Monde

Turbulences internationales : Bercy promet stabilité et soutien aux entreprises françaises

Sous tension économique et diplomatique, le gouvernement cherche à rassurer les milieux patronaux. À travers un “Conseil des entreprises”, les ministres de Bercy tentent d’offrir visibilité et gages de compétitivité.

À l’heure où l’Union européenne redoute une nouvelle salve de droits de douane américains, où la croissance ralentit et où les marges de manœuvre budgétaires s’amenuisent, les ministres économiques du gouvernement multiplient les gestes à l’égard du patronat. Hier lundi, Éric Lombard (Économie), Amélie de Montchalin (Comptes publics), Marc Ferracci (Industrie et Énergie) et Véronique Louwagie (Commerce et PME) ont réuni les principales organisations représentatives des entreprises (Medef, Afep, CPME, U2P) dans le cadre d’un «Conseil des entreprises», le troisième depuis avril.

Objectif affiché : dialoguer «dans un moment difficile pour notre économie», selon les mots d’Éric Lombard, et surtout apporter aux entreprises des garanties de stabilité alors que s’accumulent les incertitudes commerciales et budgétaires. La réunion a permis d’aborder les principaux enjeux du moment : le projet de Loi de finances pour 2026, la menace de surtaxes américaines, la compétitivité industrielle européenne et les efforts de simplification administrative.

Budget 2026 : pas de nouvelle charge, promet Bercy
Depuis la présentation du plan de redressement des finances publiques par le Premier ministre François Bayrou le 15 juillet, les milieux économiques guettent les lignes rouges du gouvernement. Le projet prévoit un effort budgétaire de 43,8 milliards d’euros dès 2026, via un gel des prestations sociales, des retraites et des dépenses hors Défense. Mais du côté des entreprises, pas de nouvelle ponction prévue : la surtaxe sur l’impôt sur les sociétés, instaurée à titre exceptionnel en 2025, ne sera pas reconduite.

«Il est essentiel de ne pas alourdir la fiscalité ni les charges pesant sur les entreprises», a insisté Éric Lombard. «La compétitivité reste le meilleur levier pour soutenir l’activité, créer de l’emploi et préparer l’avenir». Une ligne de conduite confortée par Amélie de Montchalin, qui a promis des «preuves d’amour» aux entreprises, au-delà des déclarations d’intention. «Ces preuves, c’est la stabilité, les conditions d’investissement, les garanties de financement», a-t-elle affirmé, appelant à leur offrir une «prévisibilité indispensable».

Menaces américaines et riposte européenne
Mais ce soutien intérieur ne saurait masquer les nuages qui s’amoncellent sur le front international. L’Union européenne pourrait, dès le 1er août, faire face à des droits de douane de 30% imposés par les États-Unis, en particulier sur certains produits industriels sensibles. Une menace que Paris prend très au sérieux. «La concurrence est rude, notamment avec les États-Unis et la Chine. Si aucun accord équilibré n’est trouvé avec Washington, l’Union se réserve le droit de réagir», a prévenu Éric Lombard, évoquant des «contre-mesures» qui seraient «proportionnées».

Dans l’attente, le ministre de l’Industrie Marc Ferracci entend mobiliser les forces industrielles. Il réunira dans les prochains jours un Conseil national de l’industrie «exceptionnel» pour évaluer l’impact potentiel de ces mesures sur les filières françaises. L’enjeu, selon lui, est aussi européen : «Il faut sortir de la naïveté commerciale. Nos industriels, notamment dans l’acier et la chimie, doivent être mieux protégés. Cela passe par des clauses de sauvegarde, c’est-à-dire des quotas d’importation ciblés».

Dialogue renforcé avec les partenaires sociaux
Alors que les syndicats seront reçus mardi à Bercy, cette séquence de consultations vise à démontrer que le gouvernement reste à l’écoute de ses partenaires économiques et sociaux, dans un contexte d’instabilité politique après les législatives de juin.

Le «Conseil des entreprises», lancé en avril, s’impose progressivement comme un canal privilégié de concertation sur les grands enjeux économiques. En creux, cette mobilisation traduit aussi une inquiétude : celle de voir se tendre les relations entre le pouvoir et le monde économique à mesure que les exigences budgétaires se durcissent. Les représentants patronaux, s’ils ont salué le maintien de la stabilité fiscale, attendent désormais des mesures concrètes pour alléger les contraintes réglementaires et renforcer les incitations à investir.

Le gouvernement promet d’y travailler, notamment via une nouvelle vague de simplification administrative, en lien avec les territoires. Un exercice d’équilibre entre rigueur budgétaire, soutien à la compétitivité et pilotage politique d’une économie fragilisée, qui devra se prolonger tout au long de l’automne parlementaire.

J.G. avec agences / Les Inspirations ÉCO



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