immigration : Les mineurs marocains prennent d’assaut le détroit
La hausse des arrivées des mineurs marocains migrants préoccupent les autorités espagnoles. L’origine de ces jeunes et leur vulnérabilité les exposent davantage à la radicalisation.
Les tragiques attentats de Barcelone et Cambrils, qui ont fait 16 victimes, ont braqué les projecteurs sur le phénomène des mineurs marocains accueillis en Espagne. Plusieurs experts en matière de migration mettent en garde contre la vulnérabilité de cette catégorie de personnes.
Le journal électronique www.elespanol.com a, ainsi, consacré un dossier spécial à ce thème. Selon ce média, les arrivées de jeunes migrants marocains sur le sol ibérique marquent un nouveau record en 2017. Face à cette alarmante situation, le gouvernement andalou a décidé de mettre en place un plan d’urgence pour affronter les flux incessants de jeunes mineurs ayant atteint la côte andalouse cet été en jet-ski. À fin juin, 1.162 jeunes, âgés entre 14 et 17 ans, ont été accueillis par les autorités andalouses, soit le double en comparaison avec l’exercice dernier où ils étaient 643 à rejoindre irrégulièrement les frontières espagnoles. La région andalouse a tiré la sonnette d’alarme car sa capacité d’accueil ne lui permet plus d’héberger les nouveaux arrivants, qui seront donc accueillis dans des conditions déplorables, voire livrés à leur propre sort. L’Andalousie dispose de 215 centres d’accueil, d’une capacité de 2.330 places.
Le gouvernement andalou vient d’adopter une allocation budgétaire d’un demi-million d’euros pour augmenter la capacité d’accueil desdits centres dans trois villes dont Cadix, la plus touchée par ce phénomène. Selon le témoignage d’un expert en migration et médiateur interculturel, la pauvreté qui frappe les quartiers de Fnideq et alentours ne laisse que deux options aux jeunes de cette région. «Rejoindre la Syrie après un processus rapide de radicalisation au Maroc ou chercher un avenir meilleur en Europe». Selon cet expert, qui a côtoyé les jeunes dans un centre d’accueil d’Algésiras, ces enfants sont issus des couches sociales les plus démunies au Maroc, et la majorité a un frère ou un cousin ayant rejoint Daesh en Syrie.
Dans un éditorial publié sur El Espanol, l’auteur estime que «ce drame humanitaire est une bombe à retardement». Selon les estimations de l’écrivain, deux mineurs marocains en moyenne débarquent chaque jour en Espagne. Le problème réside dans le fait que les administrations espagnoles ne sont pas préparées à cette nouvelle forme de migration. De même, les zones de provenance des jeunes inquiètent les autorités espagnoles. «La plupart provient de zones peu développées. Leur âge et manque de formation en font des proies faciles pour les mafias et la radicalisation». Comme le rappelle l’auteur, la création d’une agence européenne pour la protection de l’enfance est devenue une urgence. Le problème n’est plus espagnol mais désormais européen.
Proies faciles
Les estimations de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (ACNUR) évoquent quelque 10.000 mineurs évanouis dans la nature en Europe. Toutes les analyses s’accordent sur la vulnérabilité de cette cible et l’urgence de réagir, d’autant plus que les récents événements tragiques de Barcelone ont alerté les autorités. En effet, le profil des terroristes de Ripoll a surpris les spécialistes en matière de terrorisme islamiste, vu que ces djihadistes n’étaient pas les plus «prédisposés» à perpétrer ces meurtres. Il ne s’agissait pas de jeunes marginalisés ou délaissés par leur société d’accueil, bien au contraire. Tous jouissaient d’un niveau de vie confortable: une formation professionnelle qui leur assuraient un revenu, possédaient des biens personnels (moto, voiture), partaient en vacances, etc. Si les recruteurs du djihadisme venaient à enrôler ces jeunes migrants déjà en plein désarroi, la situation pourrait être catastrophique.