Maroc

Kit de dépistage en temps réel 100% marocain .. tout ce qu’il faut savoir

Brahim Lakssir.
Directeur du centre Digitalisation & microelectronics smart devices de la Fondation MAScIR.

Le centre «Digitalisation & dispositifs micro-électroniques intelligents» de la Fondation MAScIR, relevant de l’Université Mohammed VI Polytechnique, vient de mettre au point un dispositif pour le dépistage en temps réel et sans réactifs des patients négatifs à la Covid-19. Son directeur présente les détails de cette innovation majeure pour le pays.

Avec la mise au point d’un dispositif pour le dépistage en temps réel et sans réactifs des patients négatifs à la Covid-19, la Fondation MAScIR a réussi une grande première nationale. Qu’est-ce qui a motivé le lancement de ce projet novateur ?
Depuis le début de la pandémie de la Covid-19, la Fondation MAScIR a mobilisé ses ressources et ses compétences pour contribuer au développement de l’arsenal de lutte contre les effets de cette pandémie. Le centre de digitalisation microélectronique, à l’instar des autres centres de MAScIR relevant de l’Université Mohammed VI Polytechnique, s’est lancé dans l’exploration de différentes technologies de rupture pour mettre au point ce dispositif de dépistage «Rapid COVID-19 IR». Il est à préciser que le centre dispose d’ingénieurs et chercheurs marocains qui ont construit cette expertise sur les cinq dernières années.

Comment fonctionne le dispositif ?
C’est un dispositif électronique basé sur la technologie de spectroscopie proche infrarouge couplée à des modèles mathématiques d’intelligence artificielle embarquée. La spectroscopie proche infrarouge est une technique d’analyse qui permet d’identifier, de caractériser une matière et de déterminer avec une grande précision sa structure moléculaire par l’absorption et la réflexion du rayon la traversant.

Quelles ont été les étapes de sa conception?
La conception et le développement de ce dispositif ont été réalisés par les équipes de MAScIR en collaboration avec ses partenaires, en 3 étapes. La première a concerné l’acquisition des données, étape ayant permis la construction d’une base de données d’environ 1.000 échantillons positifs et négatifs de Covid-19 par un prélèvement nasopharyngé. Ces échantillons ont été testés par la méthode de référence PCR et scannés par le dispositif «Rapid COVID-19 IR» avec la contribution de l’Hôpital militaire de Rabat et de l’Institut Pasteur de Casablanca.

La seconde étape traite du développement des modèles mathématiques de prédiction, notamment celui des modèles mathématiques d’intelligence artificielle appliqués sur la base de données pour identifier les signatures spécifiques à l’absence ou la présence de la Covid-19 dans l’échantillon. La troisième et dernière étape a consisté en la validation clinique du dispositif, qui a été réalisée sur 585 échantillons selon la norme NF 15189 au niveau du Laboratoire de recherche et d’analyses médicales de la Gendarmerie royale (LRAM).

En plus du Groupe Azura, qui a utilisé ce dispositif de dépistage, quels sont les autres opérateurs publics ou privés intéressés par le dispositif ?
Le déploiement au niveau du Groupe Azura est une mise en place pilote à grande échelle auprès d’un acteur agricole majeur, qui nous a permis de valider les protocoles et les modes opératoires. En parallèle, nous avons fait des tests pilotes auprès de certaines administrations et services publiques. Nous sommes en phase de livraison des premières commandes reçues depuis l’annonce officielle de la mise au point du dispositif.

Est ce que ce dispositif sera fabriqué à grande échelle ? Quelle stratégie de commercialisation et pour quelle fourchette de prix éventuellement ?
Oui, la fabrication du «Rapid COVID-19 IR» est prévue au niveau des plateformes technologiques de MAScIR avec une cadence de démarrage d’environ 100 dispositifs par mois. Nous disposons actuellement d’un stock d’environ 200 dispositifs pour répondre aux premières sollicitations. Concernant le prix, ce dernier est composé du coût d’acquisition du dispositif et du coût du consommable (kit de prélèvement), totalisant environ 50 DH HT par test, ce qui est en phase avec les recommandations de l’OMS.

Sur quelles autres pistes d’innovation la Fondation travaille-t-elle en ce moment ?
En ce qui concerne la pandémie de la Covid-19, nous travaillons sur des améliorations des kits PCR déjà commercialisés à travers la startup Moldiag et sur d’autres techniques de diagnostic qui peuvent être utilisées pour d’autres maladies. En parallèle, nous avons finalisé le développement de solutions innovantes dans les domaines de l’agriculture, le recyclage, les matériaux et l’efficacité énergétique, qui feront l’objet de communication dans les prochaines semaines.

Rapid COVID-19 IR : le parcours d’une invention

Un brevet pour le «Rapid COVID-19 IR» a été déposé en septembre 2020. Le dispositif a été ensuite soumis pour validation auprès du LRAM, qui en a évalué les performances conformément à la norme NF EN ISO 15189 : 2012. Cette évaluation, qui a concerné 585 échantillons et mis en évidence une sensibilité de 94% ainsi qu’une spécificité à 70%, a fait l’objet d’un rapport de vérification des performances de la méthode «Rapid Covid-19 IR» élaborée par les experts du LRAM. MAScIR indique également que le premier prototype du «Rapid Covid-19 IR» réunit tous les critères de performance nécessaires au dépistage des patients négatifs au SARS-CoV-2 dans les échantillons biologiques nasopharyngés. La Direction du médicament et de la pharmacie (DMP) a affirmé, suite à l’examen du dossier technique et du rapport d’évaluation du LRAM, que ce dispositif présente l’avantage d’être utilisé pour ce type de dépistage.

Sanae Raqui / Les Inspirations Éco



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