Compétences en IA : la prime salariale explose

Portée par l’essor fulgurant de l’IA générative, la demande pour les talents spécialisés connaît une envolée sans précédent. En 2025, les professionnels maîtrisant l’IA perçoivent en moyenne un salaire supérieur de 56% à leurs homologues, selon PwC. Loin de détruire des emplois, l’IA reconfigure les profils, les compétences et les hiérarchies de valeur dans l’économie mondiale.
Une prime aux compétences IA
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2025, les collaborateurs disposant de compétences en intelligence artificielle perçoivent un salaire moyen supérieur de 56% par rapport aux autres profils, révèle le cabinet PwC dans un rapport fondé sur l’analyse d’un milliard d’offres d’emploi dans le monde. Cette majoration reflète la forte tension sur les talents, mais aussi la place croissante de l’IA dans la création de valeur au sein des organisations.
La France en tête du peloton européen
Avec plus de 166.000 offres d’emploi liées à l’IA publiées en 2024, la France se hisse en tête des pays européens, devant l’Allemagne (147.000) et le Royaume-Uni (125.000). Une dynamique qui traduit l’intensification des investissements technologiques, notamment dans les secteurs des services financiers et de l’édition de logiciels, où la productivité a presque quadruplé, passant de 7% à 27% entre 2018 et 2024.
IA : transformation, pas substitution
Contrairement à une perception encore répandue, l’IA n’élimine pas massivement l’emploi. Le rapport observe une nette augmentation du nombre de postes, y compris dans les métiers potentiellement automatisables. En France, les métiers «augmentés» ont progressé de 252% entre 2019 et 2024, contre 223% pour ceux classés comme «automatisés». Cette progression dépasse largement celle du Royaume-Uni (respectivement +39% et +32%) ou des États-Unis (+9% et -3%).
Une montée en gamme des qualifications
Fait notable, l’exigence de diplôme dans les offres liées à l’IA progresse en France. Pour les métiers augmentés par l’IA, 62% des offres requièrent un diplôme, contre 58% en 2019. La hausse est plus spectaculaire pour les métiers automatisés : de 4% à 52% en cinq ans. Cette tendance va à rebours de ce qu’on observe en Allemagne, où les exigences reculent, reflet d’une approche plus pragmatique de la transition technologique.
Une recomposition sectorielle
L’impact de l’IA se mesure aussi dans les écarts de performance entre secteurs. Les entreprises les plus exposées à l’IA ont enregistré une croissance du chiffre d’affaires par employé trois fois supérieure à celles qui le sont moins, en 2024. L’écart se creuse donc entre les organisations capables d’absorber la technologie et les autres, amplifiant les inégalités de productivité au sein de l’économie.
Des compétences qui évoluent vite
Les compétences associées aux métiers exposés à l’IA évoluent de 66% plus vite que dans les autres professions. Ce chiffre illustre la nécessité d’un effort massif de formation continue, notamment dans les domaines du machine learning, de la science des données, de l’éthique de l’IA ou encore de la gouvernance algorithmique.
Une transformation systémique
Pour Philippe Trouchaud, Chief Technology & Products Officer de PwC France et Maghreb, l’heure n’est pas au statu quo : «L’IA démocratise l’expertise et permet à chacun d’avoir un impact démultiplié. Aucun secteur ne sera épargné : agir dès maintenant est essentiel».
Dans cette nouvelle donne, l’acquisition et la valorisation des compétences deviennent un enjeu stratégique, autant pour les entreprises que pour les politiques publiques. L’intelligence artificielle ne se contente pas de redistribuer les cartes : elle redéfinit la valeur du travail.
J.G. avec agences / Les Inspirations ÉCO