Artisanat : la création du Conseil national ouvre une nouvelle ère
Le secteur artisanal a franchi une étape cruciale avec la naissance du Conseil national de l’artisanat (CNA). Lors de sa première réunion, une commission spécifique a été constituée pour élaborer et soumettre au Chef du gouvernement une stratégie de développement du secteur.
C’est un nouveau cap qui se profile pour le secteur artisanal avec la naissance du Conseil national de l’artisanat, lequel a tenu sa première réunion, mardi 16 juillet, dans le cadre de la loi n° 50.17, visant à moderniser et structurer l’exercice des activités artisanales.
Ont pris part à cette réunion, la ministre de l’Économie et des Finances, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, du Travail et des Compétences, le ministre de l’Industrie et du Commerce, la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, le ministre des Transports et de la Logistique, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication ainsi que de nombreux acteurs clés du secteur.
Cette initiative, présidée par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, promet de donner une forte impulsion à cette branche d’activité vitale pour l’économie nationale.
Ladite réunion a d’ailleurs été marquée par la constitution de la commission spécifique chargée de préparer la nouvelle feuille de route stratégique pour le développement du secteur. Celle-ci sera «présentée au Chef du gouvernement dans un avenir proche», selon les déclarations de la présidente de la Chambre d’artisanat de la région de Casablanca-Settat, Jalila El Morsli. Elle présentera une vision qui tracera les grandes lignes de programmes destinés à soutenir les artisans et à favoriser la commercialisation de leurs produits.
Des enjeux et des opportunités
Lors de la réunion inaugurale du CNA, Akhannouch a rappelé le rôle essentiel de ce secteur, non seulement en tant que moteur économique, mais aussi comme pilier de l’identité culturelle marocaine. Le CNA a pour mission de proposer des mesures concrètes pour dynamiser, moderniser et développer le secteur artisanal.
Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, a souligné l’importance de cette structure pour renforcer la compétitivité des artisans. Le secteur contribue à hauteur de 7% au PIB et emploie environ 2,5 millions de personnes, jouant un rôle crucial dans la préservation du patrimoine matériel et immatériel du pays.
La ministre a présenté un bilan détaillé des initiatives phares lancées par le gouvernement depuis 2021 dans le secteur de l’artisanat. L’accélération de la mise en œuvre de la loi 50.17, avec la publication de ses textes d’application, ainsi que le lancement réussi du Registre national de l’artisanat, témoignent des avancées significatives réalisées. Plus de 400.000 artisans ont déjà été inscrits sur ledit registre, illustrant la volonté de formaliser et de structurer ce secteur. Il faut dire que la mise en place du CNA répond à plusieurs enjeux majeurs. La conservation du patrimoine est l’un des principaux objectifs, l’artisanat marocain étant un élément clé de l’identité culturelle du pays. Dans ce cadre, le CNA vise à préserver et valoriser ce patrimoine à travers des initiatives de soutien aux artisans.
En parallèle, la généralisation de la couverture sociale pour les artisans est également prioritaire. Plus de 647.000 artisans ont déjà été enregistrés à l’Assurance maladie obligatoire, ce qui constitue un pas significatif vers l’amélioration de leurs conditions de vie. Le développement des compétences est un autre pilier essentiel pour garantir la qualité et la compétitivité des produits artisanaux. Le CNA travaille en collaboration avec divers secteurs pour offrir des formations adaptées aux besoins des artisans.
Pour améliorer la présence internationale de l’artisanat marocain, le CNA se concentre sur des stratégies de commercialisation et de valorisation des exportations. Cependant, le secteur artisanal marocain fait face à plusieurs défis. La modernisation des structures traditionnelles doit se faire sans perdre l’authenticité des produits. L’approvisionnement en matières premières représente également un enjeu majeur, avec la nécessité d’assurer un accès régulier et à coût raisonnable pour les artisans. En outre, la mise en place de mécanismes de financement adaptés est cruciale pour permettre, à ces derniers d’investir dans leur activité. Malgré ces défis, de nombreuses opportunités s’offrent au secteur.
En effet, l’innovation dans les techniques de production, tout en respectant les savoir-faire traditionnels, peut ouvrir de nouvelles perspectives. Le lien étroit entre le tourisme et l’artisanat offre également des opportunités économiques significatives, en attirant les visiteurs intéressés par les produits artisanaux authentiques. Réunissant l’ensemble des parties prenantes du secteur (organismes professionnels, établissements publics, départements ministériels, experts et représentants des artisans), la synergie créée par le CNA permettra d’identifier des pistes de progrès, de proposer des solutions innovantes, d’élaborer les mesures législatives et réglementaires nécessaires et de coordonner les actions.