Marchés mondiaux. Le Top 5 des secteurs de service les plus exportés par le Maroc en 2023
La performance des services exportateurs du Maroc reflète les efforts du Royaume pour se positionner sur des secteurs à plus forte valeur ajoutée, créateurs d’emplois qualifiés et moins exposés à la concurrence par les coûts. Le Royaume mise également sur des stratégies marketing ciblées, le renforcement des compétences et l’accompagnement des entreprises pour accélérer cette dynamique vertueuse malgré les défis de la concurrence mondiale. Voyage dans le Top 5 des secteurs de service les plus exportés par le Maroc en 2023, qui va du tourisme au numérique en passant par le transport et la sous-traitance industrielle.
Les chiffres de la balance des paiements et de la position extérieure globale du Maroc pour l’année 2023 confirment la dynamique ascendante des exportations de services du Royaume. Avec un solde excédentaire record de 132,6 milliards de dirhams, en hausse de 14,6% par rapport à 2022, le secteur des services confirme son rôle clé dans l’économie nationale.
Zoom sur le Top 5 des services les plus exportés en 2023. Par ordre de contribution aux recettes du pays, le secteur des voyages et du tourisme constitue la première composante des exportations de services avec 104,7 milliards de dirhams de recettes en 2023 (+11,5%). Viennent ensuite les Transports qui se classent comme deuxième secteur exportateur de services en 2023. Puis les Télécommunications, Informatique et Information dopé par l’appétit mondial pour les services de télécommunications, le travail à façon dans l’industrie manufacturière, pour terminer avec les activités à forte valeur ajoutée comme l’ingénierie, les études techniques ou le conseil.
Le Maroc, destination phare du tourisme mondial
Les chiffres sont éloquents : avec 104,7 milliards de dirhams de recettes touristiques en 2023, soit une hausse de 11,5% sur un an, le Maroc confirme son statut de destination touristique incontournable. Plus impressionnant encore, ces recettes dépassent de 33% le niveau d’avant la pandémie de 2019, témoignant d’un rebond spectaculaire du secteur.
Au cœur de cette réussite, les voyages à titre personnel qui représentent l’essentiel des entrées touristiques avec un solde excédentaire en progression de 8,2% à 77,3 milliards de dirhams. Une performance portée par la stratégie offensive du Royaume pour séduire les clientèles européennes, premier bassin émetteur.
La France confirme sa place de marché numéro un avec 33,6 milliards de recettes, en hausse de 8,4%. Mais c’est l’Espagne, avec une croissance de 14,1% à 16 milliards, et l’Italie (+9,6% à 7,6 milliards) qui enregistrent les plus fortes progressions, signe d’un rayonnement touristique accru du Maroc sur ces marchés matures. Plusieurs facteurs expliquent cet engouement renouvelé pour la destination Maroc. Un positionnement tarifaire très compétitif post-pandémie, renforcé par un programme de rénovation des infrastructures hôtelières et de diversification de l’offre, des campagnes de communication ciblées, ou encore la levée des restrictions sanitaires.
Le Royaume a également misé sur une approche flexible et rassurante auprès des tour-opérateurs pour restaurer la confiance. Parallèlement, le développement de nouvelles dessertes aériennes à bas coûts a permis de capter de nouveaux segments de clientèles, tout comme la montée en puissance des réservations en ligne. Avec de tels résultats, le Maroc conforte sa place dans le Top 20 des destinations mondiales les plus prisées. Et les perspectives restent excellentes grâce aux atouts naturels d’un pays pluriel, entre plages, montagnes, désert et patrimoine millénaire. Un réel atout pour une destination qui vise désormais le haut de gamme et l’écotourisme.
Le transport aérien et maritime, deux moteurs en plein redécollage
Deuxième contributeur aux exportations de services en 2023 avec près de 40 milliards de dirhams de recettes, le secteur du transport poursuit sa remontée en puissance au Maroc. Malgré un solde déficitaire global, celui-ci s’allège de 14,6% grâce aux performances remarquables du transport aérien et maritime.
C’est le transport aérien qui enregistre la plus forte croissance, avec des recettes en hausse de 30,6% à 17,2 milliards de dirhams. Une envolée spectaculaire portée par la reprise du trafic passagers après les turbulences de la pandémie. «Le transport de passagers, réalisé majoritairement par voie aérienne avec une part de 93% en 2023, enregistre un solde excédentaire de 8,3 milliards de dirhams contre 7,6 milliards une année auparavant», confirme le rapport de l’Office des changes. Les compagnies aériennes nationales ont en effet profité d’un environnement porteur, avec la réouverture des frontières, la levée des restrictions et le rebond de la demande touristique mondiale. Dans ce contexte favorable, elles ont pu déployer de nouvelles stratégies commerciales agressives pour reconquérir les parts de marché perdues.
Le transport maritime n’est pas en reste, avec des recettes en progression de 1,5% à 19,7 milliards de dirhams, soit la plus grosse contribution sectorielle. Une performance rendue possible par le dynamisme retrouvé des échanges commerciaux et le bon positionnement du Maroc comme hub logistique régional. Les investissements massifs consentis ces dernières années dans la modernisation des infrastructures portuaires, le renouvellement des flottes et la digitalisation des process ont également permis de gagner en compétitivité face à une concurrence régionale féroce. Au-delà des retombées financières, cette bonne santé du transport confirme la capacité du Maroc à tirer parti de son positionnement stratégique pour se placer sur la carte des grandes routes commerciales mondiales. Un atout décisif pour l’attractivité du Royaume sur les marchés internationaux et le développement de nouveaux secteurs à l’export.
