Street art : les 10 ans du Jidar-Rabat Street Art Festival

Jusqu’au 18 mai 2025, Rabat revêt à nouveau ses plus belles couleurs murales. Cette édition est marquée par la célébration du dixième anniversaire de ce rendez-vous qui rassemble les pointures du street art mondial et national.
Le Jidar-Rabat Street Art Festival a fait de Rabat un laboratoire d’art urbain qui accueille chaque année les plus grands muralistes du Maroc et du monde entier. Les quelque 160 fresques réalisées au fil des éditions constituent un précieux patrimoine appelé à s’enrichir toujours plus.
Le succès du Jidar repose sur l’échange : entre les artistes de différentes cultures (les performances murales), entre muralistes émergents et confirmés (le Mur collectif), entre les différentes disciplines artistiques (expositions en galerie, ateliers de sérigraphie…), mais aussi avec le public (talks, visites guidées) et les différentes structures artistiques partenaires du festival.
Y compris le public scolaire, qui fait son entrée cette année dans la programmation avec des ateliers de sensibilisation au muralisme, spécialement dédiés aux enfants.
Onze artistes venus de neuf pays différents
Les valeurs de partage qui innervent chaque projet du Jidar ont permis, au fil des éditions, de bâtir un écosystème solide, faisant émerger une culture du street art, des espaces de formation et des perspectives d’avenir pour les artistes marocains. Entre chemin parcouru et nouvelle voie à tracer, ce dixième anniversaire marque donc un moment charnière pour les organisateurs.
Le Jidar a décidé d’explorer de nouveaux horizons, toujours en cohérence avec son identité d’incubateur artistique. Partant du constat que les street-artistes marocains ont la particularité d’être issus du milieu des fanzines et de la bande dessinée, le festival a d’élargi ses activités au dessin sous toutes ses formes.
Pendant deux semaines, les cultures du monde entier se frottent à l’imaginaire collectif marocain et se projettent sur les murs de Rabat, faisant du festival un terrain d’expérimentation artistique où les identités se croisent et se nourrissent mutuellement.
Cette année, les nacelles du Jidar accueillent onze artistes issus de neuf pays différents, qui laisseront leur empreinte sur onze murs de la capitale : Bezt (Pologne), Ratur (France), Smithe (Mexique), Demsky (Espagne), Simo – Kyosuke Shimogori (Japon), Nean (France), Lonac (Croatie), Iota (Belgique), Murfin (Espagne), Yankamanta (Équateur), Masawi (Maroc) et Azhar (Maroc), sans oublier Hideyuki Katsumata (Tokyo), Iván Mcgill (Madrid) et Blue Crab (Maroc) pour les paysages cubiques.
Le Mur collectif
Sur le Mur collectif bouillonnent les idées et le talent des street-artistes de demain, dans un joyeux esprit d’équipe. Sélectionnés à l’issue d’un appel à candidatures, 12 apprentis, de jeunes artistes, étudiants en école d’art ou passionnés de street art, s’essayent au muralisme en profitant de l’expérience de leurs aînés, dans une liberté de création et d’expérimentation totale.
Cette année, l’artiste marocain Reda Boudina animera cet espace collaboratif qui a vu émerger en dix ans la plupart des grands noms de la scène urbaine actuelle. Cette dixième édition du Mur collectif propose une relecture de l’héritage artistique marocain. Pour cela, Reda Boudina invite son équipe à s’approprier le vocabulaire pictural de trois figures de la peinture moderne : Mohamed Melehi, Farid Belkahia et Chaïbia Talal.
La consigne n’est pas de reproduire leurs œuvres de façon littérale, mais de s’inspirer de leur démarche enracinée dans l’imagerie vernaculaire marocaine, afin de créer un dialogue fécond entre patrimoine et création contemporaine.
Jidar Kids, comme son nom l’indique
Puisque les enfants sont les artistes de demain, la programmation du festival intègre une nouvelle activité, les ateliers Jidar Kids. Cet espace de libre expression accueillera une cinquantaine d’élèves issus des écoles de la ville.
Par petits groupes de huit, accompagnés de leurs professeurs, ils s’initieront à la création murale aux côtés de Mehdi Annassi, alias Machima, à qui l’on doit également l’affiche 2025 du festival représentant des enfants en train de dessiner au sol.
Ainsi, la jeune génération est invitée à réaliser une fresque commune, une façon ludique et pédagogique de prolonger l’univers graphique du Jidar en se plaçant à hauteur d’enfant, dans une ambiance festive et bienveillante, tout en perpétuant les valeurs fondatrices du festival : apprentissage, à travers l’exploration des couleurs et des formes; partage, à la faveur d’un moment collectif en plein air; et citoyenneté, en rendant les enfants acteurs de leur ville et de la préservation de leur héritage culturel. La présentation du résultat final aura lieu le 18 mai.
Fanzine, podcast et paysages cubiques
Le Jidar investit cette année le parc Hassan II de Rabat, avec l’installation «Paysages cubiques», composée de trois cubes de trois mètres de côté sur lesquels interviendront BlueCrab (Maroc), Hideyuki Katsumata (Japon) et Iván McGill (Espagne). Ces trois artistes ont autant de façons de concevoir le dessin, entre bande dessinée, illustration et art graphique.
Pendant deux semaines, chacun dans son style, ils recouvriront les faces vierges de leur cube afin de produire une œuvre pluridimensionnelle que le public découvrira lors de la visite guidée programmée les 17 et 18 mai. Pendant ce temps, l’artiste marocain Ayoub Abid, alias Normal, animera la fabrication d’un fanzine imprimé, dont les pages constitueront le prolongement graphique et éditorial des dessins réalisés sur les cubes. Ce fanzine sera présenté le 16 mai lors de l’enregistrement du Jidar Podcast.
Dans cet épisode, BlueCrab, Hideyuki Katsumata et Iván McGill évoqueront les connexions entre leurs disciplines respectives. Disponible librement sur les principales plateformes de streaming, ce nouvel espace d’écoute invite à découvrir autrement les artistes, les œuvres et les énergies qui animent les rues de Rabat pendant le Jidar. Enfin, trois circuits de visite guidée, Hassan, Océan et Yacoub El Mansour, sont proposés les 17 et 18 mai 2025, à 10h30. Elles sont gratuites, mais sur inscription via le site web du Jidar-Rabat Street Art festival.
Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO