Biodiversité : le Maroc veut transformer ses engagements en actions

Alors que la biodiversité mondiale recule à un rythme alarmant, le Maroc entend donner un nouveau souffle à sa politique de préservation du vivant. À travers un projet soutenu par le PNUD, le Royaume engage une mission stratégique pour structurer une gouvernance nationale de la biodiversité, alignée sur les engagements internationaux et ancrée dans les réalités locales.
Le Maroc passe à l’action pour protéger son patrimoine naturel. Le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lance une mission technique majeure dans le cadre du projet «Solutions pour la préservation de la biodiversité au Maroc» (SPANB). Ce projet ne tombe pas du ciel. Il s’inscrit dans la dynamique du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, adopté en 2022, et reflète les engagements du Royaume, en tant que pays partie à la Convention sur la diversité biologique (CDB).
Le Maroc doit non seulement actualiser son plan d’action national pour la biodiversité, mais aussi rendre compte régulièrement de l’état de sa biodiversité, des efforts déployés pour la préserver et des avancées vers les objectifs mondiaux. Concrètement, la mission confiée au cabinet qui sera sélectionné repose sur un chantier de six mois : diagnostiquer les politiques publiques existantes, évaluer les cadres juridiques, identifier les initiatives en cours, repérer les failles… puis proposer des solutions concrètes et transversales pour inscrire la biodiversité au cœur des décisions publiques.
L’objectif final : un cadre d’action national articulant gouvernance, financement, coordination intersectorielle et suivi-évaluation. Le projet SPANB repose sur trois piliers. Le premier : améliorer les politiques publiques et garantir leur cohérence avec les engagements internationaux. Le second : tester des solutions fondées sur la nature, à travers des projets pilotes dans différents territoires. Le troisième : renforcer les capacités humaines et institutionnelles pour assurer la durabilité des actions entreprises. Mais le cœur de cette démarche, c’est aussi l’innovation en matière de financement.
Il ne s’agit pas simplement de revendiquer plus de ressources publiques, mais de mobiliser des mécanismes nouveaux et diversifiés : fiscalité verte, partenariats public-privé, obligations vertes, paiements pour services écosystémiques… Autant de leviers qui ont déjà fait leurs preuves dans le domaine climatique, et qui peuvent être adaptés à la protection du vivant. Ce n’est pas un luxe écologique, mais un impératif économique.
En effet, la disparition des pollinisateurs menace directement la production agricole et l’érosion forestière aggrave les pénuries d’eau, sans oublier la dégradation des zones humides qui affaiblit la résilience des territoires face aux inondations. Notons que l’un des défis majeurs du projet réside dans la coordination institutionnelle.
Aujourd’hui, les politiques liées à la biodiversité se dispersent entre plusieurs ministères : agriculture, eau, tourisme, environnement… SPANB propose donc de sortir de ces silos, en mettant en place une plateforme nationale de gouvernance appuyée sur des indicateurs communs et un système de suivi-évaluation robuste. Le projet prévoit également une vaste mobilisation des acteurs locaux, à travers une série d’ateliers participatifs dans plusieurs régions du Royaume.
L’enjeu : faire émerger des solutions adaptées aux contextes territoriaux, mais aussi garantir l’adhésion des collectivités, de la société civile, des chercheurs, et des citoyens eux-mêmes. Car au fond, le projet SPANB ne se contente pas de livrer une boîte à outils technique. Il porte une vision : faire de la biodiversité un moteur de développement, une source de bien-être et un élément structurant de la planification territoriale.
M.O. / Les Inspirations ÉCO