Le citoyen en otage
Nous avons le chic d’honorer l’exception marocaine même dans les sujets épineux… L’objectif initial, visant à moderniser la profession des adouls et à la sortir de son carcan traditionnel, tout en désengorgeant la machine des formalités juridiques, semble avoir abouti à une nouvelle impasse.
Entre la colère des adouls concernant les dernières décisions du ministère de la Justice et la levée de boucliers des notaires, et alors que la colère dans les collectivités locales ne s’est pas encore apaisée, un nouveau risque de blocage se profile à l’horizon pour les citoyens ayant des formalités à remplir, liées à leurs transactions immobilières.
Les adouls menacent en effet de passer au mode «grève nationale». Et voilà ! Une fois de plus, le citoyen est brandi comme arme et, une fois de plus aussi, c’est lui qui paiera la facture de ce qui est considéré comme injustice. Or, la plus grande injustice est justement de ne pas désamorcer les désaccords, avant que le citoyen n’en fasse les frais. Ce n’est pas de la pertinence du droit revendiqué dont il s’agit ici, mais, plutôt et surtout, de la récurrence du recours à la grève, comme ultime solution pour sortir des impasses. Un débat constructif et une harmonisation intelligente, avec tous les acteurs concernés, n’auraient-il pas été salutaires pour éviter d’en arriver là ?
Meryem Allam / Les Inspirations ÉCO