Maroc

Rachid Tahri : “Le secteur du textile et habillement est le plus touché !”

Rachid Tahri
Vice-président de la Fédération du transport et de la logistique de la CGEM


46 jours après le confinement de Shanghai, l’impact sur les chaînes d’approvisionnement mondiales dans les transports aérien, maritime et terrestre commence se faire sentir, à travers notamment un manque de fiabilité des horaires des compagnies maritimes, la modification des escales, des pénuries de certains équipements… Les effets du confinement à Shanghai se font-ils déjà ressentir au Maroc ? Dans quels secteurs en particulier ?

Bien sûr que le confinement à Shanghai a des effets sur certaines activités économiques au Maroc, d’autant plus qu’il s’agit du plus grand complexe portuaire de Chine, donc automatiquement l’un des plus grands au monde. Vu que les marchandises qui arrivent de Shanghai sont plus dans le textile et habillement, je dirais que ce secteur est le plus touché. C’est l’information qui nous est surtout remontée, en discutant avec les importateurs. Automatiquement, il y a une problématique d’approvisionnement pour le Maroc.

Elle n’est pas aussi forte que précédemment, mais il y a des risques de retard, de blocage de marchandises et de manque de conteneurs. Parce que le port est fermé depuis longtemps, les entrepôts fonctionnent à rythme très réduit. Vu qu’en termes de volume, le port de Shanghai est très important, automatiquement, le confinement menace de manière très accrue l’approvisionnement mondial.

Il faudrait souligner que ce blocage exacerbe la pénurie de conteneurs. Parce que la fermeture d’un port entraîne une baisse drastique des chargements et déchargements, qui se répercute aussi bien sur la rotation des navires que des conteneurs à l’échelle mondiale.

Comment expliquer les difficultés qu’ont les autres ports de la zone à assurer le relais de celui de Shanghai ?

Il y a deux autres ports dans la zone, notamment Ningbo à peu près 250, voire 300 Km et Qingdao. Les deux ports, qui ne sont pas très loin de Shanghai, sont perturbés, parce qu’ils ne peuvent pas absorber tout le flux de marchandises censé arrivé sur Shanghai.

Leur rôle consiste à venir en renfort à ce dernier et non à s’y substituer. L’avantage du port de Shanghai est que vous avez tout ce qu’il faut : des quais bien équipés, de la profondeur – un tirant d’eau comme on dit dans le jargon – qui peut accepter de grands navires.

À un moment donné, il était question de 300 navires bloqués dans le port. Tout ceci combiné fait que cette fermeture cause un problème énorme avec des risques considérables, beaucoup plus que ce qu’on a pu voir en 2020.

À la faveur des précédentes perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales depuis la Chine, plusieurs importateurs marocains auraient repensé leur sourcing en Asie du Sud pour le sous-continent indien et l’Europe. Selon vos remontés du terrain, est-ce vrai et quelle a été l’ampleur de ce phénomène ?
Changer de base de sourcing prend beaucoup d’années. Ce n’est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain. Aujourd’hui, je dirais non. La Chine n’a pas perdu sa place de base de sourcing. En fait, ce qui se passe est qu’à la faveur de l’augmentation des salaires et des charges sociales en Chine, le pays sous traite avec d’autres pays comme le Vietnam, le Bangladesh…

Mais les marchandises passent toujours par la Chine. Aujourd’hui, on est toujours dans le schéma où ce dernier demeure une base importante de sourcing, positionnement qu’elle a développé depuis plus d’une trentaine d’années. Les conséquences du Covid ayant amené les États à une prise de conscience de la problématique de leur souveraineté nationale, l’on assiste à la relocalisation de certaines productions à un niveau national ou régional, pour plus de proximité.

Mais pas pour tous les produits. C’est un processus qui va prendre encore quelques années. Les gens commencent à chercher des alternatives et d’autres possibilités pour éviter de dépendre d’une seule source.

Au niveau du Maroc, quelles sont justement les alternatives de sourcing qui sont de plus en plus sollicitées ?
Il y a des composants qui arrivent de Chine, mais l’écrasante majorité vient de l’Europe. Parmi les pays avec lesquels le Maroc à un accord commercial, la Chine n’est pas le premier en termes de volumes d’importation. C’est plutôt l’Espagne, la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Italie…
La Chine arrive après une bonne poignée de pays européens. Ce qui démontre que notre sourcing se fait principalement en Europe. Pour ce qui estde la diversification des bases de sourcing, ce sont les donneurs d’ordres qui vont la dicter.


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