Fusion Honda/Nissan : une alliance stratégique pour l’avenir de l’électrique
Lundi, deux géants de l’automobile japonaise, Honda et Nissan, ont annoncé l’ouverture de négociations en vue d’une fusion qui pourrait bouleverser le paysage mondial du secteur. Cette union ambitionne de créer le troisième constructeur mondial en réponse aux défis d’un marché en pleine mutation.
Face à l’essor fulgurant des véhicules électriques, dominé par Tesla et les groupes chinois comme BYD, Honda et Nissan s’apprêtent à unir leurs forces. L’objectif est clair : combler leur retard technologique et répondre aux exigences d’un marché toujours plus concurrentiel. Dépendants des performances du marché chinois, où leurs ventes ont chuté, les deux groupes espèrent ainsi sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement et optimiser les coûts grâce à des économies d’échelle.
Selon le protocole d’accord signé, une entité commune devrait voir le jour sous la forme d’une holding unique, avec une introduction en bourse prévue pour août 2026.
Une situation critique pour Nissan
Pour Nissan, cette fusion revêt une importance vitale. Fragilisé par une dette élevée et des pertes récentes, le constructeur traverse une période de turbulences, marquée par des suppressions d’emplois et une réorganisation drastique de ses capacités de production.
Aux États-Unis comme en Chine, Nissan peine à se positionner face à la concurrence des hybrides rechargeables et des véhicules électriques locaux. Toshihiro Mibe, PDG de Honda, a cependant posé des conditions fermes : Nissan devra prouver sa capacité à réduire ses coûts et à relancer ses ventes pour que le projet avance.
Une opportunité pour Honda
Pour Honda, plus solide financièrement, cette alliance est perçue comme une opportunité stratégique. Le constructeur, qui aspire à commercialiser exclusivement des véhicules électriques d’ici 2040, pourrait accélérer ses ambitions grâce à l’élargissement des ressources et à des technologies partagées.
Cependant, l’échec récent d’un partenariat avec General Motors illustre les défis d’une telle entreprise. L’intégration de Mitsubishi Motors, déjà partenaire de Nissan, reste également en suspens, avec une décision attendue d’ici janvier.
Une fusion contestée
Malgré l’enthousiasme apparent, des critiques émergent. Carlos Ghosn, ancien patron emblématique de Nissan, qualifie ce rapprochement de «solution désespérée». Il met en garde contre les luttes de pouvoir internes et les défis colossaux que le nouveau groupe devra affronter face à des acteurs majeurs comme Tesla, Toyota ou les constructeurs chinois.
L’influence persistante de Renault, actionnaire principal de Nissan, pourrait également compliquer le processus. Bien que le constructeur français ait réduit sa participation, il conserve une voix prépondérante dans les décisions stratégiques.
Un pari audacieux
En toile de fond, cette fusion pourrait marquer la fin d’une époque pour Nissan, longtemps partenaire de Renault, et le début d’une nouvelle ère pour l’industrie automobile japonaise. Reste à savoir si cette alliance saura répondre aux attentes du marché et relever les défis d’un secteur en perpétuelle mutation.
Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO