Maroc

Lutte contre la Covid-19 : un pas en avant, trois en arrière !

Retour à la case départ ou presque. Alors qu’on commençait à rependre goût à la vie, le gouvernement a annoncé lundi une nouvelle série de mesures suite à la résurgence des cas de Covid-19. Une démarche qui ne fait pas l’unanimité auprès des acteurs économiques, directement impactés par ces restrictions.

La nouvelle n’a surpris personne, ou presque. L’épidémie flambe au Maroc et il fallait prendre des mesures d’urgence avant de limiter au moins la propagation de la pandémie de Covid-19 et préserver la santé des citoyens. L’annonce du gouvernement, lundi 2 août, concernant une nouvelle série de mesures, est venue donc confirmer les doutes de nombreux Marocains. Prises sur la base des recommandations de la Commission scientifique et technique concernant la nécessité de renforcer les mesures préventives pour limiter la casse épidémiologique, ces nouvelles restrictions portent sur l’interdiction des déplacements nocturnes à l’échelle nationale de 21h à 5h. Mais pas seulement. Pour les déplacements de et vers les villes de Casablanca, Marrakech et Agadir il faut montrer patte blanche sauf pour les personnes vaccinées disposant du passeport vaccinal, les cas médicaux urgents, les personnes chargées du transport des biens et marchandises, celles exerçant dans les secteurs publics et privés disposant d’ordres de mission dument signés par leurs responsables hiérarchiques. À cela s’ajoutent d’autres restrictions relatives à la fermeture des restaurants, des salles de cinéma et des cafés à 21h ainsi que des hammams, salles de sport et piscines.

De même, les rassemblements dans les lieux publics et privés sont limités à 25 individus. Quant aux hôtels, ils ont droit à une capacité d’accueil de 75%. Des mesures nécessaires mais qui agacent certains professionnels. C’est le cas de Mohamed Elfane, président de la Fédération marocaine de la franchise. «Nous sommes conscients de l’importance de ces mesures et de la nécessité d’agir afin de limiter la propagation du virus mais ces restrictions vont nous causer beaucoup de pertes», explique-t-il. Ce que dénonce Elfane en réalité c’est «l’absence totale» d’accompagnement de l’État aux professionnels des métiers de bouche, «lesquels broient du noir dans ce manque d’incertitude et de visibilité». Depuis mars 2020, les fermetures d’enseignes et la suspension des plans d’ouvertures suspendus se multiplient.

Pendant ce temps, le gouvernement ne fait rien pour soutenir les chefs d’entreprise, livrés à eux-mêmes, s’indigne notre interlocuteur qui reconnaît néanmoins qu’il y a eu un soutien étatique à l’endroit des employés. Toutefois, il voit dans ces indemnités pour perte d’emplois une sorte de discrimination qui ne dit pas son nom. «Les managers n’ont reçu aucun sou, alors qu’ils ont énormément de charges à payer», dit-il. En réalité, les professionnels des métiers de bouche ne demandent pas de l’argent. «Nous savons que l’État n’a pas les moyens de prendre en charge financièrement tout le monde, mais il peut nous aider indirectement à travers des mesures concrètes», soutient ce dernier. Par mesures concrètes, Elfane entend un abattement fiscal sur la taxe professionnelle et un stand-by sur les procédures d’éviction jusqu’à au moins 2023. «Tout le monde ne travaille pas et tout le monde ne peut pas payer son loyer», supplie-t-il. Un point de vue largement partagé par Pierre-François Bernet, pris au piège lui aussi dans la même galère.

En effet le directeur de Ciné Atlas est directement impacté par les anciennes et nouvelles mesures de restriction. Donc forcément, il en a un peu marre de tout ça. «C’est la honte», soutient-il, amer, regrettant en substance qu’à chaque fois que le secteur commence à renaître de ses cendres, le gouvernement l’enfonce à nouveau dans la tourmente. Le gérant se demande même si tous les efforts fournis par les Marocains jusqu’ici n’auraient pas été vains. «On pouvait capitaliser sur les acquis de la vaccination pour laisser les cinémas ouverts en exigeant un passe sanitaire», explique Bernet pour qui, au vu des énormes réalisations en matière de vaccination on pouvait se passer de certaines mesures qu’il trouve injustes. Et le pire, poursuit-il, pendant qu’on ferme les salles de cinéma marocaines, lesquelles créent des emplois et paient des taxes au Maroc, leurs principaux concurrents à savoir Netflix et Amazone Prime ne sont pas inquiétés.

Toujours selon Pierre-François Bernet, «ce qui est marrant dans tout ça c’est que ces plateformes de vidéos à la demande ne paient aucun impôt au Maroc et on les laisse piller les salles de cinéma marocain». Pour rappel, le gouvernement a appelé lundi les citoyens à se conformer à toutes mesures de précaution en vigueur dans le cadre de «l’état d’urgence», à savoir la distanciation physique, le respect des règles d’hygiène et le port de masques, et réaffirme que les services administratifs et sécuritaires concernés continueront à mettre en œuvre les mesures fermes de contrôle et à appliquer les sanctions à l’égard de tout établissement ou personne ayant enfreint les règles juridiques en vigueur. Tout semble indiquer qu’on est encore très loin du bout du tunnel qu’on croyait pourtant à portée de main.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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