La logique de Jouahri
Selon le gouverneur de la Banque centrale, «le retard de formation du gouvernement n’est pas pris en compte dans le modèle de Bank Al-Maghrib lors de la mesure des indicateurs économiques et financiers». Cette déclaration pourrait laisser croire que la non-formation du gouvernement n’a aucun impact sur l’économie du pays. C’est faux ! Il y a bel et bien une multitude de retombées négatives que la presse a largement développées.
La déclaration d’Abdellatif Jouahri est ambiguë, entre impact direct et calcul des indicateurs. Toutefois, au-delà des considérations techniques, considérer que l’impact de la non-formation du gouvernement est nul relève d’une analyse simpliste. Ce n’est un secret pour personne : depuis septembre 2016, veille des élections, l’économie marocaine est au ralenti pour ne pas dire à l’arrêt. Nos décideurs doivent quitter le confort des bureaux pour constater sur le terrain les souffrances des entreprises, l’explosion du chômage, la baisse des crédits bancaires, l’aggravation des délais de paiement, l’arrêt des chantiers, le gel des marchés publics…Si cela n’est pas un diagnostic de crise, on est alors en droit de se demander ce que c’est.
Retour à la réalité : après un dernier trimestre 2016 au ralenti, le premier trimestre 2017 confirme la gravité de la crise et il n’y a aucune visibilité pour pouvoir espérer une quelconque détente économique. Au-delà de cette décadence de l’économie réelle, les investissements se tassent, induisant le fait que l’emploi et la création de valeur sont à la traîne. Les opérateurs économiques tirent la langue et la sonnette d’alarme en même temps. Les politiciens vont-ils enfin se résigner à mettre fin à ce feuilleton de mauvaise facture ?