Edito. Au-delà de l’ambition
Au-delà de l’enthousiasme pouvant être suscité par les évaluations du rapport conjoint du Foreign Office britannique et du Department for Business & Trade — estimant entre 35 et 55 milliards de livres sterling le potentiel d’opportunités d’investissement dans le secteur marocain des minerais critiques, il est clair que l’investissement seul ne suffira pas à faire émerger une chaîne industrielle viable.
Le Maroc dispose certes d’avantages stratégiques, mais ces fondations, aussi solides soient-elles, ne peuvent à elles seules garantir l’édification d’un hub industriel intégré.
Comme l’avait souligné le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son avis consacré aux minerais stratégiques et critiques, «le secteur minier national demeure confronté à un ensemble de contraintes», dont une dépendance à l’importation pour 17 des 24 minerais critiques identifiés, une carence en données fiables, des capacités technologiques limitées et l’absence de véritables incitations fiscales. C’est dire que l’enjeu dépasse de loin la simple attraction d’investissements. Il s’agit de bâtir une véritable souveraineté industrielle, qui insère durablement le Maroc dans les chaînes de valeur mondiales des technologies vertes.
Le CESE insiste d’ailleurs : «disposer d’une matrice nationale des minerais stratégiques est indispensable pour permettre au Royaume de réussir sa transition vers une économie à faible émission carbone».
Les auteurs du rapport britannique, eux, déroulent une liste de pistes concrètes à mobiliser, permettant au Maroc de capter davantage de valeur ajoutée, à condition d’investir dans les bons leviers. Trois trajectoires se dessinent.
Le Maroc peut devenir un hub régional intégré, moteur de l’économie verte en Afrique et en Méditerranée. Il peut aussi se cantonner à un rôle d’interface intermédiaire dans une chaîne pilotée depuis l’extérieur. Ou alors, faute de mesures concrètes, rester freiné par les blocages internes. Les choix ne manquent pas, il suffit de placer la barre des ambitions et passer à l’acte.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO
