Edito. À bout de souffle
C’est un fait. La classe moyenne, qui a longtemps porté la demande intérieure, est au bord de l’asphyxie. Dans leur grande majorité, les ménages vivent à crédit. Ils empruntent pour payer l’école, couvrir les factures et boucler les fins de mois.
Le budget familial ne tient qu’à un fil. Le moindre imprévu, et tout bascule ! Aujourd’hui, plus de 35% des nouveaux emprunteurs dépassent les 40% de taux d’endettement. Ce seuil représente la limite au-delà de laquelle le quotidien devient instable.
Et pourtant, ils sont des centaines de milliers à la franchir. Pas par imprudence mais surtout par nécessité. Le crédit est présent désormais partout et sous toutes les formes. Il se substitue au revenu et absorbe l’essentiel des dépenses au lieu de permettre de progresser et de se développer.
Le problème, c’est que ce modèle est en train de devenir systémique. Et pourtant, les banques prêtent et les filiales spécialisées prennent le risque. En parallèle, les taux de défaut ne cessent de monter. L’encours des créances en souffrance dépasse les 41 milliards de DH mais tout le monde s’adapte. On rallonge les durées… On ajuste les seuils… On banalise le surendettement.
Pendant ce temps, la classe moyenne s’épuise. Elle ne crée plus de richesse, ne tire plus la consommation. Elle tente juste de se maintenir à flot. Sauf que les politiques publiques ne suivent pas, les autorités monétaires observent, et les ménages encaissent.
On parle de régulation, de responsabilité, mais sur le terrain, ça change peu ou pas grand-chose. Il ne s’agit pas d’un sujet technique mais d’une véritable problématique. Notre modèle économique ne doit en aucun cas miser sur l’endettement des familles pour faire tourner la machine. À bon entendeur !
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO
