La voix des sages
Hier à Rabat, le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a organisé un sit-in en protestation contre les poursuites judiciaires visant quatre journalistes. Là n’est pas le problème, puisque ce genre de poursuites sont légion et que les journalistes ne sont pas au-dessus de la loi. Chaque citoyen marocain a le droit de faire valoir ses droits à défendre son image s’il se sent diffamé. Or, dans le cas à l’origine du sit-in du SNPM, il s’agit de poursuites à l’égard de quatre journalistes de quatre supports médiatiques dont le seul tort est d’avoir publié des informations vraies!
Au centre de cette polémique se trouve le président de la Chambre des conseillers qui décide de poursuivre ces journalistes pour avoir publié des informations contenues dans le rapport de la commission sur la réforme de la retraite au sein de la deuxième chambre.
En principe, le président de la Chambre des conseillers devait rendre public ce rapport dont le contenu concerne tous les Marocains puis organiser une conférence de presse afin d’expliquer à ceux-là mêmes qui l’ont élu les tenants et les aboutissants de cette affaire. Je crois que les présidents de la deuxième chambre et de la commission, tous deux issus du PAM, gagneraient à revoir leur copie constitutionnelle en matière de droit à l’accès à l’information.
Le comble dans cette affaire, qui relève exclusivement du droit d’expression, c’est le parquet qui ne réclame ni plus ni moins que l’emprisonnement des quatre journalistes. Cela arrive au moment où Amnesty International dénonce ce qu’elle qualifie de «répression de la liberté de la presse». Le Maroc a d’autres chats à fouetter et se passerait de ces faux problèmes qui font la joie de «Reporters sans frontières», qui place le royaume -à tort- en queue de peloton au niveau mondial, en termes de la liberté de la presse. Espérons que des voix sages rappelleront à la Chambre des conseillers que les médias sont des partenaires et non des adversaires, et que les deux doivent œuvrer de concert pour que l’image du l’image ne soit pas écornée.