Les services numériques tirent leur épingle du jeu
Avec 23,5 milliards de dirhams de recettes à l’export en 2023, en hausse de 11,6%, le secteur des télécommunications, de l’informatique et de l’information s’affirme comme l’un des fers de lance des services exportateurs marocains. Un essor porté par le dynamisme du numérique et des technologies de l’information à l’échelle mondiale.
Les télécoms restent le premier moteur avec 11,7 milliards de recettes, en progression de 12,5% sur un an. Un résultat qui s’explique notamment par le déploiement rapide des réseaux très haut débit fixe et mobile au Maroc, ouvrant de nouveaux débouchés à l’international pour les opérateurs nationaux en termes d’infrastructures, de services managés ou de solutions Cloud.
Mais la véritable pépite se trouve dans l’informatique, avec des revenus équivalents de 11,7 milliards de dirhams. «Les recettes des services d’informatique représentent 49,9% du total des recettes de la rubrique», souligne le rapport.
L’essor fulgurant du digital et du e-commerce mondial offre en effet de formidables opportunités pour les sociétés de services informatiques et d’infogérance marocaines. Bénéficiant d’une main-d’œuvre qualifiée à coûts compétitifs, d’un environnement juridique et fiscal avantageux et d’une proximité culturelle et linguistique avec l’Europe, les SSII du Royaume ont su conquérir de substantielles parts de marché, notamment en France, en Espagne et dans la zone MENA. Leur montée en gamme est également remarquable, puisqu’elles proposent désormais des prestations à forte valeur ajoutée comme l’infogérance de systèmes critiques, le développement d’applications métiers, le conseil IT ou encore les services de cybersécurité.
Soulignons que pour accompagner cette dynamique vertueuse, le Maroc mise sur la formation de milliers d’ingénieurs et techniciens spécialisés, le renforcement des infrastructures de connectivité et la création de nouveaux clusters et incubateurs technologiques. De quoi positionner durablement le Royaume comme un hub régional de l’économie numérique.
Le travail à façon marocain, étoile montante du «Made in Morocco»
Après un creux lié à la crise du Covid-19, le travail à façon industriel marocain signe un retour fracassant en 2023. Avec 21,2 milliards de dirhams de recettes à l’export, en hausse de 11,4%, il atteint des niveaux record sur les 5 dernières années selon les données officielles.
«Les recettes des services de transformation s’accroissent de 11,4% ou +2,2 milliards pour atteindre le niveau le plus élevé durant les cinq dernières années», confirme le rapport de l’OC. Une performance remarquable qui conforte le positionnement du Royaume comme plateforme industrielle compétitive pour la sous-traitance de rang mondial. Le pays capitalise sur ses atouts en termes de main-d’œuvre productive, de proximité avec les marchés européens et d’environnement économique et réglementaire avantageux.
Le secteur automobile en est l’illustration parfaite. Surfant sur l’implantation des équipementiers majeurs comme Renault ou Stellantis, tout un écosystème de PME spécialisées dans la transformation des matières plastiques, la métallurgie ou le câblage s’est développé pour répondre à la demande.
Le textile demeure également un pilier du travail à façon, l’expertise séculaire des ateliers marocains étant très prisée par les marques internationales pour la confection haut de gamme ou la maroquinerie de luxe.
Mais le Maroc ambitionne désormais d’aller plus loin avec l’aéronautique, les énergies renouvelables, l’électronique ou encore l’agroalimentaire. Des filières où il peut s’appuyer sur un vivier de compétences qualifiées, des politiques d’investissements ciblées et le développement de zones industrielles intégrées. Cette offensive tous azimuts vise à faire du Royaume un acteur incontournable de la fabrication outsourcée et de la sous-traitance industrielle de pointe en s’appuyant sur l’innovation, la montée en gamme et la création de plus de valeur ajoutée locale.
L’objectif : multiplier les coopérations gagnant-gagnant avec les grands donneurs d’ordre européens, asiatiques et américains tout en formant une nouvelle génération de patrons entrepreneurs portée par la dynamique du Made in Morocco.
Les Autres services aux entreprises, le nouveau joyau de l’export marocain
Avec une envolée de 23,5% à 35,2 milliards de dirhams en 2023, les exportations des «Autres services aux entreprises» confirment leur rôle de locomotive pour la balance commerciale marocaine. Cette progression fulgurante, qui représente la principale contribution à la hausse du solde excédentaire global des «autres services» (+17,2% à 28,7 milliards), illustre la montée en puissance du Royaume sur des activités à forte valeur ajoutée. Fini les clichés d’un Maroc cantonné à la sous-traitance bas de gamme, le pays fait aujourd’hui figure d’acteur incontournable sur des créneaux de pointe comme l’ingénierie, les études techniques ou le conseil en management. Des secteurs stratégiques où il profite d’un vivier de compétences techniques et linguistiques de haut niveau à des coûts très compétitifs. Ce positionnement gagnant a permis au Royaume d’attirer de nombreux projets d’externalisation et de centres de services partagés d’entreprises multinationales, séduites par la proximité géographique et culturelle avec l’Europe. Aéronautique, automobile, énergie, finance, services informatiques : autant de domaines où les cabinets d’études et d’ingénierie-conseil marocains brillent désormais par leur expertise. Pour accompagner cette dynamique vertueuse, le Maroc peut s’appuyer sur une stratégie volontariste de formation d’excellence, de soutien à l’entrepreneuriat innovant et à l’essaimage de centres de compétences à l’instar de Casanearshore et plusieurs Technopark.
Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO