La vérité qui fait mal
Le sommet arabo-européen tenu en Égypte était une nouvelle occasion d’affermir la position de la diplomatie marocaine. Le message royal était on ne peut plus clair. Ce genre de coopération doit respecter un certain nombre de préalables, notamment la consolidation de la souveraineté des nations et le respect mutuel. Or, le souverain rappelle sans détour la nécessité de respecter quatre piliers sans lesquels il ne saurait y avoir de synergie intra-arabe, avant de penser à une quelconque action commune avec l’Europe. Un, le principe de bon voisinage. Deux, la souveraineté nationale. Trois, l’intégrité territoriale. Quatre, l’interdiction d’ingérence dans les affaires internes des pays. Bien entendu, cette vérité si amère n’a pas plu à tout le monde, et on a versé dans la médiocrité, allant jusqu’à exercer une rétention débile de la vidéo où le chef de gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, lisait le message royal en audience inaugurale du sommet. Soit. Le Maroc reste droit dans ses bottes. Un pays libre de ses décisions, souverain dans ses positions, mais jamais suiveur.
Ce message rappelle le discours royal de Ryad, en avril 2016, où le roi tirait déjà la sonnette d’alarme et mettait en garde les pays du Golfe – du monde arabe plus généralement – quant à une déferlante internationale en quête d’étroits intérêts, faisant montre d’un appétit démesuré pour les richesses de la région.
D’ailleurs, ces mêmes pays européens venus à la rencontre des pays arabes n’ont fait cette démarche que pour engranger des gains substantiels, économiquement parlant. L’actualité a clairement dévoilé leurs contradictions internes quand il s’agit de faire du business avec certains pays arabes. La réaction de Londres et de Paris vis-à-vis de l’interdiction de Berlin de vendre des armes à l’Arabie saoudite nous renvoie à des positions pour le moins schizophréniques. C’est pourquoi le Maroc a prôné un discours de vérité et de fermeté tout en observant les règles de bienséance afin d’imposer le respect aux autres avant de penser business. Car, in fine, toute cette kermesse n’a pour finalité que l’engrangement de gains.
