Maroc

Croisières, port de plaisance, chantiers navals : l’ANP trace sa nouvelle feuille de route

L’Agence nationale des ports engage une nouvelle phase de réflexion pour redéployer les segments portuaires à forte valeur ajoutée. Croisière, plaisance, transport de passagers et chantiers navals font l’objet d’une étude approfondie destinée à poser les bases d’un repositionnement ambitieux. L’enjeu est de transformer ces activités encore sous-exploitées en leviers stratégiques de compétitivité, d’attractivité et de souveraineté maritime.

L’Agence nationale des ports (ANP) engage une réflexion stratégique de fond autour de quatre segments d’activité portuaire à fort potentiel, à savoir la croisière, la plaisance, le transport de passagers et les chantiers navals. À travers le lancement d’une nouvelle étude d’envergure, l’institution entend poser les fondations d’un plan d’action structurant, aligné sur la Stratégie portuaire nationale 2030 et les ambitions industrielles du Royaume.

Des segments à haute valeur ajoutée, encore sous-exploités
Si les ports affichent une performance croissante en matière de commerce international et de connectivité logistique, certains maillons restent insuffisamment valorisés. C’est le cas notamment de la plaisance, de la croisière ou des chantiers navals, qui peinent à s’inscrire dans des trajectoires de croissance structurée. Pourtant, le potentiel est réel.

Le Maroc dispose d’atouts géostratégiques majeurs, façade atlantique étendue, proximité des flux méditerranéens et africains, croissance touristique, qui peuvent être mobilisés pour stimuler ces segments. Côté chantiers navals, le Plan directeur portuaire 2030 prévoit déjà des infrastructures dédiées.

L’enjeu est désormais de passer d’une logique d’opportunité à une véritable stratégie industrielle, avec des écosystèmes intégrés autour de la réparation, de la construction et du démantèlement naval. L’étude commandée par l’ANP vise à fournir un diagnostic exhaustif de chaque segment. Il est question non seulement d’évaluer les infrastructures existantes, les modèles de services, la gouvernance et la réglementation, mais aussi d’analyser les attentes des usagers et les performances économiques. Une approche business-oriented est attendue, avec la réalisation de business plans par segment, et l’identification d’indicateurs de performance.

Le dispositif s’articule autour de quatre missions complémentaires, à savoir un diagnostic approfondi de la situation actuelle, une évaluation détaillée de la qualité des services portuaires, un benchmarking international des ports concurrents afin d’identifier les meilleures pratiques, et enfin l’élaboration d’un plan stratégique assorti d’une feuille de route opérationnelle déclinée à court, moyen et long terme.

Vers un repositionnement stratégique sur l’échiquier maritime
Pour bâtir cette nouvelle vision, l’étude devra également se nourrir des meilleures pratiques internationales. L’enjeu est de positionner les ports marocains dans les radars des investisseurs, opérateurs de croisière, chantiers navals ou plaisanciers à l’échelle euro-méditerranéenne et africaine.

Le benchmarking portera, notamment, sur les modèles économiques, les mécanismes de gouvernance, les dispositifs d’incitation, les pratiques de digitalisation et les exigences de durabilité environnementale (propulsion verte, zéro émission à quai, etc.). Le tout avec une volonté de localisation des compétences et de participation active des experts nationaux, exigence forte du cahier des charges, qui impose au moins 20% d’expertise marocaine pour les bureaux étrangers.

Au-delà du périmètre strict des ports, l’ANP inscrit cette initiative dans une logique plus large de renforcement de la souveraineté logistique et de valorisation des chaînes de valeur maritimes. L’objectif est double, renforcer la compétitivité des segments étudiés, mais aussi accroître leur rôle de levier pour d’autres filières, tourisme, industrie navale, économie bleue, innovation.

Le plan d’action attendu devra ainsi proposer des investissements prioritaires, des modèles de partenariat public-privé, et des recommandations réglementaires favorisant un cadre attractif. À terme, les ports de croisière, de plaisance ou les chantiers navals ne seront plus considérés comme des «activités secondaires», mais comme des relais de croissance stratégique à part entière.

Une dynamique alignée sur les ambitions nationales
Cette étude s’inscrit dans un contexte institutionnel en mutation, marqué par la réforme de la gouvernance des établissements publics, les nouvelles exigences de la politique actionnariale de l’État (PAE), et la mise en œuvre de la Charte de l’investissement.

Elle offre à l’ANP une opportunité de repositionner son rôle au cœur des politiques sectorielles du Royaume, en y intégrant les impératifs de durabilité, d’innovation, de qualité de service et de pilotage stratégique.

Le défi est de taille : passer d’une gestion segmentée à une vision transversale, intégrée et anticipatrice. Mais l’ambition est claire, faire des ports marocains, dans toutes leurs composantes, des catalyseurs de valeur durable au service du développement national.

Plaisance et croisière, un segment porteur mais encore à structurer

Le Maroc dispose d’un potentiel maritime à haute valeur ajoutée encore sous-exploité, notamment dans les segments de la plaisance et de la croisière. Sur le front de la plaisance, Tanja Marina Bay à Tanger, inaugurée en 2018, compte déjà 1.400 postes d’amarrage pour des unités allant de 7 à 90 mètres, tandis que la Bouregreg Marina à Rabat-Salé offre 250 anneaux, avec une extension prévue jusqu’à 340 places.

La Marina d’Agadir propose environ 300 amarrages, principalement pour des bateaux de moins de 30 mètres, et celle de Saïdia accueille, selon les récents chiffres, près de 339 bateaux visiteurs chaque été, majoritairement européens et nord-américains. Côté croisière, les ports ont enregistré en 2023 un net rebond avec 192 996 croisiéristes (+91,9 % sur un an).

L’ANP prévoit une évaluation approfondie de ces segments, avec pour ambition de structurer leur développement à travers des business-plans, des benchmarks internationaux et une planification stratégique adaptée au potentiel du Royaume.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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