Infrastructures routières : pourquoi certains projets trainent
Activée depuis plus de trois années, la loi sur le Partenariat public-privé nécessite encore une série d’amendements en vue de garantir son efficacité. Le cadre contractuel sera dominé par une nouvelle génération de conventions.
L’accélération de la cadence en matière de réalisation des projets d’infrastructures routières reste parmi les principaux enjeux de l’Exécutif de cette année 2021. L’État est, en effet, conscient que l’aboutissement des projets routiers conditionne l’ensemble des infrastructures de base pour le monde rural, ainsi que pour certaines zones urbaines. Durant l’année écoulée, le principal constat, qui s’est dégagé, concerne le faible impact de la loi sur le Partenariat public-privé (PPP), aggravé par l’arrêt de plusieurs chantiers pendant le 2e trimestre de l’année 2020. C’est dire que le modèle de partenariat devrait être révisé pour s’adapter au contexte de la crise sanitaire, et surtout permettre à une série de projets d’être achevés avant la fin du mandat actuel du gouvernement. À noter que plusieurs études ont été réalisées en vue d’amplifier le recours au PPP en tant qu’atout pour la commande publique, de même que la révision projetée portera aussi sur l’évaluation préalable des besoins, l’analyse des performances, la maîtrise des coûts et le partage optimisé des risques, selon les priorités tracées. Ce sont les disparités régionales persistantes qui sont en ligne de mire du plan d’action de cette année 2021, de même que la carte des travaux routiers doit aussi évoluer en fonction des sources de financement disponibles. La feuille de route du gouvernement consiste donc en la sauvegarde des infrastructures existantes avec le maintien du niveau de service actuel du réseau tout en insistant sur l’adaptation du réseau à l’évolution du trafic dans l’objectif de réduire les coûts de circulation des véhicules. Au programme, également, l’élargissement des routes étroites, l’amélioration d’itinéraire et le volet crucial de la sécurité.
Le schéma des infrastructures routières prorogé
L’État cherche a asseoir une vision à long terme pour la carte routière, avec une recommandation, qui est actuellement en examen, de proroger la durée du schéma des infrastructures routières jusqu’à 2040. La prorogation du délai du schéma a surtout pour objectif «d’établir un cadre anticipatif et prend en considération l’état du réseau routier, l’évolution des besoins, en plus des contraintes relatives au financement ainsi que la complémentarité avec les autres moyens de transport ferroviaire, maritime et aérien», comme l’indique la feuille de route du comité de pilotage du schéma national. La carte des travaux routiers montre que l’achèvement du programme des routes rurales devra atteindre 90% en 2021. Les projets portant sur les routes provinciales et régionales devront quant à eux s’accélérer au sein de plusieurs communes prioritaires au sein des plans d’action. Les données, nouvellement fournies, aux deux Chambres du Parlement, pour ce segment important des investissements publics, montrent que l’État attend que les parts, allouées aux collectivités territoriales dans les projets non encore achevés, soient injectées dans les meilleurs délais. Il s’agit en fait de plusieurs conventions de partenariat qui n’arrivent pas encore à se concrétiser et qui concernent le financement conjoint de l’État, d’une part, et des régions, des provinces, des préfectures et des communes, de l’autre. Il faut dire que plus de 750 MDH d’arriérés, relatifs aux parts des collectivités territoriales, bloquent plusieurs projets. Plusieurs appels d’offres sont en cours de lancement. Le taux d’accès actuel se situe à 79,3% et devra être amélioré à 80% à la fin des travaux.
L’État cherche une nouvelle dimension pour les projets
«Un plan d’action au niveau régional sera préparé en vue de déterminer les opérations qui seront lancées dans le cadre de partenariats, en tenant compte des attentes des populations rurales», souligne le rapport parlementaire portant sur les infrastructures routières. L’effort budgétaire qui sera alloué dépasse 659 MDH pour la mise en œuvre de 20 conventions. Concernant la voie express, reliant Tiznit à Laâyoune, ce sont 6,2 MMDH qui ont été mobilisés, selon les données communiquées aux députés, avec une dotation de 400 MDH qui sera débloquée dans le cadre de ce projet au cours de l’année 2021. «Il est attendu que les contributions d’autres partenaires atteignent 1,5 MMDH», souligne le rapport parlementaire de la commission des infrastructures au sein de la Chambre des représentants. Pour ce segment crucial du plan d’action du département de l’Équipement durant la prochaine année, le gouvernement s’est engagé à la poursuite des travaux dans tous les tronçons. Le 2e pilier de la stratégie de l’Exécutif est à chercher dans la liste des projets qui seront lancés dans le cadre du programme de réduction des inégalités spatiales au sein du milieu rural. L’État devra consacrer plus de 1,2 MMDH, qui sera transféré du Fonds spécial des routes au profit du Fonds de développement rural. «Un plan d’action au niveau régional sera préparé en vue de déterminer les opérations qui seront lancées dans le cadre de partenariats, en tenant compte des attentes des populations rurales», souligne le rapport parlementaire.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco