Désamorcer la bombe
Ce qui se passe dans le Rif devrait être traité avec beaucoup de doigté, sagesse et une approche où il n’y aurait ni gagnant ni perdant, car le Maroc est confronté aujourd’hui à deux risques majeurs. Primo, une débile catégorisation des citoyens marocains en deux camps avec l’irrémédiable danger de division ! Secundo, une asphyxie de l’économie qui a déjà perdu six mois de production du fait du blocage et dont ce «hirak» nous conduit droit vers une «année blanche». Sous-estimer une présence massive des grandes chaînes TV du monde sur place à Al Hoceïma, avec une couverture en continu de manifestations, de grèves des commerçants, d’interventions des forces de l’ordre est tout simplement un inexplicable aveuglement. Il ne faut pas être un génie de l’économie pour en prédire les conséquences immédiates.
Quand un grand pays comme l’Angleterre conseille à ses ressortissants d’éviter les provinces du nord, l’Espagne traite la crise au Parlement et quelques agences américaines commencent déjà à annuler des réservations de groupes touristiques, c’est que le capital majeur du pays, à savoir la stabilité politique, chèrement vendue à l’international, est en danger. Sans oublier que les fonds d’investissement étrangers sont aussi à l’écoute des battements de notre cœur.
La facture risque injustement d’être très lourde. C’est pourquoi la raison devrait l’emporter et vite, car le facteur temps compte en termes d’image et en milliards de dollars qui pourraient s’évaporer. L’unanimité autour des fondamentaux devrait aider à désamorcer la bombe en tournant cette douloureuse page tout en en tirant les enseignements, ô combien nombreux.