PLF 2021: des points de vue divergents
Les groupes parlementaires à la Chambre des conseillers ont exprimé, vendredi, des points de vue divergents concernant le projet de loi de finances (PLF) 2021. La majorité le qualifie de projet « réaliste », tenant compte de la conjoncture actuelle et des ressources disponibles, tandis que l’opposition estime qu’il ne s’agit que d’un « simple document comptable ».
Ainsi, le groupe Justice et développement a indiqué que ce projet de loi propose de nouvelles mesures pour relancer l’économie nationale notamment le chantier stratégique de relance post-crise reposant essentiellement sur la création du Fonds Mohammed VI pour l’investissement et le renforcement du programme intégré d’appui et de financement des entreprises « Intelaka ». Il s’agit aussi de l’opérationnalisation de la préférence nationale en matière des marchés publics et l’application de la contribution de solidarité, a ajouté le groupe.
Il a en outre mis en avant l’importance d’adopter une politique monétaire qui permettrait d’injecter la liquidité nécessaire aux banques afin de financer les investissements et relancer l’économie, soulignant la nécessité de réviser les conditions du financement bancaire des investissements pour y faciliter l’accès, contribuer à l’intégration locale du secteur industriel et de revoir le taux d’inflation en vue d’accroître l’attractivité de l’économie nationale et de réduire le taux de chômage.
Tenant compte de l’importance de l’aspect social, le groupe a appelé à l’accélération de la mise en oeuvre du Registre social unifié et de la réforme du système de santé à travers des structures habilitées à gérer les crises sans pour autant épuiser les capacités des ressources humaines, outre la réforme du système de retraite et l’élargissement de la couverture sociale.
De son côté, le groupe Haraki a affirmé son adhésion aux objectifs fixés dans ce PLF visant à mettre en place une nouvelle dynamique, aspirant à la concrétisation de la philosophie de la loi organique relative à la loi de finances reposant sur un budget réparti équitablement, ce qui facilitera la fonction de contrôle du Parlement.
Et de poursuivre que les attentes par rapport à ce projet nécessitent la mise en place d’une politique nationale intégrée, tenant compte de la vulnérabilité de certains secteurs, du taux de chômage, de la perte d’emplois due à la pandémie et l’incapacité de satisfaire la demande nationale, mis à part les disparités spatiales et sociales.
« Nous espérons que les hypothèses et indicateurs sur lesquelles ce PLF est basé, puissent résister à cette crise sanitaire sans avoir recours à une loi de finances rectificative qui pourrait éventuellement s’imposer au regard de l’ambiguïté quant à l’avenir des économies du monde entier, a pour sa part indiqué le groupe du Rassemblement national des indépendants.
Le groupe a, à cet égard, estimé que la réalisation d’un taux de croissance de 4,8% est tributaire de l’évolution de la pandémie et de la performance des secteurs productifs, notamment l’agriculture, faisant observer que les chiffres relatives au Plan Maroc Vert et à l’accélération industrielle reflètent les efforts déployés par le gouvernement dans ce sens.
En outre, le groupe a salué les mesures douanières et fiscales contenues dans ce projet et qui visent la protection de la production nationale, estimant que c’est un projet réaliste qui œuvre à renforcer le principe de solidarité.
Après avoir souligné que le projet de loi intervient dans un contexte exceptionnel lié à la crise sanitaire, le groupe Authenticité et Modernité a, à l’opposé, pointé du doigt le niveau « record » de la dette publique actuelle, parallèlement à un faible taux de croissance.
Pour sa part, le groupe istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme a estimé que les mesures du PLF restent « timides » pour faire face aux effets de la crise notamment en ce qui concerne les secteurs sociaux et la poursuite de la mise en œuvre des chantiers les plus importants des secteurs de la santé, de l’éducation et de l’emploi en ces temps de pandémie, relevant que ce projet n’est pas à même de corriger les déséquilibres structurels de l’économie nationale.
A travers ce projet, « on s’attendait à une redistribution des ressources disponibles d’une manière radicale et un renforcement des dépenses de la santé », a déploré le représentant du groupe, soulignant que la part du budget de ce secteur ne dépasse toujours pas les 6%, soit quatre points de moins que la norme minimale mondiale, qui dépasse 10% du budget général.
De même, le responsable s’est félicité de l’approbation par le gouvernement de certains amendements proposés par son groupe, concernant principalement l’adoption de mesures d’incitation au retour au travail des personnes ayant involontairement perdu leurs emplois pendant la période de la pandémie, l’élargissement de la couverture médicale pour quelques 270.000 auto-entrepreneurs ou encore l’encouragement du secteur audiovisuel et la protection de l’industrie nationale.
En revanche, le groupe a exprimé son regret suite au refus des amendements relatifs notamment au soutien des entreprises et l’appui de la recherche scientifique, de la scolarité et de l’emploi, outre l’amélioration du nombre de postes budgétaires du secteur de la santé à 8.000, la protection du pouvoir d’achat des citoyens et le soutien de la population la plus démunie.