Échanges extérieurs : Alerte sur le déficit commercial !
Le déficit commercial au titre de l’année 2017 risque de s’alourdir. Les calculs de l’Office des changes, de la direction des études et des prévisions financières ou encore les prévisions du HCP anticipent un creusement du déficit qui devrait atteindre 18,8%. Le déficit renoue ainsi avec les niveaux des années 2013-2014 qui avaient causé de grandes difficultés aux équilibres macroéconomiques.
L’évolution du déficit de la balance commerciale au premier semestre laisse présager une fin d’année laborieuse pour les échanges extérieurs. À fin juin, la situation des échanges extérieurs a été marquée par le creusement du déficit commercial de 8,2% par rapport à l’année précédente, pour avoisiner 94 MMDH. Un constat qui confirme les prévisions du HCP qui prédit un déficit de 18,8% d’ici fin décembre 2017, et pratiquement le même niveau pour 2018. Le déficit commercial flirte ainsi avec les niveaux de déficit constatés durant les années 2013 et 2014, qui avaient causé beaucoup de tort aux équilibres macroéconomiques du royaume.
Décalage
Le dynamisme modéré des exportations ne permet pas de compenser la hausse vertigineuse des importations. Les expéditions ne progressent que de 6,6% pour atteindre 123,7 MMDH. Cette hausse a concerné les exportations de quasiment tous les secteurs, particulièrement celles des secteurs de l’agriculture et agroalimentaire, des phosphates et dérivés, de l’automobile, de l’électronique et de l’aéronautique qui ont contribué significativement à l’augmentation des exportations. Parallèlement, les importations se renforcent de 7,3%, soit à un rythme dépassant celui des exportations pour se situer à 217,6 MMDH. Cette hausse s’explique à hauteur de 60,1% par l’augmentation des achats de produits énergétiques. Hors facture énergétique, la hausse des importations s’établit à 3,3%, concernant les achats de biens d’équipement, de demi-produits, de produits bruts et de produits finis de consommation. De ce fait, le taux de couverture (TC) a baissé de 0,4 point, d’un an à l’autre, pour s’établir à 56,8%.
Timidité de l’export
Globalement, les exportations sont en progression, mais pas assez manifestement. Les exportations du secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire figurent parmi les plus importantes et représentent 22,7% du total. Ils se sont accrus durant le premier semestre de l’année de 8,3% à 28,1 MMDH. Cette évolution a résulté, essentiellement, de la hausse des exportations de l’industrie alimentaire de 6,5% à 14,9 MMDH et de celles des produits agricoles de 17,8% à 10,6 MMDH. Parallèlement, les exportations de phosphates et dérivés ont repris des couleurs. Elles se sont raffermies, en variation annuelle, de 8,9% pour s’établir à 21,4 MMDH à fin juin 2017, représentant ainsi 17,3% du total des exportations de biens contre 16,9% un an auparavant. Bien qu’étant toujours le premier secteur exportateur, l’automobile ne génère plus qu’une progression de 2,9%, assortie d’une valeur de 29,9 MMDH. Le secteur représente toutefois 24,2% du total des exportations de biens. Cette évolution recouvre, d’une part, la hausse des expéditions du segment «construction» de 3,6% à 16,4 MMDH et, d’autre part, le léger repli de celles du segment «câblage» de 0,5% à 10,7 MMDH. Pour leur part, les exportations des secteurs aéronautique et électronique se sont améliorées de 11,2% et de 7,1% respectivement, pour atteindre 5,1 et 4,7 MMDH. Pour sa part, le secteur du textile bataille pour maintenir de bonnes performances. Les ventes du secteur ont augmenté de 1,6% pour ressortir à 18,7 MMDH. Cette évolution recouvre la hausse des exportations des vêtements confectionnés de 2,1% à 11,9 MMDH et, dans une moindre mesure, de celles des articles de bonneterie de 0,8% à 3,7 MMDH, atténuée par le repli de celles des chaussures de 2,7% à 1,5 MMDH. Il est à noter, également, la progression des exportations du secteur de l’industrie pharmaceutique de 7,5% à 599 MDH. Enfin, le reste des exportations, soit l’équivalent de 12,3% des exportations totales, s’est accru de 13,5%.
Incompressible import
Côté importations, le diable est toujours dans les détails. L’import demeure composé de produits incompressibles et insubstituables avec, d’abord, des produits énergétiques en hausse. Ils se sont raffermis de 36,1% pour atteindre 33,5 MMDH, soit 15,4% du total des importations. Cette évolution s’explique par l’appréciation des achats des gas-oils et fuel-oils de 46,8% à 16,7 MMDH et du gaz de pétrole et autres hydrocarbures de 28% à 6,8 MMDH. S’agissant des autres postes de produits, les achats de biens d’équipement qui constituent le premier poste des importations nationales avec une part de 26,5% se sont accrus de 5,4% à 57,6 MMDH. Sur la courbe de la hausse figurent, également, les importations des demi-produits qui se sont appréciées de 2,4% à 48,7 MMDH, soit 22,4% du total des importations. De leur côté, les achats des produits bruts ont augmenté de 8,7% à 10 MMDH. De même, les achats de produits finis de consommation se sont accrus de 2,3% à 44,4 MMDH.
IDE, MRE et tourisme sauvent la mise
Concernant les autres flux financiers, ils ont été marqués par la hausse du flux des IDE de 20,1% pour atteindre 14,9 MMDH, recouvrant une légère hausse des recettes de 0,7% à 17,7 MMDH et un recul des dépenses de 46,3% à 2,8 MMDH. Cependant, les transferts des MRE et les recettes de voyages ont quasiment stagné à, respectivement, 29,3 et 26,3 MMDH, après 29,4 et 26,5 MMDH à fin juin 2016. Ces deux postes ont ainsi permis de couvrir 59,2% du déficit commercial, après 64,3% un an auparavant.