Une transition sous tentes
Pendant les dix mois de chantier, la gare sera totalement fermée au public. Mais pour ne pas paralyser la mobilité interurbaine, les autorités ont prévu un dispositif transitoire. Des tentes équipées de sièges seront installées dans les espaces extérieurs pour accueillir les voyageurs. Un système de billetterie provisoire sera également mis en place. Les départs et arrivées seront maintenus, dans la mesure du possible, même si certaines lignes pourraient être redéployées temporairement vers d’autres points de la ville.
Certes, les conditions seront moins confortables durant cette période, mais les autorités insistent sur le caractère temporaire de cette solution, pensée pour maintenir un minimum de service sans interrompre totalement les liaisons entre Casablanca et les autres villes du Royaume. La gestion post-réhabilitation devrait, elle, être confiée à Casablanca Transport, afin d’assurer une continuité dans le pilotage du projet et une montée en gamme progressive de la qualité de service.
Deux futures gares en renfort
Au-delà de Ouled Ziane, la Commune de Casablanca planche déjà sur un plan plus large. Deux nouvelles gares routières sont en projet, l’une au sud, dans le quartier de Hay Hassani, l’autre au nord, à Bernoussi.
L’objectif étant de désengorger la gare actuelle et structurer les flux de mobilité sur le long terme. Ces nouvelles infrastructures permettront une meilleure répartition territoriale des services interurbains et devraient accompagner l’urbanisation galopante de Casablanca.
Sous les tentes, l’attente…
Les travaux étant lourds et nécessitant une fermeture totale de la gare, les voyageurs devront provisoirement composer avec un service réduit mais maintenu. À l’extérieur de la gare, des tentes seront installées pour accueillir les passagers dans des conditions minimales de confort. Elles seront équipées de sièges et d’espaces d’attente rudimentaires.
En parallèle, un système de billetterie provisoire permettra aux usagers de continuer à réserver et acheter leurs billets. Certaines lignes, notamment les plus fréquentées, pourraient être temporairement transférées vers d’autres sites d’embarquement à Casablanca. Si l’organisation sera moins fluide qu’en temps normal, les autorités assurent que tout est mis en œuvre pour limiter l’impact sur les usagers.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO