L’heure de la reddition des comptes a sonné
Le ministre de la Jeunesse et des sports entend instaurer un nouveau mode de gestion basé sur les résultats et la reddition des comptes. Va-t-il pouvoir mettre fin aux déclarations d’intention sans impact concret sur les secteurs qu’il gère ? Dans un point de presse tenu hier au siège de son ministère, Rachid Talbi Alami a mis le doigt sur de nombreux dysfonctionnements.
Àl’entendre, le ministre de la Jeunesse et des sports semble déterminé à instaurer la reddition des comptes au sein de son département. Des audits et inspections sont en cours. Finie la cacophonie dans la gestion et l’absence de référentiels unifiés tant dans le secteur du sport que celui de la jeunesse. C’est en tout cas ce que laissent entendre les propos de Rachid Talbi Alami qui a multiplié les appels du pied. Ses allusions aux agissements de certains fonctionnaires étaient à peine voilées. Les défis sont de taille et nécessite des investissements conséquents. À ce titre, le responsable gouvernemental est visiblement satisfait du budget alloué à son ministère qui est de 4,8 MMDH. «J’étais même surpris par ce montant», a-t-il indiqué. Pour atteindre les résultats escomptés, il faut agir sur le terrain. Talbi Alami a insisté sur l’importance de la mise en place de stratégies efficaces visant la réalisation de résultats tangibles ; mettant, ainsi, fin aux déclarations d’intention sans impact concret sur les citoyens. Les différents plans conçus doivent répondre aux évolutions que connait le Maroc. Le modèle de gestion de différentes institutions est à repenser à commencer par les maisons de jeunes qui n’arrivent pas à attirer la jeunesse marocaine alors qu’elles peuvent jouer un rôle primordial dans la société. Le ministère s’attèle actuellement sur ce dossier. L’objectif est de mettre en place une vision unifiée de gestion de ces structures qui était très appréciée par le passé. Le ministre de la Jeunesse a pointé du doigt de nombreux dysfonctionnements dont une gestion archaïque, l’absence d’équipements répondant à l’ère du temps comme la connexion wifi, des infrastructures désuètes… «Il faut absolument que les maisons de jeunes s’adaptent aux nouveaux besoins des jeunes», a-t-il précisé. Mais Talbi Alami a-t-il les moyens de ses ambitions ? Si le volet du financement est gérable, celui des ressources humaines risque de poser une sérieuse problématique. En effet, le département de la Jeunesse et des sports ne compte que quelque 3.500 cadres contre 12.000 auparavant en raison des départs à la retraite et des départs volontaires. Ce chiffre est jugé très limité par rapport aux besoins, comme l’a souligné le responsable gouvernemental. «Il s’agit d’un grand dysfonctionnement», note-t-il avec regret. L’arbitrage annuel ayant trait à la répartition des postes d’emploi sur les départements ministériels qui se fait à l’occasion de la préparation de la loi des finances est très serré. La priorité actuelle du gouvernement est accordée à l’enseignement et à la santé. Un choix auquel adhère Talbi Alami qui est appelé à trouver des solutions immédiates et tangibles au manque criant des ressources humaines.
Dans ce cadre, une grande responsabilité incombe aux associations pour redynamiser les maisons de jeunes dans les quatre coins du Maroc en se basant sur un cahier des charges précis. La société civile devra bientôt se conformer aux orientations stratégiques du ministère tout en les adaptant aux spécificités de chaque localité. Finie, le choix arbitraire des associations pour gérer les maisons de jeunes. En tout cas, c’est ce que laissent entendre les déclarations du responsable gouvernemental. Bientôt, les associations doivent se conformer à des règles minutieuses de gestion. Il ne s’agit pas uniquement des maisons de jeunes mais aussi des colonies de vacances ; un dossier dont la gestion a été, pendant des années, entachée de nombreux dysfonctionnements. En partenariat avec la fédération nationale des colonies de vacances, un programme d’encadrement sera imposé aux associations pour mettre fin à l’improvisation. À partir de cet été, la gestion des colonies de vacances devra connaître un changement palpable pour améliorer les conditions d’accueil des enfants (200.000 en 2018 et 250.000 en 2019). La restauration sera confiée pour la première fois à un opérateur privé. Le changement des conditions d’hébergement des enfants s’impose. Plusieurs appels d’offres ont été lancées en 2018 pour la construction de chalets intégrés dans la nature (Harhoura, Bouznika, Sidi Rahal, Ouarzazate,..) et d’autres suivront en 2019. Un montant de 1 milliard de dirhams est alloué à cette opération.
Candidature au Mondial : un budget de 8 à 12 MMDH
C’est avec une grande confiance que le ministre de la Jeunesse et des sports s’est exprimé sur le dossier de candidature du Maroc pour la Coupe du monde 2026 de football. «Bien que les critères soient corsés, le Maroc est capable de relever le défi», a-t-il déclaré. Les stades actuels devront être mis à niveau pour répondre aux nouveaux critères. Par ailleurs, des villes ont été sélectionnées par la construction de nouveaux stades : Tanger, Tétouan, Nador, Oujda, Fès, Meknès, Rabat, El Jadida, Agadir et Ouarzazate et Casablanca. Seule la région de Beni-Mellal Kénifra ne bénéficiera pas de cette dynamique en raison du manque criant en infrastructures hôtelières. Rappelons à cet égard que les villes doivent être dotées d’un minimum de 3.000 lits. Pour le responsable gouvernemental, le dossier ne devra pas être appréhendé uniquement du point de vue sportif. «L’étude que nous sommes en train de mener pour préparer le dossier nous permet d’avoir une vision globale sur la répartition du développement et les besoins», relève-t-il. Sur le plan financier, le pari est facilement accessible. On table sur un budget entre 8 MMDH et 12 MMDH pour la réalisation des infrastructures sur 8 ans, soit «1,3 MMDH par an sur un budget total d’investissement de 63 MMDH». À cela s’ajoute d’autres modes de financement dont l’appui financier d’autres États qui seraient d’ores et déjà prêt à soutenir le Maroc dans son ambitieux projet. Le Maroc entend éviter les erreurs déjà commises par d’autres pays. C’est pour cette raison que la réflexion est engagée pour optimiser les investissements et les coûts en construisant notamment des infrastructures modulables.