Dans l’air du temps
Il est encore loin, le jour où patronat et syndicats tomberont d’accord sur un sujet lié au Code du travail. À présent, les tiraillements s’accentuent sur l’urgence ou non de réformer ce cadre réglementaire. Entre la confédération patronale qui trépigne d’impatience de voir enfin ce chantier enclenché et les syndicats qui souhaitent en repousser l’échéance au maximum, le gouvernement devra trouver un consensus. Il faut dire que dans toute cette histoire, c’est l’Exécutif qui a la posture la plus embarrassante, lui qui s’était engagé au début de son mandat à boucler cette réforme. La réalité de la conjoncture, les rapports de force et les enjeux économiques et sociaux ont finalement eu raison de cet optimisme des 100 premiers jours. C’est la dernière ligne droite pour la mandature et, hormis le fameux accord tripartite scellé en cours de route -dont une partie n’a pas encore été déployée- elles ne sont pas nombreuses, les questions autour desquelles le gouvernement a pu faire converger les positions des deux parties. Aujourd’hui, les partenaires sociaux estiment que le contexte découlant de la crise sanitaire n’est pas propice à un pas en avant dans le dossier de la réforme du Code du travail. Ne serait-ce pas plutôt de contexte politique qu’il s’agirait, serait-on tentés de questionner? Car, justement, le contexte économique et social n’a jamais été aussi paré à la réforme, abstraction faite des priorités sur lesquelles patronat et syndicats insistent. Une remise en question du Code du travail permettrait, au contraire, d’aligner le cadre réglementaire sur les nouveaux paradigmes imposés par la pandémie, la digitalisation, la crise économique et les enjeux de la relance, la RSE… Cela, dans le cadre d’une approche globale prenant en compte les droits et obligations des uns et des autres, détachée d’un quelconque enjeu politique et, surtout, suivant une philosophie «dans l’air du temps».
Meriem Allam / Les Inspirations Éco