Guerre en Ukraine : tollé international après les massacres de Boutcha
Face aux atrocités découvertes ce week-end dans la banlieue de Kiev après le départ des troupes russes, et dont les preuves rapportées par les journalistes sur place arrivent à flot continu sur les fils des agences de presse, les instances du monde occidental promettent une aggravation des sanctions et réclament qu’une «enquête indépendante» soit menée sur de possibles «crimes de guerre».
Les images de dizaines de cadavres jonchant les rues de Boutcha ou déposés hâtivement dans des fosses communes dans la banlieue immédiate de Kiev ce week-end, prises après le départ des troupes russes, ont révulsé les Occidentaux. Aux États-Unis, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, parle de «coup de poing à l’estomac».
À l’ONU, le secrétaire général, Antonio Guterres, s’est dit dimanche «profondément choqué par les images de civils tués à Boutcha», et le bureau des droits de l’Homme des Nations unies a évoqué de «possibles crimes de guerre». Il a réclamé «une enquête indépendante». Les journalistes de l’agence Reuters sur place ont envoyé jusqu’à dimanche soir des photos des rues de Boutcha ravagées et jonchées de cadavres, dont visiblement beaucoup de civils, dont certains les mains liées dans le dos.
Les reporters de l’Agence France Presse, également présents, ont rapporté avoir vu samedi les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues à Boutcha, tuées d’«une balle dans la nuque», aux dires du maire, Anatoli Fedorouk, à l’AFP.
Dénégations de Moscou qui en appelle à l’ONU
Dimanche, la Russie a confirmé avoir effectué plusieurs frappes aériennes sur des installations militaires et des dépôts de carburant dans les régions ukrainiennes de Kiev et de Mykolaïv. Le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konashenkov, a notamment déclaré qu’un centre de contrôle de la base aérienne avait été détruit à Vasylkiv, près de Kiev. Mais Moscou a démenti toute exaction de son fait.
«Pendant la période au cours de laquelle cette localité était sous le contrôle des forces armées russes, pas un seul résident local n’a souffert d’actions violentes», a déclaré le ministère russe de la Défense, affirmant que les images de cadavres étaient «une nouvelle production du régime de Kiev pour les médias occidentaux».
La Russie a même demandé une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour statuer sur les «provocations haineuses» commises selon elle par «des radicaux ukrainiens» à Boutcha.
Emmanuel Macron évoque des «images insoutenables»
Des dénégations qui n’ont pas convaincu le président français Emmanuel Macron. «Les images qui nous parviennent de Boutcha, ville libérée près de Kiev, sont insoutenables. Dans les rues, des centaines de civils lâchement assassinés», a-t-il déclaré sur Twitter dans la nuit de dimanche à lundi. Et d’ajouter : «Les autorités russes devront répondre de ces crimes».
La guerre pourrait coûter un point et demi de croissance à l’Europe
L’invasion russe de l’Ukraine va coûter cher au Vieux Continent. Celle-ci pourrait amputer «un point à un point et demi» de croissance à l’Europe, en fonction de la durée du conflit, tandis que l’inflation pourrait encore augmenter «de deux points à deux points et demi», a estimé la cheffe économiste de l’OCDE, Laurence Boone.
Elle précise que «le degré d’incertitude est élevé» quant à ces estimations, elle considère qu’il faudra mener «une réflexion en profondeur concernant les sujets fondamentaux, dont la sécurité alimentaire, énergétique et numérique, ainsi que l’organisation des échanges commerciaux».
Interrogée sur la hausse des prix généralisés dans la foulée de la guerre en Ukraine, elle a estimé que le conflit «pousse à la hausse les anticipations de prix des céréales et des engrais dont la Russie et l’Ukraine sont exportatrices», et qu’il «peut affecter non seulement les récoltes de cette année, mais peut-être aussi celles de 2023».
Le choc n’est pour autant «pas comparable à celui subi dans les années soixante-dix, parce que les institutions sont différentes». «L’inflation restera élevée cette année, mais pourrait commencer à ralentir en 2023, en fonction de l’évolution de la guerre», a-t-elle souligné. En réponse, elle préconise d’«élaborer des politiques budgétaires ciblées pour aider les ménages et les entreprises à passer le cap».
Sami Nemli avec Agence / Les Inspirations ÉCO