Mashrou Leila : Cinq Libanais dans le vent

Leur musique est envoûtante, leur charisme dépasse tout entendement et leurs mots ont du sens même pour ceux qui ne comprennent pas l’arabe. Mashrou Leila est une des valeurs sûres de la scène alternative libanaise. Les rockeurs de la nuit de Beyrouth ont donné deux beaux concerts les 21 et 22 avril à Rabat et à Casablanca, face à un public conquis.
Hamed Sinno, Haig Papazian, Carl Gerges, Omaya Malaeb, et Firas Abu-Fakhr ont débarqué au Maroc pour la deuxième fois, histoire d’aller à la rencontre de ce public marocain qui les chérit tant. Avec des chansons en arabe, engagées, sur fond de pop-rock indépendant telles que «Raskit Leila», «Fassateen», «Imm El Jacket» ou encore «Habibi», Mashrou Leila sillonne le monde sans jamais osciller, sans même se prendre au sérieux. Ceux qui se sont rencontrés et ont commencé à faire de la musique presque pour «passer le temps» à l’École d’architecture de Beyrouth il y a 10 ans, ont créé un véritable mouvement musical sans s’en rendre compte. «On ne pense jamais à combien nos albums sont bons, comme les gens le décrivent.
Pour dire vrai, on se lasse souvent de nos chansons et nous sommes très critiqués par rapport à elles. Je pense que c’est ce qui nous donne du recul», précise Carl Gerges, le batteur du groupe avant que le charismatique chanteur et leader du groupe Hamed Sinno n’ajoute : «Le public est toujours différent. Et c’est ce qui nous nourrit en tant qu’artistes. Mais jouer dans le monde arabe est toujours particulier. Tu joues une musique pour des gens qui sont concernés par cette musique, pour qui on a écrit cette musique. Même si jouer aux États-Unis ou en Europe est incroyable, jouer dans le monde arabe a beaucoup plus de significations pour nous». Et le monde arabe le leur rend bien. Ils sont revenus au Maroc ces 21 et 22 avril derniers avec deux concerts à la Renaissance de Rabat et au Studio des Arts Vivants de Casablanca, avec des chansons qui touchent, qui interpellent, qui font quelque chose au cœur et au corps.
Pourtant le groupe ne semble pas vouloir plaire à tout prix. «Nous ne créons pas pour faire plaisir aux gens, le process est un peu égoïste, on essaie de se contenter nous-mêmes avant tout. On ne joue pas ou on ne crée pas quelque chose pour plaire à tout prix. On essaie de le faire avec toute la sincérité possible et nous sommes encore tellement surpris de voir autant de monde adhérer à nos chansons. Nous sommes très chanceux», confie le violoniste Haig Papazian qui avoue assumer cette nouvelle notoriété avec légèreté pour continuer à être aussi authentique. 10 ans après, le groupe est plus fort, plus solide. Les musiciens ont appris à mieux se connaître. À se côtoyer, s’inspirer constamment, à se faire confiance, la musique de Mashrou Leila semble devenir meilleure avec le temps et 4 albums plus tard.
Avec un premier album qui frise le parfait, le groupe a su maintenir cette belle qualité et cet univers unique. «La musique évolue avec nous. Nous écrivons, nous suivons des instincts du moment, mais on ne sait pas vraiment où on va, où cela peut nous mener. Je ne sais même pas sur quoi je vais écrire avant que la musique soit là. Donc je ne peux pas vous dire à quoi ressemblera le prochain album, même moi je ne le sais pas», ajoute le leader du groupe qui a avoué vouloir rencontrer des artistes marocains pour d’éventuelles collaborations puisqu’il a gardé un bon souvenir de leur featuring avec Hindi Zahra.
En attendant le groupe travaille déjà sur un 5e album qui devrait voir le jour en 2018. «On se pose beaucoup de questions ! On est en train de réfléchir à écrire des chansons en anglais pour se faire comprendre dans le monde. On n’en est pas encore sûr. On se pose plein de questions».