Pharmaciens/Tutelle : la pilule du dialogue commence à faire effet
La grève préventive des centrales syndicales les plus représentatives semble porter ses fruits. Le ministère de la Santé et les pharmaciens multiplient les rencontres afin de parvenir à surmonter leurs différends.
Le dialogue entre le ministère de la Santé et les centrales syndicales nationales des pharmaciens commence à porter ses fruits. Après la signature d’une convention le 15 avril, les deux parties multiplient les rencontres, affichant ainsi leur volonté de travailler ensemble pour venir à bout des défis auxquels les pharmaciens sont confrontés. «Nous avons eu mercredi une réunion de quatre heures et nous avons abordé plusieurs points», nous informe Tadlaoui Mohamed Mounir, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM).
Dialogue «permanent»
Contacté par nos soins, Tadlaoui indique que cette rencontre, qui a duré plusieurs heures, vient s’ajouter à deux réunions tenues suite à la grève préventive du 13 avril dernier, laquelle avait été suivie par 99,99% des officines, selon l’estimation des syndicalistes. Cette démarche, poursuit notre interlocuteur, s’inscrit dans la continuité du dialogue social et fait suite à la rencontre tenue avec le ministre de la Santé le 6 avril 2023. Aujourd’hui, si les deux parties en sont encore au stade du dialogue, certaines mesures commencent à émerger des négociations.
«Le ministère de la Santé va sortir une nouvelle circulaire dans les jours à venir. Celle-ci est relative au respect du circuit de distribution dans toutes ses composantes», affirme le SG de la FNSPM, optimiste du reste quant à la suite à donner à la réunion de travail et technique organisée sous la présidence du directeur de la Direction des médicaments et de la pharmacie, entre autre responsables du département de la Santé. D’autres rencontres figurent sur l’agenda des deux parties car la liste des revendications des professionnels est longue.
En effet, ces derniers souhaitent que la régionalisation du Conseil de l’Ordre des pharmaciens, un des grands chantiers de la profession pharmaceutique au Maroc, devienne réalité. Ils dénoncent, par ailleurs, l’effritement de leur monopole sur les médicaments ambulatoires, la non-rémunération de l’acte de dispensation du pharmacien d’officine et l’anarchie qui règne en matière de distribution des produits vétérinaires.
Selon la Fédération, il est inconcevable qu’on garde encore dans notre arsenal des lois obsolètes. «Nous demandons l’adoption et la promulgation du projet de loi n°98-18 relatif à l’Ordre des pharmaciens du Maroc».
Outre la promulgation des décrets d’application relatifs aux lois n°17-04 portant Code du médicament et de la pharmacie et n°12-84 régissant les dispositifs médicaux, les pharmaciens souhaitent que le circuit de distribution des médicaments soit revisité. Il faut noter que dans le cadre de l’accord conclu, le ministère de la Santé a exprimé sa volonté d’étudier la mise en œuvre du projet de loi n°98-18 relatif à l’Ordre national des pharmaciens. Il a également été convenu de la nécessité d’impliquer la profession dans tous les projets en cours les concernant et s’est engagé à assurer le suivi des différents acteurs du secteur de la santé, afin de respecter le cadre légal des médicaments dans le plein respect des exigences de la loi 17-04. Reste toutefois à revoir le système de rémunération pour encourager le recours aux génériques, en actant le transfert de marge pour cette catégorie de médicaments, recommandent les syndicalistes.
«L’idée c’est d’avoir des réunions régulières et plus souvent», pour discuter et trouver des réponses à toutes ces revendications, souligne le SG de la FNSPM.
Les syndicalistes rappelle qu’ils n’ont pas que «la tutelle comme interlocuteur, car il y a des points de négociations qui nécessitent l’implication d’autres départements, notamment le ministère de l’Économie et des finances ainsi que la Direction générale des impôts qui s’occupent du système de la rémunération et de la fiscalité». C’est dans ce sens que des réunions sont prévues avec des responsables d’autres départements.